Mohamad Morsi s’est effondré lundi alors qu’il était auditionné par la Cour pénale du Caire dans le cadre d’un procès pour espionnage au profit du mouvement palestinien Hamas. Il avait 67 ans. « Morsi a demandé la parole et le tribunal lui a donné la permission de parler pendant cinq minutes. Il s’est ensuite évanoui et est tombé sur le sol dans la cage des accusés », affirme un communiqué du procureur général, Nabil Sadeq. Morsi a été transporté à l’hôpital, où il est arrivé à 16h50. Son décès a été confirmé peu après. Selon le Parquet général, l’autopsie n’a rien révélé d’anormal.
L’examen médical du défunt a affirmé l’absence de pouls, de pression artérielle et de tout mouvement respiratoire. Les yeux du défunt étaient larges et ne réagissaient ni à la lumière ni à la stimulation extrérieure. Par ailleurs, le cadavre du défunt ne portait aucune blessure apparente ou récente. Le procureur général a chargé une équipe composée de membres du Parquet général et de la Sûreté de l’Etat de faire le constat du cadavre, de saisir les caméras fixées à l’intérieur du tribunal et de la cage et d’entendre les témoins présents lors de l’audience.
« Le Parquet général a également ordonné la saisie du fichier médical du défunt et la formation d’une commission médicale présidée par le chef des médecins légistes et le directeur du service de médecine légiste afin de préparer le rapport médical définitif sur les causes du décès avant d’autoriser l’inhumation du corps », ajoute le communiqué. La télévision de l’Etat, citant une source médicale responsable, a affirmé que Morsi est décédé d’une crise cardiaque. Il souffrait d’une tumeur bénigne et suivait depuis novembre 2017 un traitement.
Le déclin
Morsi avait accédé en 2012 à la présidence de la République. Mais incapable de rétablir la sécurité ou de relancer l’économie, il s’attire les foudres d’une grande partie de la population après son élection. Il est accusé d’agir dans l’intérêt des Frères alors que pendant sa campagne électorale, il avait promis d’être « le président de tous les Egyptiens ». Un an après son élection, le 30 juin 2013, des millions d’Egyptiens descendent dans les rues réclamant son départ. La goutte d’eau qui a fait débordé le vase a été la déclaration constitutionnelle qu’il avait promulguée en novembre 2012 s’attribuant des pouvoirs considérables et empiétant sur le pouvoir judiciaire. L’hostilité de la rue à son égard était alimentée par la crainte de voir l’identité civile de l’Egypte dérobée et le pays basculé dans une dictature islamique. Des craintes qui ont été dissipées par la destitution de Morsi le 3 juillet 2013. Ce jour a marqué la fin du règne des Frères musulmans, mais aussi a été le début d’une vague de violence, orchestrée par ses partisans en représailles à sa destitution.
Morsi a été ensuite arrêté et jugé dans plusieurs procès, notamment pour espionnage en faveur de l’Iran, du Qatar et des groupes militants comme le Hamas à Gaza. Il a été condamné à un total de 45 ans de prison dans deux affaires : incitation à la violence contre les manifestants fin 2012 et espionnage au profit du Qatar. Il était par ailleurs jugé dans deux autres procès après l’annulation de deux verdicts prononcés contre lui, une condamnation à mort et une réclusion à perpétuité. D’ailleurs, il purgeait une première peine de sept ans pour falsification de son dossier de candidature aux élections de juin 2012. Des procès clos avec le décès de l’accusé.
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