Réunis en Tunisie pour leur 30e sommet, les pays arabes ont atteint leur objectif d’unité sur le Golan. Sans plus. Dans leur communiqué final, les dirigeants arabes ont rejeté et dénoncé la reconnaissance américaine de la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, conquis à la Syrie en 1967 puis annexé en 1981. «
Il est vrai que l’Amérique est la plus forte force militaire dans le monde mais sa décision n’a absolument aucune valeur », a indiqué le secrétaire général de la Ligue, M. Aboul-Gheit. Mais à part le Golan, la question syrienne plus généralement reste délicate pour les Arabes. En effet, la question du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe n’était pas à l’ordre du jour officiel du Sommet de Tunis. Le statut de membre de la Syrie au sein de cette institution est suspendu en raison de la guerre qui sévit dans ce pays depuis 2011. Des pays arabes ont toutefois récemment montré leur volonté de se rapprocher du régime de Bachar Al-Assad, alors que ce dernier tente depuis plusieurs mois un retour sur la scène diplomatique, après avoir reconquis les deux tiers du territoire syrien. Selon Mahmoud Afifi, porte-parole du secrétaire général de la Ligue arabe, «
la crise syrienne était au menu des discussions, aux côtés d’autres dossiers, telles la situation en Libye, au Yémen, au Soudan, la question palestinienne ainsi que les ingérences iraniennes dans les affaires des Etats arabes. Les discussions récentes autour du retour de la Syrie au sein de l’organisation n’avaient abouti à aucun consensus ».
« Comme d’habitude, les pays arabes n’arrivent pas à se mettre d’accord pour régler leurs différends, et la question du retour ou non de la Syrie au sein de l’organisation divise toujours. C’est pour cela qu’elle n’était pas à l’ordre du jour », explique Dr Mona soliman, professeure à la faculté d’économie et de sciences politiques à l’Université du Caire. Selon l’analyste, en revanche, « ce sommet était quelque peu différent dans le sens où les dirigeants arabes, étant conscients de la difficulté de s’unir autour d'une seule position, ont trouvé un compromis et ont commencé à l’appliquer au cours de ce sommet : si certains pays s’entendent sur un quelconque sujet ou projet, ils y oeuvrent. Par exemple, l’Egypte, la Jordanie et les Emirats ont signé un accord conjoint sur un projet énergétique. L’accord a été signé par les dirigeants en marge de la rencontre de Tunis et va être appliquer dans les mois à venir. Et ces trois pays ont laissé la porte ouverte à d’autres pays pour les rejoindre », explique Dr Soliman.
Les discussions ont donc porté sur les crises habituelles sans plus. En revanche, aucun progrès n’a été fait sur les différends opposant le Qatar à l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes. Le Sommet de Tunis a certes permis de rassembler le roi Salman d’Arabie saoudite, reçu en grande pompe depuis jeudi, et l’émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, arrivé parmi les derniers, dimanche 31 mars au matin. Mais le second a quitté prématurément les travaux l’après-midi, après avoir assisté à la cérémonie d’ouverture. Alors que plusieurs dirigeants venaient d’appeler à dépasser les différends, l’émir du Qatar est sorti de la salle au moment où s’exprimait Ahmad Aboul-Gheit, et a quitté la Tunisie. Le Qatar est soumis depuis juin 2017 à un blocus économique et diplomatique de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de Bahreïn et de l’Egypte, qui ont rompu tout lien avec l’émirat. Riyad et ses alliés accusent Doha de ne pas prendre assez de distance avec l’Iran, puissance régionale chiite rivale de l’Arabie saoudite sunnite, et de soutenir des groupes islamistes radicaux.
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