Al-Ahram Hebdo : La campagne nationale de dépistage de l’hépatite C vient de prendre fin. Comment évaluez-vous ses résultats ?
Wahid Doss : La campagne a atteint tous ses objectifs en un temps record et a été menée conformément aux normes médicales dans 1 412 centres médicaux. Il s’agissait de la plus grande campagne de dépistage médical de l’hépatite C au monde. Dans 27 gouvernorats, 50 millions de citoyens âgés de 18 ans et plus, 6,7 millions d’élèves en préparatoire et en secondaire, 30 000 prisonniers et 20 000 étrangers ont subi les tests de dépistage du virus C, du diabète et de tension artérielle. Au total, 57 millions de citoyens ont profité de cette campagne.
— Mais, l’objectif de la campagne n’était-il pas d’examiner les 100 millions d’Egyptiens ?
— Il n’était pas possible d’examiner 100 millions d’Egyptiens en 8 mois. La campagne s’est arrêtée au niveau des centres mobiles et des convois uniquement. 309 centres médicaux continueront à fournir ce service dans les aéroports, les ports maritimes de façon permanente.
— Quel est le niveau de contamination par le virus de l’hépatite C parmi les Egyptiens?
— Le taux d’infection par le virus C est de 4,5 %, c’est-à-dire que 2,5 millions de citoyens en sont atteints. 1,2 million d’entre eux ont été déjà soignés dans le cadre de la campagne, alors que des centres médicaux publics continueront à offrir, gratuitement au reste des malades, le traitement nécessaire et des examens périodiques tous les trois à six mois. Par rapport aux chiffres de 2015, on constate que le taux d’infection par le virus C parmi les Egyptiens a régressé puisqu’il y avait, avant l’arrivée du Sovaldi en 2015, en Egypte, environ 5 millions de citoyens atteints du virus. Outre la campagne de dépistage, le renforcement des mesures de prévention dans les hôpitaux et les campagnes de sensibilisation aux méthodes de contamination ont contribué à cette baisse. D’ailleurs, le plan de traitement lancé par le ministère de la Santé, au cours des quatre dernières années, a permis de traiter 2 millions de patients au Sovaldi et ils ont guéri à 100 %. Il ne reste aujourd’hui qu’un million de malades atteints du virus C à traiter. On envisage de traiter environ 96 % des patients pour que l’Egypte soit le premier pays à éliminer définitivement l’hépatite C conformément au plan adopté par le président de la République L’Egypte sans Virus C en 2020. Ce plan est destiné à éliminer définitivement cette hépatite à travers l’examen et le traitement gratuit des malades.
— L’Egypte a décidé d’étendre sa campagne de dépistage du virus C à 14 pays africains. Pourquoi et comment cette initiative se concrétisera-t-elle ?
— Cette initiative vise à éradiquer l’hépatite C dans 14 pays africains, les plus touchés par cette maladie. Selon les chiffres de l’OMS, 10 millions de personnes en Afrique sont infectées par l’hépatite C, alors que plus de 200 000 meurent des suites d’une maladie du foie liée à l’hépatite B et à l’hépatite C. Dans le cadre de cette initiative, l’Egypte s’est engagée à fournir un soutien technique, une expertise et un logiciel de dépistage, ainsi que des soins gratuits à un million d’Africains atteints de l’hépatite C. L’initiative est menée en coopération avec l’OMS. Elle émane de la conviction de l’Egypte que la santé du peuple africain est la clé de développement du continent, ainsi que de son sens de la responsabilité en tant que président de l’Union africaine.
— L’Etat égyptien accorde un grand intérêt au dépistage du virus C ...
— Cet intérêt s’explique par les répercussions dangereuses de cette maladie sur la santé comme sur la productivité. Le virus C est un virus silencieux qui abîme lentement le foie de trois personnes sur quatre atteintes de la maladie, alors que l’hépatite chronique peut aussi évoluer en cirrhose et en cancer du foie. Non traité, le virus peut causer la mort d’une personne sur quatre. En revanche, dans la phase d’infection, l’hépatite C est traitable. La découverte précoce de la maladie était donc l’enjeu de cette campagne réussie de dépistage.
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