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Munich, nouvelles perspectives de coopération

May Al-Maghrabi, Mardi, 19 février 2019

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a participé, du 15 au 17 février, à la Conférence de Munich sur la sécurité 2019. Terrorisme et immigration illégale ont été au centre des discussions. Bilan.

Munich, nouvelles perspectives de coopération
Le président Sissi a mis l’accent sur « l’importance de la coopération entre l’Afrique et l’Europe face aux défis sécuritaires ».

« La participation du prési­dent Abdel-Fattah Al-Sissi est un événement histo­rique, étant le président de l’Egypte et de l’Union Africaine (UA). C’est l’occasion de discuter avec lui des moyens de remodeler le partena­riat stratégique entre l’Europe et l’Afrique », a indiqué, samedi, Wolfgang Ischinger, président de la Conférence de Munich sur la sécurité (MSC). Des déclarations faites à l’oc­casion de la participation du président Sissi à la 55e édition de la MSC, l’une des plus importantes plateformes de politiques de sécurité, tenue pour la première fois en 1963.

Cette année, la MSC se tient en présence de 35 chefs d’Etat et de gou­vernements, 50 ministres des Affaires étrangères, 30 ministres de la Défense et 600 experts militaires, sécuritaires, stratégiques et diplomatiques. Objectif : passer en revue les moyens de faire face aux défis qu’affronte la planète. Le président Sissi est le pre­mier président non européen à pro­noncer un discours à la séance inau­gurale. Et cela « en reconnaissance au rôle de l’Egypte, surtout en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, l’immigration clandestine et l’instau­ration de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient », comme l’affirme Tareq Fahmi, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. C’est dans ce contexte et surtout à la lumière de la présidence de l’Egypte de l’UA en 2019 que la participation du président Sissi à la MSC acquiert une importance particulière dans la mesure où elle met l’accent sur « l’im­portance de la coopération entre l’Afrique et l’Europe en vue de relever les défis sécuritaires et politiques en Afrique, dont les conséquences se répercutent sur l’Europe ».

Les priorités de l’Egypte

La lutte contre le terrorisme, la migration illégale, la cause israélo-palestinienne, la crise en Libye et le développement de l’Afrique ont été parmi les priorités de l’Egypte. Ces questions ont été abordées par le pré­sident Sissi dans son discours pro­noncé samedi à la MSC. « Cette conférence importante se tient à une période où les menaces planent sur le monde : la propagation du terrorisme et de l’extrémisme, la progression du crime organisé, mais aussi les chan­gements climatiques, la pénurie d’eau, et d’autres », a souligné le président Sissi. « Des défis qui sont surtout observés au Moyen-Orient et en Afrique et qui ont donné lieu à une crise économique, à une instabilité des marchés financiers et à des dettes croissantes. Les liens historiques entre l’Afrique et l’Europe, les aspects géopolitiques et les défis communs favorisent la consolidation de leur partenariat », a déclaré le président Sissi, qui a exprimé la volonté de l’Egypte, en tant que pays axial au Moyen-Orient et président de l’UA, de traduire les préoccupations des peuples africains, en vue d’établir la stabilité en Afrique et d’y promouvoir le développement.

Appel à une action commune

Parmi les défis qui exigent un ren­forcement de la coordination entre l’Afrique et l’Europe, l’instabilité de la région arabe et ses conséquences sur l’Europe, notamment la progres­sion de l’immigration illégale vers les pays européens. Sur ce dossier, l’Egypte est un partenaire-clé de l’Eu­rope, dont les efforts ont réussi à frei­ner le flux migratoire à travers la Méditerranée vers l’Europe. « Depuis septembre 2016, aucun cas de migra­tion illégale à travers la Méditerranée n’a été recensé depuis les côtes égyp­tiennes », a affirmé le président Sissi, ajoutant que les efforts déployés par l’Egypte en vue d’endiguer ce phéno­mène ont donné des résultats positifs. L’Egypte est l’Etat modèle avec lequel l’Union Européenne (UE) entend renforcer sa coopération en matière de lutte contre la migration illégale sur les plans de la sécurité, de l’échange d’information et du déve­loppement. Le dossier sera abordé au Caire à partir du 22 février, lors de la Conférence de la Ligue arabe-UE qui devrait permettre « une meilleure coordination entre les pays arabes et l’Europe sur ce dossier », comme a souhaité le président.

Le terrorisme est un autre dossier commun non moins important que celui de l’immigration illégale qui exige une plus grande coordination entre l’Afrique et l’Europe. « Qui finance et soutient les combattants étrangers? », s’est demandé le prési­dent, appelant la communauté inter­nationale à combattre le terrorisme sur tous les fronts.

Etalant la stratégie de l’Egypte en matière de lutte antiterroriste, le prési­dent a dit qu’il était le premier chef d’Etat musulman à appeler au renou­vellement du discours religieux rigide qui alimente l’extrémisme.

« Le monde entier doit s’attaquer aux racines idéologiques qui alimen­tent le terrorisme », a dit le président Sissi, exhortant la communauté inter­nationale à agir fermement contre l’utilisation par les groupes terroristes, des réseaux sociaux et des moyens de télécommunication modernes pour répandre la pensée extrémiste et recruter de nouveaux éléments. Concernant l’importance de préserver les institutions des Etats, le président a averti que « le terrorisme prospère là où les régimes chutent ou faiblis­sent ».

Sur ce dossier, l’expert militaire Nasr Salem met en relief l’impor­tance de la participation de l’Egypte à la MSC, plus important forum inter­national de sécurité. Munich a été une occasion pour l’Egypte de passer en revue sa stratégie de lutte antiterro­riste et de convaincre la communauté internationale de la nécessité d’une action commune contre le terrorisme, une menace qui n’a plus de frontières. « L’approche de l’Egypte est basée sur une vision intégrale visant à éli­miner tous les facteurs substantiels au niveau idéologique, social et poli­tique alimentant le terrorisme. Et ce, parallèlement aux efforts visant à couper les sources financières et logistiques dont profitent les groupes terroristes pour proliférer », explique Salem, soulignant que le discours du président a mis l’accent sur cette stra­tégie.

Sécurité et paix

« Les efforts déployés par l’Egypte pour trouver des solutions politiques aux crises régionales émanent de sa conviction que la sécurité de la région est liée à la sécurité nationale égyp­tienne et affecte également la sécurité du monde entier », a indiqué le prési­dent, soulignant l’importance de l’ini­tiative « Faire taire les armes en Afrique d’ici 2020 », pour instaurer la paix et la stabilité, et faire avancer les plans de développement sur le conti­nent. Par ailleurs, il a averti que sans une solution équitable à la cause palestinienne, il ne sera jamais pos­sible de parvenir à la stabilité au Moyen-Orient. « Les Palestiniens ont le droit de fonder un Etat à l’intérieur des frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale », a insisté le prési­dent Sissi, exhortant la communauté internationale à « unir leurs efforts afin de promouvoir une solution à deux Etats ». « C’est la clé pour éta­blir des relations régionales », a-t-il affirmé. Sur la Libye, foyer d’instabi­lité, le président a insisté sur l’impor­tance d’unifier l’armée libyenne. Le chef d’Etat a conclu en affirmant que parvenir à un terrain d’entente entre les pays arabes et l’Europe sur la sécurité et le développement requiert davantage de dialogue En marge de la conférence, le président a rencontré un certain nombre de chefs d'entre­prises allemandes et internationales, notamment Mercedes Benz et BMW. Le chef d'Etat a salué le retour de Mercedes Benz en Egypte et a discuté la coopération bilatérale en matière d'industrie automobile.

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