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Au G7, l’Egypte fait entendre la voix de l’Afrique

May Al-Maghrabi, Mardi, 27 août 2019

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a pris part au 45e sommet du G7 à Biarritz en France, en sa qualité de président de l’Union africaine. L’occasion d’évoquer avec les responsables de ce groupe le partenariat avec l’Afrique.

Au G7, l’Egypte fait entendre la voix de l’Afrique
(Photo : Reuters)

La participation du président Abdel-Fattah Al-Sissi au 45e sommet du G7, à Biarritz en France les 25 et 26 août, est une première pour un président égyptien. Il a représenté l’Egypte, le Moyen-Orient et l’Afrique à cette plateforme regroupant les pays les plus industrialisés et qui représentent 40 % de l’économie mondiale. Elle regroupe les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni ainsi que les présidents de la Commission et du Conseil européens. L’occasion pour le président de faire entendre la voix de l’Afrique (voir entretien). Par ailleurs, l’Egypte a adhéré à la charte de Metz sur la lutte contre l’érosion de la biodiversité (voir encadré). Ce rassemblement a été aussi l’occasion pour l’Egypte de discuter des dossiers bilatéraux, régionaux et internationaux d’intérêt commun avec les leaders des pays participants (voir page 3).

Incendie en Amazonie, guerre commerciale entre Pékin et Washington, programme nucléaire iranien ... les questions d’actualité ont dominé le sommet du G7. Le sommet était pourtant consacré à la lutte contre les inégalités. La présidence française du G7 s’est fixé 5 priorités pour éliminer les inégalités, en favorisant l’égalité entre les femmes et les hommes, l’accès à l’éducation et aux services de santé de qualité, la réduction des inégalités environnementales, l’action pour la paix et la lutte contre les menaces sécuritaires et le terrorisme.

Une tribune pour l’Afrique

Rassemblés autour de la même table, les dirigeants du G7 et les chefs d’Etat des 5 pays africains (l'Egypte, le Burkina Faso, le Sénégal, le Rwanda et l'Afrique du Sud), ainsi que le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, et le président de la BAD, Akinwumi Adesina, ont participé, dimanche, à la session du « partenariat avec l’Afrique », dans le but de nouer un partenariat d’égal à égal avec l’Afrique, « ce continent d’avenir », selon l’Elysée. Partageant le même souci, le président Sissi s’est réuni dimanche, en marge du sommet, avec les présidents du Rwanda, du Sénégal, de l’Afrique du Sud et du Burkina Faso et le chef de la Commission africaine, pour formuler une vision africaine unifiée sur cette nouvelle formule de partenariat. Les leaders africains ont convenu de mettre en relief devant le sommet du G7 les priorités de développement de l’Afrique dont l’élimination de la pauvreté, la lutte contre les changements climatiques et les maladies endémiques. Et ceci, en favorisant notamment la création d’emplois pour les jeunes et l’entreprenariat féminin, l’accès à l’éducation et à la santé, condition sine qua non pour lutter contre les inégalités.

Dans son discours, dimanche soir, le président Sissi a jugé nécessaire de conjuguer les efforts pour trouver des solutions aux défis qui se posent à l’Afrique, rétablir la paix et la sécurité sur le continent et réaliser le développement. « Je vous transmets, en tant que représentant de l’UA, les aspirations des peuples de notre continent, à la réalisation de la paix et du développement durable, et leur aspiration à établir un partenariat juste et durable sur la base d’intérêt commun », a déclaré le président Sissi, soulignant l’importance du dialogue entre les deux parties. « Les défis qu’affrontent les pays en voie de développement sont de taille », a affirmé le président Sissi. Selon lui, le développement de l’Afrique doit relever d’une « volonté collective destinée à résoudre les crises du continent, à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et à réaliser le développement durable ». En revanche, il a noté que les pays africains possèdent des opportunités prometteuses les rendant des partenaires crédibles de la communauté internationale.

Parmi les facteurs favorisant ce partenariat, il a cité le grand marché que représente l’Afrique, les ressources naturelles et humaines ainsi que les mégaprojets de développement et d’infrastructures sur le continent. « A cela s’ajoute l’entrée en vigueur de la Zone africaine de libre-échange », a expliqué le chef de l’Etat, appelant le sommet à mettre en place une formule concrète sur son partenariat avec l’Afrique, servant l’agenda du développement durable 2063 et les intérêts du groupe.

Enjeux et défis communs

Selon le politologue Tareq Fahmi, les objectifs évoqués dans le discours du président Sissi sur la formule de partenariat G7-Afrique riment avec ceux fixés par la présidence du sommet, dédiés à la lutte contre les inégalités, un sujet qui concerne l’Afrique au premier plan. « Si le G7 et les pays occidentaux accordent aujourd’hui un intérêt particulier à l’élimination des inégalités sur le continent noir, c’est parce qu’ils considèrent l’Afrique comme le continent du futur. Une vision partagée par l’Egypte qui, au cours des dernières années, a fait de l’Afrique la priorité de son agenda politique et économique », explique Fahmi. Et d’ajouter que l’Occident a intérêt à contribuer au développement de l’Afrique, cette région parmi les plus pauvres du monde et où les inégalités sont grandes. Et pourtant, l’aide au développement ne couvre que 50 % des besoins. « Les préoccupations sécuritaires dues au phénomène terroriste, à l’immigration clandestine et à la traite des êtres humains sont grandes. La dynamisation des politiques de coopération avec les pays d’Afrique, en privilégiant le développement durable et la lutte contre l’exclusion et la pauvreté est à même de freiner ces phénomènes », pense le politologue. La Chine et le Japon avaient annoncé qu’ils s’inspireraient de l’expérience égyptienne pour élargir leurs investissements en Afrique, faisant référence à la 7e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 7), qui se tient au Japon du 28 au 30 août, avec la participation du président Sissi.

Le Caire s’engage en faveur de l’environnement

« L’Afrique est le continent le plus touché par les impacts des changements climatiques », a affirmé, lundi, le président Sissi, annonçant l’adhésion de l’Egypte à la charte de Metz sur la biodiversité. « Convaincue de la nécessité de préserver la biodiversité comme élément essentiel du développement durable, j’annonce l’adhésion de l’Egypte à la charte de Metz », a déclaré le président Sissi lors de sa participation à la session sur le climat, la biodiversité et les océans, tenue dans le cadre du sommet du G7. « Les changements climatiques constituent l’un des problèmes environnementaux menaçant la planète entière, surtout l’Afrique, même les émissions de gaz à effet de serre du continent ne représentent qu’une fraction des émissions totales mondiales. Cela exige un engagement sérieux et collectif pour lutter contre les changements climatiques et réduire les émissions de CO2 ». Il a souligné l’importance de fournir un financement durable et approprié, ainsi que l’expertise et la technologie nécessaires aux pays en voie de développement, pour pouvoir faire face à ce phénomène « sans endosser les pays africains de plus de fardeaux économiques ». Le chef de l’Etat a affirmé que l’Egypte n’avait épargné aucun effort durant sa présidence du Groupe des 77 et de la Chine en 2018, et du Groupe africain dans les négociations sur le climat, pour faire réussir le processus d’activation de l’accord de Paris, alors que l’Egypte coprésidera avec le Royaume-Uni le sommet des Nations-Unies pour le changement climatique le mois prochain.

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