Une augmentation d’une L.E., décidée par l’Autorité Nationale de la Presse (ANP), a été appliquée à tous les journaux officiels à partir du 1er juillet. Selon l’ANP, cette hausse est « nécessaire » pour combler le fossé entre les frais d’impression, compris entre 8 et 10 L.E., et le prix de vente de 2 L.E.
La dévaluation de la livre égyptienne en 2016, qui a entraîné une hausse des prix du papier, et la baisse des recettes publicitaires posent d’énormes défis à la presse en papier, surtout que la diffusion de la presse numérique pèse déjà sur les ventes de journaux en papier. « L’augmentation des prix des journaux était nécessaire pour augmenter les revenus des entreprises de presse officielle », pense Abdel-Mohsen Salama, PDG d’Al-Ahram, la plus grande entreprise de presse officielle. Salama ajoute que l’entreprise Al-Ahram a pris des mesures pour augmenter ses revenus et investir ses actifs. Yasser Abdel-Aziz, professeur de mass communication à l’Université du Caire, indique, lui, que les entreprises de presse souffrent de l’accumulation des dettes et du problème du sureffectif. Il craint que la hausse des prix des journaux n’accentue le problème au lieu de le régler. « Cette hausse des prix des journaux risque de diminuer les chiffres de distribution déjà en baisse face à une presse numérique gratuite, plus diversifiée. Mieux vaut s’attaquer aux racines du mal », estime Abdel-Aziz. Il trouve nécessaire de procéder à une restructuration des entreprises de presse de manière à réduire le nombre de publications et les effectifs de ces institutions. « Il faut encourager et faciliter les départs à la retraite anticipée tout en arrêtant les congés sans solde dont profite un grand nombre de journalistes pour travailler à l’extérieur », propose Abdel-Aziz.
Il affirme que les entreprises étatiques de presse possèdent des assises pour surmonter la crise. Elles possèdent des terrains, des imprimeries et des bâtiments non exploités dont la valeur est estimée à des milliards de L.E. « L’ANP doit surveiller de près les plans de réforme mis en place par les entreprises de presse », ajoute l’expert. « Pour pouvoir faire concurrence à la presse numérique, la presse en papier doit changer de peau au niveau du fond et de la forme », souligne, par ailleurs, Farida Al-Naqqach, journaliste. Elle note que la presse écrite en Egypte recule de 15 % par an contre 7,5 % aux Etats-Unis et 3 % au Japon.
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