La deuxième phase du projet de serres lancée samedi comprend 1 300 serres, installées sur une superficie de 10 000 feddans, chacune occupant une superficie allant de 3 à 12 feddans.
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a lancé, samedi 17 août, la deuxième phase du projet de serres agricoles au secteur de la base militaire de Mohamad Naguib, au gouvernorat de Matrouh. C’était aussi l’occasion d’inaugurer une nouvelle usine d’emballage de produits agricoles ainsi qu’un complexe de production de semences, servant le projet des serres. Le général Mohamad Abdel-Hay, PDG de la Société nationale pour les cultures protégées, a indiqué que l’Egypte importait 98% des semences, avec un budget annuel de 1,5 milliard de dollars. C’est pour réduire ces dépenses en devise étrangère que la nouvelle usine devra produire, selon Abdel-Hay, d’ici 2022, une quantité de 4,7 milliards de semences, ce qui représente 60% des besoins de l’Egypte.
La deuxième phase du projet de serres lancée samedi comprend 1300 serres, installées sur une superficie de 10000 feddans, chacune occupant une superficie allant de 3 à 12 feddans. Le taux de productivité de cette phase est de 184000 tonnes, ce qui permet de satisfaire les besoins alimentaires d’environ 1,7 million de citoyens au Caire, à Matrouh et à Béheira, comme cela a été annoncé. La première phase du projet, lancée en février dernier, comprenait 7100 serres, installées sur 34000 feddans, dans la ville d’Al-Hammam, au gouvernorat de Matrouh.
Ces deux phases font partie d’un projet colossal portant sur l’installation de 100000 serres dans le cadre d’un projet de culture qui s’étend sur 1,5 million de feddans dans plusieurs gouvernorats. Il s’agit du plus grand projet de serres agricoles au Proche-Orient. Il vise principalement à réaliser une autosuffisance agricole, à améliorer la qualité des produits agricoles, à rationaliser l’usage de l’eau et à créer des emplois pour plus de 75000 personnes. C’est la Société nationale pour les cultures protégées, dépendant de l’Organisme du service national des forces armées, qui exécute le projet national en coopération avec des entreprises chinoises et espagnoles.
Lors de la cérémonie, le président Sissi a souligné l’importance de « la coordination entre le ministère de l’Agriculture, les Chambres de commerce et les hommes d’affaires, afin de contrôler les prix sur les marchés en augmentant surtout l’offre de produits, et c’est l’un des objectifs du projet ». Il a aussi mis en exergue l’importance du projet pour assurer la sécurité alimentaire du pays, confronté à une croissance démographique galopante. « La croissance démographique est un défi majeur qu’affronte l’Etat. Ce projet devrait satisfaire les besoins alimentaires de 20 millions de citoyens », a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « Pour aider les gens, il ne suffit pas de leur octroyer une subvention financière, il faut créer des emplois ». Le président a indiqué que le projet des serres représentait un essor agricole, économique et technologique. Par ailleurs, il a annoncé que la Société nationale pour les cultures protégées exécutait actuellement l’une des plus grandes phases du projet de serres, sur une superficie de 62000 feddans, dans les gouvernorats de Béni-Souef et de Minya, en Haute-Egypte.
Selon le directeur général de l’Organisme du service national des forces armées, le général Moustapha Amine, les phases achevées du projet ont permis jusqu’à présent de créer 15000 emplois dans différents domaines, dont profitent les jeunes du gouvernorat de Matrouh. Il a également indiqué que la production de la 2e phase était équivalente à la récolte d’un million de feddans de culture ordinaire et qu’elle serait offerte aux consommateurs à des prix convenables.
Une agriculture d’avenir
Les experts affirment que les serres représentent une solution idéale pour augmenter la productivité agricole de l’Egypte, d’autant plus que la culture sous serres permet de rationaliser énormément la consommation d’eau et de protéger les denrées des facteurs climatiques. C’est dans cette idée que le projet est considéré comme une solution idéale pour la réforme du secteur agricole en Egypte, confronté à un certain nombre de défis, tels que les effets du changement climatique, la pénurie d’eau ainsi que le niveau élevé d’urbanisation et la demande croissante d’aliments sains et nutritifs.
A cet égard, le général Mohamad Abdel-Hay a indiqué que la culture sous serres permet d’économiser environ 40% des ressources en eau par rapport à l’agriculture traditionnelle, tandis que les serres de haute technologie économisent 80 % de l’eau d’irrigation, avec une productivité estimée quatre fois supérieure à celle des champs ouverts. « Il s’agit d’un important avantage des serres, puisque les ressources totales disponibles en eau douce sont estimées à 80 milliards de m3 par an, dont 63 milliards sont utilisés à des fins agricoles, ce qui représente 79% de ces ressources. A titre d’exemple, la culture de 7,5 à 9 kg de tomates utilise 1 m3 d’eau, alors que 35 kg de tomates cultivées sous serres consomment la même quantité d’eau », a précisé le général Abdel-Hay, appelant les instances concernées à informer les paysans sur les systèmes d’irrigation qui rationalisent l’eau et à arrêter surtout l’irrigation des terrains agricoles par submersion.
Une grande importance est donc accordée au développement de l’agriculture, qui constitue un secteur-clé de l’économie égyptienne, représentant 30% des emplois et 15% des exportations. Le projet des serres, l’un des plus importants projets de développement agricole qu’a connus l’Egypte, apporte de nombreux avantages, comme l’estime Ashraf Kamal, professeur d’économie agricole à l’Institut des études agricoles. « Ce projet permettra non seulement d’assurer la sécurité alimentaire de l’Egypte, un pays agricole tout au long de son histoire, mais aussi de contribuer à diminuer les importations agricoles, qui ont dépassé 4,6 millions de tonnes au cours des 6 derniers mois. Le projet de serres représente une sorte d’investissement durable dans la sécurité alimentaire en Egypte », indique Kamal, notant que l’agriculture a créé la plupart des richesses de l’Egypte au cours de 5 000 ans. Il ajoute que le projet des serres s’inscrit dans le cadre du plan de réforme du secteur agricole, destiné à accroître la productivité, à augmenter la compétitivité des produits agricoles, à réduire le gaspillage d’eau, à améliorer les opportunités d’investissement agricole, à réduire la pauvreté des populations rurales et à améliorer la sécurité alimentaire.
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