Le 25 janvier est-il la Fête de la police ou celle de la révolution de 2011? Un classique débat que ranime chaque année la commémoration de cette journée qui jusqu’en 2011 n’était que la Fête de la police. A cette occasion, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a fait un discours le 23 janvier, à l’Académie de police. Le chef de l’Etat a salué les efforts et les sacrifices de la police et de l’armée, toujours engagées dans la lutte contre le terrorisme.
La Journée nationale de la police marque la bataille menée par les forces de police en 1952 contre les forces d’occupation britanniques dans la ville d’Ismaïliya, sur la rive ouest du Canal de Suez. Les Britanniques, qui ont occupé l’Egypte de 1882 à 1956, avaient averti les forces égyptiennes d’évacuer la zone pour prendre le contrôle du canal, mais les forces de police ont refusé de se retirer ou de céder leurs armes, menant un combat qui a coûté la vie à des dizaines de policiers, mais qui s’est soldé par le retrait des forces britanniques du champ de bataille. « La bataille d’Ismaïliya incarne parfaitement la personnalité égyptienne qui souhaite la paix et qui est capable de lutter avec courage pour défendre sa patrie, qui est patiente mais en même temps solide face aux crises », a estimé le président, affirmant que l’Egypte a été confrontée au cours des dernières années aux défis les plus difficiles de son histoire. « Les tentatives désespérées des groupes terroristes de saper le pays et d’y propager le terrorisme se sont heurtées à un peuple, des forces armées et une police au caractère irréductible », a déclaré le président, affirmant que l’Egypte est déterminée à poursuivre son combat pour le développement et la sécurité.
A cet égard, le ministre de l’Intérieur, le général Mahmoud Tawfiq, a souligné, lors de la cérémonie, que les coups préventifs contre les groupes terroristes ont permis de diminuer considérablement le nombre d’attaques terroristes, qui se limitent actuellement à des opérations individuelles. Le président Sissi a de même honoré les familles des victimes de la police et de l’armée, affirmant que l’Egypte « n’oublie pas tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour la défense de la patrie ».
Par ailleurs, le président Sissi a félicité le peuple à l’occasion de l’anniversaire de la révolution du 25 janvier. Une révolution qui a reflété l’aspiration des Egyptiens à un meilleur avenir ainsi qu’à une vie digne, a estimé le président. Et d’ajouter qu’aujourd’hui le pays avance vers l’avenir à pas sûrs. « Suite à une période de troubles, le pays a retrouvé la stabilité et se tourne vers l’avenir avec un plan ambitieux de développement et de réforme économique », a déclaré le président, soulignant la détermination de l’Etat à poursuivre les efforts de lutte antiterroriste, de lutte contre la corruption et de renforcement des institutions de l’Etat.
Un débat qui n’a pas de sens
Le député Achraf Rachad, président du parti Mostaqbal Watan, trouve que les Egyptiens sont aujourd’hui plus conscients que jamais des menaces auxquelles le pays est confronté. « Le peuple égyptien, héros de la révolution de 2011, est aujourd’hui en première ligne pour faire face aux complots auxquels l’Egypte est confrontée », indique Rachad.
Contrairement aux années qui ont suivi la révolution et qui ont été marquées par de multiples manifestations, cette année, il n’y a eu aucun rassemblement, même sur la place emblématique de Tahrir, autrefois noircie de gens. D’ailleurs, aucune force politique n’a participé à la commémoration de la révolution. Le député Tareq Al-Khouli, l’une des figures de la révolution de 2011, estime qu’après des années de troubles post-révolutionnaires, de désordre sécuritaire, d’instabilité politique, économique et sécuritaire, le peuple opte aujourd’hui pour la stabilité et le développement. Selon lui, l’Egypte a connu des changements politiques et sociaux qui ont satisfait les revendications de la révolution du 25 janvier. « L’Egypte d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. Les principes de la révolution ont été traduits en une Constitution qui favorise les libertés, la justice sociale, les droits des ouvriers et qui réduit les pouvoirs du président de la République. Des acquis qui ont contribué à l’instauration d’un régime démocratique, basé sur le pluralisme et l’alternance au pouvoir », pense Al-Khouli.
Il trouve que le débat sur le fait de savoir si le 25 janvier est la Fête de la révolution ou de la police n’a pas de sens. « Il serait immoral que les forces révolutionnaires qui ont lutté pour des principes légitimes et un meilleur avenir désavouent la célébration de la Journée de la police. Beaucoup de policiers ont payé de leur vie pour défendre le pays », conclut Al-Khouli.
Lien court: