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Priorité à la recherche scientifique

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 09 avril 2019

55 pays ont participé, du 4 au 6 avril à la Capitale administrative, au premier Forum international de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Il était question notamment de la quatrième révolution industrielle et de l'intelligence artificielle.

Priorité à la recherche scientifique
La quatrième révolution industrielle, et le rôle de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans le développement durable ont été au centre des discussions.

« Entre présent et avenir », c’est sous ce slogan que le premier « Forum mondial de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique » s’est tenu en Egypte, à la Nouvelle Capitale administrative, du 4 à 6 avril. Inauguré par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, le forum a vu la participation de 2 000 savants et experts ainsi que 300 personnalités étrangères et des vice-ministres de l’Enseignement provenant de 55 pays. Des repré­sentants des organisations régio­nales et internationales concer­nées par l’enseignement supérieur et la recherche scientifique y ont aussi pris part. Quant aux thèmes abordés, il s’agissait notamment de la quatrième révolution indus­trielle, de l’innovation, des tech­nologies émergentes, du rôle de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans le développement durable.

Dans son discours prononcé lors de la séance inaugurale, le président Sissi a appelé toutes les parties concernées à prendre les mesures susceptibles de réformer l’enseignement supérieur en Egypte. « On a besoin de révolu­tionner l’enseignement supérieur et la recherche scientifique pour pouvoir aller de pair avec les grandes évolutions scientifiques et technologiques que connaît le monde. Cela implique de com­mencer par le changement du concept même de l’enseignement dans le sens qu’il ne soit un simple outil de gagne-pain, mais plutôt de développement », a sou­ligné le président. Par ailleurs, il a jugé qu’il était temps que l’Egypte rejoigne la quatrième révolution industrielle. A cet égard, il a mis en évidence la nécessité de réfor­mer de fond en comble l’ensei­gnement universitaire en vue de former des personnes aptes à réa­liser un véritable développement pour l’Egypte. Un thème que le président a abordé en détail lors de sa réunion, en marge du forum, avec le Conseil suprême des uni­versités, présidé par le ministre de l’Enseignement supérieur, Khaled Abdel-Ghaffar.

Selon les déclarations du ministre de l’Enseignement supé­rieur, le fait que l’Egypte accueille ce forum confirme sa volonté de coopérer avec les pays du monde en vue de réaliser un essor scien­tifique et technologique. C’est dans ce contexte que le président Sissi a lancé la plateforme des sciences et de la technologie des­tinée à installer un système natio­nal d’innovation. Il s’agit de créer, en coopération avec le ministère de l’Enseignement supérieur, un site Internet fournissant un accès libre à des articles scientifiques, qui aide à la communication entre les chercheurs, les académiciens aux niveaux local et international, les secteurs gouvernementaux et industriels en sus des entreprises émergentes et des institutions financières, pour devenir « un système national d’innovation ». D’ailleurs, le ministre de l’Ensei­gnement a déclaré que l’Egypte soutenait la création d’une alliance entre les universités arabes et celles de l’Asie centrale, pour servir les questions liées à l’enseignement et à la recherche scientifique. Sayed Tagueddine, doyen de la faculté d’ingénierie de l’Université du Caire, estime que la présence à ce forum d’un grand nombre de pays arabes et étrangers a été une chance pour échanger et explorer les expé­riences des pays développés et tirer profit de leurs plans de réforme de l’enseignement et de la recherche scientifique, un objectif auquel l’Egypte accorde un grand intérêt. « L’Egypte est plus que jamais convaincue de l’importance d’investir dans ces domaines pour réaliser un véri­table développement lui permet­tant de rattraper les pays déve­loppés », explique Tagueddine. A noter que selon le rapport de la compétitivité mondiale pour l’an­née 2018, en matière de capacité à l’innovation, l’Egypte est passée à la 64e place (sur 140 pays) par rapport à la 109e en 2017. Une avancée notable.

Les participants au forum ont également discuté des défis aux­quels sont confrontés l’enseigne­ment supérieur et la recherche scientifique au niveau internatio­nal, des défis imposés par la transformation au numérique. Il s’agit notamment des défis rela­tifs à la qualification des diplô­més pour le marché du travail, l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur et l’amélioration du classement des universités égyptiennes à l’échelle mondiale. A cet égard, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Khaled Abdel-Ghaffar, a signé, lors du forum, des accords avec deux des plus grandes entreprises de la transfor­mation numérique portant sur la formation de 10 000 étudiants universitaires sur les manuels numériques.

Au service du développement

Autre thème, la quatrième révo­lution industrielle et ce qu’elle implique. Ayant pour potentiel d’augmenter les revenus et d’améliorer la qualité de vie des populations à travers le monde, cette quatrième phase des révolu­tions technologiques porte sur la fusion des technologies qui gomme les frontières entre les sphères physique, numérique et biologique. Mohie Mansour, ancien vice-recteur de l’Univer­sité de Béni-Soueif, explique que pour pouvoir rejoindre cette qua­trième révolution industrielle, l’Egypte doit commencer par déterminer ses enjeux et ses prio­rités. « Vu l’écart entre les pays avancés en ce domaine et l’Egypte, elle doit commencer par définir des secteurs dans les­quels elle a déjà réalisé des avan­cées tels que la nanotechnologie, une science qui peut être exploi­tée pour développer les secteurs de la santé, industrielle, environ­nementale ou même militaire. Il faut donc poursuivre les recherches sur fond des résultats réalisés. Et là, il est important de noter qu’il faut toujours lier la recherche scientifique aux besoins des plans du développe­ment et de l’industrie », estime l’expert. Il ajoute que l’Etat doit se doter d’une stratégie intégrale instrumentalisant la recherche scientifique au service du déve­loppement des secteurs vitaux tels que la santé, l’agriculture, la technologie et l’industrie. « Lier entre l’industrie et la recherche scientifique contribue à assurer le transfert de technologie et développer l’économie, mais aussi à consolider la compétitivi­té des entreprises. Et c’est pour­quoi l’édification d’un modèle de développement à haut contenu technologique et l’impulsion de l’investissement et de l’économie doivent figurer désormais sur les priorités du gouvernement », appelle Mansour.

Concernant l’intelligence artifi­cielle, le gouvernement a annoncé, en janvier dernier, la mise en place d’une stratégie nationale portant sur la création d’une académie pour l’intelligence artificielle en Egypte chargée de développer ce domaine et de devenir un pays producteur. Or, selon des experts, le manque de financement consti­tue un principal défi face à ce pro­jet. Ce domaine technologique assez sophistiqué concerne l’en­semble des théories et des tech­niques devant être mises en oeuvre en vue du processus industriel. « Ainsi, plutôt que d’avoir recours à l’importation, les entreprises peuvent, en coopération avec les universités égyptiennes, lancer de nouvelles innovations. En échange, l’Etat peut fournir à ces entre­prises des facilités en termes d’im­pôts », propose l’expert. Selon lui, l’Egypte doit aussi procéder à la réforme de l’infrastructure techno­logique telle que l’IT (technologie de l’information) ou le réseau Internet qui souffrent toujours de graves problèmes. Des difficultés qui n’empêchent pas l’Egypte de franchir des pas sur la voie du développement scientifique et technologique, même s’il reste beaucoup à faire.

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