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La sécurité en mer Rouge au coeur des concertations égypto-érythréennes

May Al-Maghrabi, Mardi, 11 juin 2019

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu samedi au Caire son homologue érythréen, Issayas Afeworki. Au centre des discussions : les relations bilatérales, la sécurité en mer Rouge et les crises régionales.

La sécurité en mer Rouge au coeur des concertations égypto-érythréennes
Les deux chefs d’Etat ont passé en revue les derniers développements sur la scène régionale.

En visite en Egypte, le pré­sident érythréen, Issayas Afeworki, a été accueilli, samedi 8 mai, au palais présidentiel d’Ittihadiya par le prési­dent Abdel-Fattah Al-Sissi. Une réception officielle a été organisée en son honneur. Il s’agit de la quatrième visite du président érythréen en Egypte depuis 2014 et la 24e depuis son accession au pouvoir en 1993. Ces visites témoignent de la solidité et de l’importance des relations entre les deux pays.

Lors de la rencontre, le président Sissi s’est félicité des relations histo­riques qui lient les deux pays frères. « Le président a exprimé la volonté de l’Egypte de consolider la coopé­ration stratégique avec l’Erythrée dans divers domaines à travers l’éta­blissement d’un partenariat durable, en plus de la coordination étroite sur les questions à caractère régional », a indiqué le porte-parole de la prési­dence, Bassam Radi. Il a ajouté que le président avait également souligné l’importance de poursuivre la coopé­ration bilatérale dans divers secteurs, notamment dans les domaines des infrastructures, de l’électricité, de la santé, du commerce, des investisse­ments, de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Par ailleurs, le prési­dent Afeworki a exprimé « sa grati­tude envers l’Egypte pour son rôle crucial dans la promotion du déve­loppement et le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent afri­cain », soulignant la volonté de son pays d’intensifier sa coopération avec l’Egypte dans divers domaines.

Les deux chefs d’Etat ont, lors de cette rencontre, passé en revue les derniers développements sur la scène régionale. A la fin de la réunion, ils ont convenu de poursuivre la coordi­nation en ce qui concerne la Corne de l’Afrique, les crises politiques au Soudan et en Somalie et la sécurité en mer Rouge.

Amani El-Taweel, cheffe du dépar­tement des études africaines au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, souligne l’importance des entretiens égypto-érythréens au Caire, à un moment où la situation au Soudan préoccupe les deux pays. « Le ren­forcement de la coopération entre les pays riverains de la mer Rouge, le barrage éthiopien de la Renaissance, la situation dans la région de la Corne de l’Afrique et les développe­ments au Soudan ont été au coeur de la rencontre Sissi-Afeworki », explique El-Taweel. Et d’ajouter : « Cette visite ne peut pas être perçue à l’écart de ce qui se passe au Soudan. Un pays dont la stabilité dépend de l’Egypte et de l’Erythrée et qui n’a pas caché son indignation face à l’initiative unilatérale de l’Ethiopie de rapprocher les mili­taires et les civils au Soudan. Une initiative faite sans coordination régionale, ce qui inquiète certes l’Erythrée et ne satisfait pas l’Egypte. Le Soudan a été donc un dossier-clé au menu des discussions entre les deux présidents », affirme El-Taweel.

La coordination en matière de sécurité en mer Rouge a été aussi au centre des négociations égypto-érythréennes, comme l’affirme la politologue. « La mer Rouge et la Corne de l’Afrique sont des zones stratégiques importantes pour la sécurité de l’Egypte », explique El-Taweel. Et d’ajouter que l’Egypte porte un grand intérêt à la coordina­tion avec l’Erythrée sur ce dossier, un pays de la Corne de l’Afrique qui dispose d’un littoral long de 1 150 km sur la mer Rouge. « Sur ce dos­sier prioritaire pour l’Egypte, les négociations ont certes abordé le déploiement des forces navales en mer Rouge, notamment dans la région de Bab Al-Mandab où les troubles dans cette région consti­tuent une menace potentielle pour l’Egypte puisque ce détroit revêt une grande importance stratégique, tant sur le plan économique que géopoli­tique », souligne la politologue. A noter que ce détroit permet l’accès au Canal de Suez et à l’oléoduc de Sumed en Egypte, sa fermeture éventuelle risque de créer d’impor­tantes perturbations pour le com­merce mondial et l’approvisionne­ment en hydrocarbures, et de provo­quer de grands dégâts économiques pour l’Egypte. « L’Egypte devra donc inévitablement coordonner avec les pays de la Corne de l’Afrique, dont l’Erythrée », ajoute El-Taweel.

Relations stratégiques

Au niveau bilatéral, Sobhi Khnonsowa, professeur des études arabes et africaines, souligne que cette visite s’inscrit dans le cadre des relations solides entre les deux pays. Il rappelle que l’Egypte possède de bonnes relations avec l’Erythrée depuis son indépendance de l’Ethio­pie en 1993. Des relations qui se sont renforcées depuis l’accession du pré­sident Sissi au pouvoir. L’Erythrée a été le premier pays africain à soute­nir le nouveau régime élu après la Révolution de 2013. L’Egypte, elle, a joué un rôle important dans la levée des sanctions internationales impo­sées à l’Erythrée. Plus important encore, l’Egypte et l’Erythrée font front commun sur le dossier contro­versé du barrage de la Renaissance en construction par l’Ethiopie sur les eaux du Nil, lancé en 2011. « En principe, la coopération entre les pays du bassin du Nil en matière de développement et de commerce est la voie la plus sûre pour des relations politiques fortes et stables suscep­tibles de surmonter les différends sur le partage des eaux du Nil. Et c’était l’un des dossiers importants discutés lors du sommet entre les deux prési­dents. Dans leur ensemble, les négo­ciations entre le président Sissi et son homologue érythréen ont été positives et ont permis de coordon­ner les positions sur des dossiers bilatéraux et régionaux importants dans le but d’assurer la sécurité régionale », conclut le politologue.

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