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Presse : Des élections sur fond de crise

May Atta, Mardi, 12 février 2019

Ouverte le 10 février, la porte des candidatures pour les élections du syndicat des Journalistes se referme ce mercredi 13 février. Le scrutin aura lieu le 1er mars.

Presse : Des élections sur fond de crise
Les élections du syndicat se tiennent au moment où la presse écrite est confrontée à de multiples défis.

Ouverte le 10 février, la porte des candidatures pour les élections bien­nales du syndicat des Journalistes se referme ce mercredi. Les journalistes sont appelés à choi­sir le président du syndicat pour les deux années à venir, et à renouveler la moitié du conseil d’administration (6 membres sur 12) du syndicat des Journalistes. Les élections auront lieu le premier mars si le quorum (50 %+1) de l’Assemblée générale est atteint. Sinon, les élections se tiendront deux semaines plus tard, en présence de 25 % de l’Assemblée générale. D’ailleurs, un second tour est prévu si aucun des candidats en lice pour la présidence du syndicat n’obtient pas plus de la moitié des voix au premier tour.

Ces élections se tiennent au moment où la presse écrite est confrontée à de multiples défis : hausse du prix du papier, baisse des recettes publicitaires, diffusion de la presse numérique au détriment de celle en papier, recul du niveau professionnel des journa­listes. La liste est longue. Selon l’Agence centrale pour la mobili­sation publique et les statistiques (CAPMAS), la distribution des journaux en Egypte a reculé de 50 % entre 2010 et 2018.

Une situation grave qui a causé la fermeture de certains journaux et le licenciement de nombreux journalistes. D’où l’importance de ces élections pour les journa­listes et la difficulté pour les candidats censés relever ces défis. Deux candidats ont annon­cé d’emblée qu’ils se retiraient de la course à la présidence du syndicat. Il s’agit de Abdelmohsen Salama, président actuel du syndicat et PDG de la fondation d’Al-Ahram, et Mohamad Al-Barghouti, direc­teur de rédaction du quotidien Al-Watan. Dans un revirement subit, Abdelmohsen Salama a annon­cé, jeudi 7 février, qu’il n’envisageait plus briguer un second mandat à la tête du syndicat. Salama a justifié sa décision par le fait qu’il a accompli, au cours de son mandat de deux ans, « de nombreuses réalisations pour les journalistes et le métier de journa­liste ». Salama pense que mieux vaut « laisser la chance à de nouvelles figures pour assumer cette responsa­bilité syndicale ». Quant à Mohamad Al-Barghouti, il a annoncé qu’il s’était retiré en raison de « la situa­tion de la presse écrite qui s’est dété­riorée à tel point que le syndicat ne peut, seul, relever le défi ». « Sans une intervention forte du gouverne­ment, le métier ne pourrait survivre et le syndicat des Journalistes, quel que soit son président, ne peut pas faire grand-chose pour remédier aux crises actuelles », avoue Al-Barghouti.

Avec le retrait de Salama et d’Al-Barghouti, 5 candidats restent en lice pour les élections du 1er mars. Il s’agit de Diaa Rachwan, président de l’Or­ganisme général de l’information et ancien président du syndicat, Réfaat Rachad, membre du conseil d’admi­nistration du quotidien Al-Akhbar, Abdel-Nabi Abdel-Sattar, membre du conseil d’administration du syndicat, Sayed Al-Eskandarani, adjoint du rédacteur en chef du quotidien Al-Gomhouriya et Mohamad Youssef, rédacteur en chef du journal Al-Midan. Au 1er jour de l'ouverture de la porte de la candidature, 23 can­didats étaient en lice pour le conseil d'administration. Les candidats s’en­gagent à améliorer le statut salarial et professionnel des journalistes. Diaa Rachwan, qui a de grandes chances de remporter les élections étant donné sa carrière syndicale et journalistique, estime, dans un communiqué, que « les défis auxquels est confronté le métier exigent, de la part des journa­listes, de resserrer les rangs pour pouvoir les surmonter ». « C’est en défendant la liberté d’expression et en revenant au professionnalisme que le syndicat fera face aux défis », a ajouté Rachwan, qui n’a pas encore révélé son programme électoral. Pour sa part, Rachad a annoncé que sa priorité sera accordée à la modifica­tion de la loi sur le syndicat des Journalistes de façon à garantir la liberté de la presse. Quant à Abdel-Sattar, il a déclaré que sa priorité serait « le soutien d’environ 2 000 journalistes licenciés que le syndicat n’a pas soutenus ».

Vision créative

Selon le journaliste Gamal Abdel-Réhim, membre de l’actuel conseil du syndicat et candidat au nouveau conseil, le prochain président du syn­dicat et son conseil d’administration doivent avoir une vision créative pour pouvoir s’attaquer aux problèmes multiformes dont souffre la presse en papier. « La presse en papier doit changer de peau au niveau du fond et de la forme pour pouvoir résister à l’invasion de la presse numérique. Le syndicat doit organiser des stages de formation pour développer les apti­tudes des journalistes et améliorer leur niveau professionnel », estime Abdel-Réhim, qui affirme que le développement des ressources humaines est au centre de son pro­gramme électoral.

Concernant l’amélioration du sta­tut salarial des journalistes, Hatem Zakariya, membre du conseil d’ad­ministration du syndicat, pense que le syndicat, à lui seul, ne peut pas relever ce défi. « Les entreprises de presse assument une partie de la responsabilité. Elles doivent procé­der à une restructuration en dimi­nuant le nombre de publications, ce qui permettra de réduire les frais d’imprimerie et d’augmenter les salaires. Le syndicat doit aussi négocier avec le gouvernement la possibilité de subventionner l’encre, le papier et les frais d’impression, qui ont triplé », propose Abdel-Réhim. D’ailleurs, il trouve que le nouveau président élu du syndicat et son conseil d’administration doi­vent appliquer la décision de collec­ter 10 % des revenus publicitaires des entreprises de presse pour aug­menter les ressources du syndicat. En ce qui concerne la protection syndicale pour les journalistes, l’écrivaine et syndicaliste chevron­née, Farida Al-Naqqach, appelle à modifier la loi du syndicat de manière à ce que ce dernier soit partie prenante dans le contrat entre le journaliste et l’entreprise de presse.

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