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G20 : L’Egypte porte le flambeau africain

May Al-Maghrabi, Mardi, 30 juillet 2019

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a participé au 14e sommet du G20 tenu au Japon. Cette plateforme a été l’occasion pour l’Egypte de négocier des dossiers économiques et politiques avec les leaders du monde.

G20 : L’Egypte porte le flambeau africain
La participation de l’Egypte au sommet du G20 a été une opportunité pour tirer profit d’énormes investissements que le Japon entend investir sur le continent.

En visite cette semaine au Japon, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a assisté aux travaux du 14e sommet du G20, tenu à Osaka les 28 et 29 juin, avec la participation des dirigeants de ce groupe ainsi que de chefs d’Etat africains non membres. Les travaux de ce sommet se sont concentrés sur les questions relatives à l’économie mondiale, au commerce multilatéral et au développement. D’autres questions, dont l’emploi, l’autonomisation des femmes et la santé, ont été également abordées. Parmi les nombreux rassemblements et forums économiques et développementaux, le G20 est l’une des plateformes internationales les plus importantes et les plus globales. Le G20 représente 85 % de l’économie mondiale, 80 % du commerce international et les deux tiers de la population.

Cette année, la participation de l’Egypte au sommet du G20 revêt une importance particulière vu sa présidence de l’Union Africaine (UA), dans la mesure où il a été une occasion pour l’Egypte de présenter le point de vue de l’Afrique sur les perspectives de la coopération. Au niveau politique, le président Sissi a négocié un nombre de dossiers bilatéraux, africains et internationaux avec les leaders des quatre coins du monde y participant (voir encadré).

Dans son discours, le président Sissi a estimé que les cadres de gouvernance du système économique et financier mondial devaient encore faire l’objet d’une réforme, reflétant la participation de pays en développement au processus de prise de décision de manière juste et transparente, en particulier en ce qui concerne les pays africains. C’est dans ce contexte qu’il a jugé évident que les pays africains entrent en partenariat solide avec le G20, apte de promouvoir le développement du continent africain énoncé par le programme 2063 sur le développement durable de l’Afrique. « Malgré les nombreux défis qu’affronte l’Afrique, le continent a beaucoup à offrir, avec un marché prometteur et des atouts attirants pour les investissements étrangers en Afrique. Le plus important est que notre volonté politique africaine progresse de manière constante et sérieuse aux niveaux national et continental pour réaliser le développement durable », a indiqué le président Sissi. Il a ajouté que l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange continental africain, le 30 mai 2019, accroît les opportunités d’échanges intra-africains et encourage les investissements sur le continent.

Mini-sommet afro-chinois

En outre, le président Sissi a abordé les moyens de conjuguer les efforts sino-africains ainsi que la coopération avec les grandes puissances mondiales en vue de réaliser le développement de l’Afrique, notamment dans le domaine des infrastructures. C’est dans ce but que le président a participé, vendredi 28 juin, à un mini-sommet afro-chinois tenu en marge du sommet du G20 et auquel ont pris part le président chinois, Xi Jinping, le président sud-africain, Matamela Cyril Ramaphosa, le président sénégalais, Macky Sall, actuel co-président du Forum sur la coopération sino-africaine, et le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres. Lors de ce sommet, le président Sissi a appelé à « cristalliser des modèles pragmatiques aptes à renforcer la coopération sino-africaine ». Il a jugé évident d’activer la coopération entre la Chine et les pays africains, en particulier dans le secteur des infrastructures. Il a notamment appelé à étudier les meilleurs moyens de financer les projets d’infrastructure sur le continent africain, tels la création d’un transport maritime commercial à partir du lac Victoria en Afrique centrale à la mer Méditerranée, également connu sous le nom de projet VICMED. Il a souligné l’importance du corridor du Canal de Suez et des zones industrielles logistiques pour renforcer l’initiative chinoise La Ceinture et la route, qui vise à stimuler le commerce, les investissements et les infrastructures dans plus de 150 pays d’Asie, d’Europe, du Moyen-Orient.

De son côté, le président chinois a affirmé que son pays allait honorer ses engagements vis-à-vis de l’Afrique et qu’il était prêt à inciter la communauté internationale à augmenter les investissements en Afrique et à mener, dans le respect de la volonté des pays africains, des coopérations tripartites Chine-Nations-Unies-Partenaires internationaux en Afrique.

Attirer les investissements japonais

Outre l’élargissement du cadre de la coopération économique et commerciale entre l’Egypte, l’Afrique et la Chine, l’économiste Seddiq Afifi indique que la participation de l’Egypte au sommet du G20 a été une opportunité pour tirer profit d’énormes investissements que le Japon entend investir sur le continent, un dossier auquel l’Egypte accorde un grand intérêt notamment à lumière de sa présidence de l’UA, mais aussi en vue d’explorer les perspectives d’augmenter et de diversifier la coopération égypto-japonaise dans maints domaines. « Plus de 400 des plus grandes entreprises japonaises travaillant dans les domaines des infrastructures, de l’économie numérique et de l’intelligence artificielle ont annoncé qu’elles s’apprêtent à investir en Afrique. Les investissements japonais contribueront à la réalisation des objectifs de développement énoncés dans l’Agenda 2063 de l’UA. D’où l’importance qu’accorde l’Egypte à développer ses relations économiques et commerciales avec le Japon, une puissance économique asiatique géante », indique l’expert. Il explique que l’Egypte représente aujourd’hui un centre d’attractivité pour les investissements étrangers grâce aux méga-projets mis en oeuvre, offrant des opportunités prometteuses pour les entreprises japonaises souhaitant profiter de la position stratégique de l’Egypte comme un centre de production et d’exportation vers les différents pays du monde liés avec l’Egypte par des accords de libre-échange.

Affichant un intérêt au développement de la coopération égypto-japonaise, le président Sissi a tenu, jeudi 27 juin, une séance de négociations avec le premier ministre du Japon, Shinzo Abe, à Osaka. Selon le porte-parole de la présidence, Bassem Radi, le premier ministre japonais a affirmé lors de la rencontre que son pays entend mettre en place de grands projets bilatéraux dans divers domaines, notamment l’éducation, la culture, la technologie, l’énergie et le transport, en plus du Grand Musée égyptien, icône de la coopération culturelle entre les deux pays. Un renforcement de la coopération entre les deux pays qu’a salué le président Sissi, soulignant la bonne réputation dont jouissent les entreprises japonaises en Egypte, considérées parmi les plus importantes sources d’investissement étranger direct et d’expertise technologique.

Par ailleurs, les deux dirigeants ont discuté des préparatifs en cours pour la tenue du septième sommet du Forum de coopération Japon-Afrique (TICAD) qui doit avoir lieu en août prochain à la ville japonaise de Yokohama, dans le cadre d’une présidence conjointe entre le Japon et l’Egypte, et dans le contexte de l’actuelle présidence égyptienne de l’UA. D’après les chiffres officiels, les investissements japonais directs en Egypte sont à la hauteur de 420 millions de dollars, représentant 31 % des investissements asiatiques en Egypte. 106 entreprises japonaises investissent en Egypte dans plusieurs domaines dont l’électronique et l’industrie automobile. Le président a, d’ailleurs, rencontré, dimanche 30 juin, des représentants des grandes entreprises japonaises, dont le président du groupe japonais Toyota Tsusho Corporation, Ichiro Kashitani. « L’Egypte est notre portail vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Ils représentent pour nous un avenir prometteur d’investissement notamment dans le climat positif qu’offre actuellement l’Egypte », a souligné le patron de Toyota. Perspective partagée par le président Sissi qui a ajouté que l’Egypte avait le potentiel nécessaire pour devenir un axe important des industries japonaises, son point de départ vers les divers marchés du monde en Afrique, au Proche-Orient et en Europe, notamment dans le domaine de l’industrie automobile, grâce aux accords de libre-échange liant l’Egypte à de nombreux pays.

Sur un autre volet, le président Sissi a participé, samedi 28 juin, à une session de travail sur l’économie mondiale, le commerce et l’investissement, ainsi qu’à une session thématique spéciale sur l’innovation, l’économie numérique et l’intelligence artificielle. Il a d’ailleurs pris part à une séance tenue sous les auspices du président chinois consacrée à la discussion de l’importance de l’autonomisation de la femme et des moyens de résoudre les inégalités entre les sexes. Lors de cette séance, le président Sissi a passé en revue l’expérience de l’Egypte en termes de l’autonomisation de la femme sur tous les plans. Il a surtout souligné le rapport entre l’autonomisation de la femme et la croissance économique et l’établissement d’un développement durable.

Un dynamisme multiforme qu’a marqué la participation du président Sissi au sommet du G20 qui a mis l’accent sur le rôle axial de l’Egypte au niveau africain, arabe et mondial.

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