A l’occasion du 6e anniversaire de la Révolution du 30 Juin 2013, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a, dans un discours télévisé à la nation, rappelé que le 30 juin était une journée exceptionnelle dans l’histoire de l’Egypte et que « les Egyptiens doivent être fiers des réalisations accomplies ». Le chef de l’Etat a salué le peuple égyptien notant que « les défis et les crises le rendent encore plus fort ». Il a aussi rappelé que, lors de cette journée glorieuse, des millions d’Egyptiens, femmes, hommes, personnes âgées et jeunes se sont révoltés et ont crié de toutes leurs forces qu’il n’y a « aucune place en Egypte pour les conspirateurs et les traîtres ». Et d’ajouter que les réformes, entamées après sa prise de fonction en 2014, ont placé l’Egypte sur la bonne voie. Le président a exhorté le peuple à se sentir fier de ce qui a été accompli jusqu’ici en termes de sécurité, de lutte contre le terrorisme et d’économie. Il a consacré la plus grande partie de son discours aux réformes économiques et reconnu que ces dernières, entamées après la Révolution du 30 Juin, étaient difficiles à supporter, mais qu’elles étaient devenues impératives et nécessaires et qu’elles auraient dû être appliquées depuis longtemps. « Le chemin de la vraie réforme est difficile et cause beaucoup de souffrances. Mais il ne fait aucun doute que la souffrance qui résulte de l’absence de réformes est bien pire », a-t-il dit.
Le président a souligné que « les résultats montrent que nous sommes sur la bonne voie : les réserves en devises étrangères sont passées de 15 à 44 milliards de dollars, c’est le plus haut niveau atteint dans l’histoire de l’Egypte ». Et d’ajouter : « Le taux de croissance économique est passé en cinq ans de 2 à 5,4 %, nous tenons à poursuivre cette croissance pour arriver, au cours des prochaines années à 7 % ou plus ».
Le président a rappelé qu’un programme économique ambitieux avait été mis en place et que des méga-projets de développement avaient été lancés, ce qui a permis de créer des emplois. « Ce programme économique est susceptible de modifier complètement le niveau de vie et de placer l’Egypte sur la voie d’un élan économique rapide, qui concrétisera nos aspirations », a-t-il indiqué.
Les réformes, qui comprennent la réduction des subventions, l’imposition de taxes et la libéralisation de la monnaie nationale, ont été décidées dans le cadre d’un accord conclu avec le Fonds Monétaire International (FMI) pour un prêt de 12 milliards de dollars sur trois ans à l’Egypte dans le but de soutenir son redressement économique.
Outre le développement économique, le président Sissi a mis en avant les efforts de l’Egypte dans sa lutte contre le terrorisme. Le chef de l’Etat a confirmé que le peuple égyptien avait réussi à arrêter la vague d’extrémisme. Dans ce cadre, il a salué les efforts des forces de sécurité pour endiguer le terrorisme, qui a explosé après la chute de l’ancien président Mohamad Morsi en 2013. En février 2018, l’Egypte a lancé une vaste campagne de sécurité, Sinaï 2018, principalement dans le Sinaï, mais aussi dans certaines parties du delta du Nil et dans le désert occidental.
Le président a déclaré que l’absence de sécurité et de stabilité politique, le terrorisme et l’effondrement de l’économie étaient le résultat des « années turbulentes que l’Egypte et la région ont connues depuis 2011 », tout en indiquant : « Chaque Egyptien devrait être fier de ce que l’Egypte a accompli pour faire face à ces trois défis et nous avons presque réalisé des miracles (...) Nous avons réussi à endiguer le terrorisme malgré le grand soutien extérieur ».
S’éloigner de l’Etat théocratique
Pour les analystes, la Révolution du 30 Juin et l’intervention de l’armée au côté du peuple ont totalement changé le destin de l’Egypte et ont rectifié la marche de la révolution. C’est ce qu’affirme le politologue Ayman Abdel-Wahab, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, qui explique que cette révolte populaire a aidé à « préserver l’identité civile de l’Egypte, retrouvée après la Révolution du 30 Juin ». Il explique que l’Egypte s’est éloignée du spectre de l’Etat théocratique religieux pour conserver le statut qui a toujours été le sien, celui d’un Etat civil basé sur la citoyenneté et l’égalité des droits, loin de tout sectarisme religieux et loin de toute discrimination basée sur le sexe ou la religion. « C’est grâce au pouvoir actuel que l’Egypte a été sauvée du fascisme religieux des Frères musulmans. Ces derniers voulaient mettre fin à l’identité de l’Egypte et nous impliquer dans un projet de retracement de la région sur des bases ethniques. Notre révolution a détruit leurs plans », précise Abdel-Wahab.
Un avis que partage l’expert sécuritaire Khaled Okacha, qui souligne que la Révolution du 30 Juin a sauvé le pays d’un avenir sombre sous le régime des Frères, qui planifiait ouvertement de faire du pays un bastion du terrorisme.
Si la Révolution du 30 Juin a permis de sauver l’identité de l’Egypte, elle a aussi rapporté à l’Egypte l’un des acquis les plus importants, à savoir la Constitution. Adoptée le 15 janvier 2015 suite à un référendum, elle a entériné le principe de la citoyenneté et a accordé par ailleurs à la femme des droits bien plus larges que ceux de la précédente Constitution, votée sous le régime des Frères. C’est ce qu’explique le politologue. Selon lui, « la Constitution a redonné à la femme, aux chrétiens et aux jeunes leur statut perdu sous le régime des Frères musulmans, qui, au contraire, visait à les marginaliser ».
Par ailleurs, grâce à la Révolution du 30 Juin, l’Egypte a réussi à se replacer sur la scène internationale, alors que pendant un an, les relations internationales de l’Egypte s’étaient détériorées d’une manière remarquable. Aujourd’hui, l’Egypte a retrouvé son poids régional et international perdu sous le régime des Frères. « Le chemin est encore long et les défis multiples devant l’Egypte, mais ce qui est sûr, c’est que la Révolution du 30 Juin a remis le pays sur la bonne voie », conclut Abdel-Wahab .
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