Les deux chefs d’Etat ont passé en revue les derniers développements sur la scène régionale.
En visite en Egypte, le président érythréen, Issayas Afeworki, a été accueilli, samedi 8 mai, au palais présidentiel d’Ittihadiya par le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Une réception officielle a été organisée en son honneur. Il s’agit de la quatrième visite du président érythréen en Egypte depuis 2014 et la 24e depuis son accession au pouvoir en 1993. Ces visites témoignent de la solidité et de l’importance des relations entre les deux pays.
Lors de la rencontre, le président Sissi s’est félicité des relations historiques qui lient les deux pays frères. « Le président a exprimé la volonté de l’Egypte de consolider la coopération stratégique avec l’Erythrée dans divers domaines à travers l’établissement d’un partenariat durable, en plus de la coordination étroite sur les questions à caractère régional », a indiqué le porte-parole de la présidence, Bassam Radi. Il a ajouté que le président avait également souligné l’importance de poursuivre la coopération bilatérale dans divers secteurs, notamment dans les domaines des infrastructures, de l’électricité, de la santé, du commerce, des investissements, de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Par ailleurs, le président Afeworki a exprimé « sa gratitude envers l’Egypte pour son rôle crucial dans la promotion du développement et le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent africain », soulignant la volonté de son pays d’intensifier sa coopération avec l’Egypte dans divers domaines.
Les deux chefs d’Etat ont, lors de cette rencontre, passé en revue les derniers développements sur la scène régionale. A la fin de la réunion, ils ont convenu de poursuivre la coordination en ce qui concerne la Corne de l’Afrique, les crises politiques au Soudan et en Somalie et la sécurité en mer Rouge.
Amani El-Taweel, cheffe du département des études africaines au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, souligne l’importance des entretiens égypto-érythréens au Caire, à un moment où la situation au Soudan préoccupe les deux pays. « Le renforcement de la coopération entre les pays riverains de la mer Rouge, le barrage éthiopien de la Renaissance, la situation dans la région de la Corne de l’Afrique et les développements au Soudan ont été au coeur de la rencontre Sissi-Afeworki », explique El-Taweel. Et d’ajouter : « Cette visite ne peut pas être perçue à l’écart de ce qui se passe au Soudan. Un pays dont la stabilité dépend de l’Egypte et de l’Erythrée et qui n’a pas caché son indignation face à l’initiative unilatérale de l’Ethiopie de rapprocher les militaires et les civils au Soudan. Une initiative faite sans coordination régionale, ce qui inquiète certes l’Erythrée et ne satisfait pas l’Egypte. Le Soudan a été donc un dossier-clé au menu des discussions entre les deux présidents », affirme El-Taweel.
La coordination en matière de sécurité en mer Rouge a été aussi au centre des négociations égypto-érythréennes, comme l’affirme la politologue. « La mer Rouge et la Corne de l’Afrique sont des zones stratégiques importantes pour la sécurité de l’Egypte », explique El-Taweel. Et d’ajouter que l’Egypte porte un grand intérêt à la coordination avec l’Erythrée sur ce dossier, un pays de la Corne de l’Afrique qui dispose d’un littoral long de 1 150 km sur la mer Rouge. « Sur ce dossier prioritaire pour l’Egypte, les négociations ont certes abordé le déploiement des forces navales en mer Rouge, notamment dans la région de Bab Al-Mandab où les troubles dans cette région constituent une menace potentielle pour l’Egypte puisque ce détroit revêt une grande importance stratégique, tant sur le plan économique que géopolitique », souligne la politologue. A noter que ce détroit permet l’accès au Canal de Suez et à l’oléoduc de Sumed en Egypte, sa fermeture éventuelle risque de créer d’importantes perturbations pour le commerce mondial et l’approvisionnement en hydrocarbures, et de provoquer de grands dégâts économiques pour l’Egypte. « L’Egypte devra donc inévitablement coordonner avec les pays de la Corne de l’Afrique, dont l’Erythrée », ajoute El-Taweel.
Relations stratégiques
Au niveau bilatéral, Sobhi Khnonsowa, professeur des études arabes et africaines, souligne que cette visite s’inscrit dans le cadre des relations solides entre les deux pays. Il rappelle que l’Egypte possède de bonnes relations avec l’Erythrée depuis son indépendance de l’Ethiopie en 1993. Des relations qui se sont renforcées depuis l’accession du président Sissi au pouvoir. L’Erythrée a été le premier pays africain à soutenir le nouveau régime élu après la Révolution de 2013. L’Egypte, elle, a joué un rôle important dans la levée des sanctions internationales imposées à l’Erythrée. Plus important encore, l’Egypte et l’Erythrée font front commun sur le dossier controversé du barrage de la Renaissance en construction par l’Ethiopie sur les eaux du Nil, lancé en 2011. « En principe, la coopération entre les pays du bassin du Nil en matière de développement et de commerce est la voie la plus sûre pour des relations politiques fortes et stables susceptibles de surmonter les différends sur le partage des eaux du Nil. Et c’était l’un des dossiers importants discutés lors du sommet entre les deux présidents. Dans leur ensemble, les négociations entre le président Sissi et son homologue érythréen ont été positives et ont permis de coordonner les positions sur des dossiers bilatéraux et régionaux importants dans le but d’assurer la sécurité régionale », conclut le politologue.
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