Tenu dans un contexte régional tendu, le 30e Sommet arabe à Tunis revêt une importance particulière. D’où l’intérêt accordé par l’Egypte, représentée par le président Abdel-Fattah Al-Sissi à ce sommet. Le Caire joue, en effet, un rôle axial dans la région. «
Notre sommet se tient à un moment crucial où les défis et les menaces qu’affronte la région se multiplient et les moyens d’y faire face se compliquent », a averti le président Sissi lors de son allocution devant le sommet. Le chef de l’Etat a exhorté la communauté internationale à promouvoir «
une solution équitable de la cause palestinienne » et à «
trouver des solutions politiques susceptibles de rétablir la stabilité et la sécurité dans la région ».
« L’injustice continue, dont est victime le peuple palestinien, sera une honte pour la communauté internationale », a estimé le président Sissi. « Il faut reconnaître que la réalisation de la paix dans la région et dans le monde passe avant tout par l’identification de solutions équitables et globales garantissant les droits du peuple palestinien, dont celui d’instaurer un Etat indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale. Par ailleurs, il faut préserver l'intégrité du territoire syrien. Le plateau du Golan, occupé, doit revenir à la Syrie, afin de libérer tous les territoires arabes occupés et tourner cette page du conflit israélo-arabe qui a épuisé la nation pendant 7 décennies », a insisté le président, rejetant la récente reconnaissance par l’Administration américaine de la souveraineté d’Israël sur le plateau syrien du Golan.
Le chef de l’Etat a souligné que les Arabes avaient choisi la paix et avaient présenté une initiative globale de paix en contrepartie de la libération des territoires arabes occupés. Ils tendent toujours la main à tous ceux qui veulent établir une paix équitable. « N’est-il pas temps d’arrêter l’effusion de sang arabe ? N’est-il pas temps de trouver un règlement arabe aux crises de la région qui préserve la sécurité de nos pays arabes ? », s’est demandé le président Sissi, appelant à accélérer les efforts en vue de parvenir à un règlement des crises régionales. Concernant la Syrie, il a appelé à entamer immédiatement les négociations sur base de l’accord de Genève pour parvenir à un règlement global de la crise syrienne, garantissant l’unité de ce pays et sa sécurité régionale. « L’objectif est de réaliser les ambitions légitimes du peuple syrien à reconstruire son pays et à éliminer le terrorisme. Ce qui manque pour régler la crise syrienne c’est la volonté d’établir la paix et de rapprocher les protagonistes syriens », a précisé le président.
Concernant la Libye, il a appelé à mettre en oeuvre le plan des Nations-Unies sur le règlement de la crise libyenne, approuvé par le Conseil de sécurité il y a 18 mois. Il a surtout souligné l’importance de voir la volonté politique primer sur les intérêts particuliers et placer les intérêts de la Libye au-dessus des surenchères politiques et les intérêts personnels. « La communauté internationale est appelée à faire preuve de fermeté vis-à-vis de certaines forces impliquées depuis toujours dans l’envoi des combattants et des armes en Libye et dans le soutien aux organisations terroristes sans contrôle et en toute impunité », a-t-il mis en garde. Par ailleurs, le président a exprimé le soutien de l’Egypte à l’accord de Stockholm, conclu en décembre dernier en tant que prélude aux négociations visant à parvenir à un règlement définitif de la crise yéménite. Pour rappel, cet accord prévoit, notamment, un cessez-lefeu dans la province de Hodeida sur la mer Rouge et le redéploiement mutuel des forces houthies et de la coalition sunnite.
La menace terroriste guette la région
Sur un autre volet, selon le président Sissi, le défi posé par la prolifération du terrorisme n’est pas moins important que celui des conflits armés qui déstabilisent le Moyen-Orient. « La lutte contre le terrorisme nécessite une approche globale basée sur les décisions de la Ligue arabe dont celle relative à la stratégie arabe de lutte contre ce fléau, adoptée lors du précédent Sommet arabe à Dhahran en Arabie saoudite », a indiqué le président, mettant en garde contre les répercussions des crises soulevées par le terrorisme dans certains pays arabes. « Le monde arabe fait face à de multiples crises qui ont surgi il y a huit ans dans plusieurs pays arabes, tels la Syrie, la Libye et le Yémen.
Ces crises ont provoqué des divisions et encouragé le sectarisme et le terrorisme qui sont des menaces substantielles à l’existence de l’Etat national et des institutions nationales dans les pays arabes », a affirmé le président, mettant en garde contre l’ingérence de certaines puissances régionales dans les affaires arabes et leur volonté de semer le sectarisme dans les pays arabes. « Une grande responsabilité incombe aux leaders arabes en vue de relever ces défis.
Nous assumons cette responsabilité devant les futures générations », a ajouté le président. Selon lui, cette lutte contre le terrorisme n’aboutira pas, si elle n’englobe pas un « renouvellement du discours religieux de manière à refléter les principes tolérants des religions ainsi que les principes humains qui rejettent la violence et le massacre des innocents », a-t-il affirmé. Un diagnostic précis des défis auxquels est confrontée la région arabe.
Il reste que si la nature, les causes et les moyens de règlement des crises de la région sont connus, « ce qui manque vraiment, c’est la volonté politique, le sincère désir de surmonter les différends interarabes et de donner la priorité aux intérêts nationaux sur les autres intérêts », a dit le président Sissi, appelant les pays arabes à s’engager dans le processus de règlement des crises de la région pour tourner une page épineuse et commencer une nouvelle ère de développement et de prospérité.
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