L'Egypte soutient la stabilité et la sécurité du Soudan.
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu, dimanche, son homologue soudanais, Omar Al-Béchir, arrivé au Caire pour une visite d’un seul jour. Les négociations entre les deux présidents ont été axées sur les préoccupations mutuelles et les développements en cours dans les régions arabe et africaine.
Une conférence de presse conjointe s’est tenue après la séance de pourparlers lors de laquelle les deux présidents ont annoncé le maintien de la coordination aux niveaux bilatéral, régional et international. « L’Egypte soutient la stabilité et la sécurité du Soudan, qui représente une partie intégrante de la sécurité nationale égyptienne », a affirmé le président Sissi à son homologue soudanais. Pour sa part, le président Al-Béchir, dont le pouvoir fait l’objet d’une contestation populaire depuis plus d’un mois, a souligné l’importance du soutien de l’Egypte à la stabilité de son pays. « Nous apprécions beaucoup la position de l’Egypte sur cette crise », a relevé Al-Béchir, citant notamment les récentes rencontres entre les hauts responsables des deux pays. Il a surtout reproché aux médias d’avoir exagéré l’ampleur des manifestations. « On ne peut pas nier qu’il y a un problème au Soudan, mais il n’a pas les dimensions que les médias lui ont donné », a estimé Al-Béchir.
Les deux présidents ont de même passé en revue les mécanismes d’application de l’accord de paix au Soudan du Sud. Cet accord a été signé par le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et les factions rebelles en septembre 2018 dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba. Le but est de mettre fin à la guerre civile qui a éclaté depuis l’indépendance du pays en 2011. « La stabilité du Soudan du Sud est importante pour la sécurité de l’Afrique centrale et des pays du bassin du Nil », a affirmé le président Sissi à son homologue Al-Béchir. Participant aux forces de maintien de la paix au Soudan du Sud, l’Egypte est engagée en faveur du rétablissement de la paix au Soudan du Sud. Le 17 janvier, le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, était au Caire pour coordonner les efforts de paix avec le président Sissi.
Coopération autour du Nil
Au niveau de la coopération bilatérale, les deux présidents ont discuté de la mise en oeuvre de 12 accords signés lors des réunions des comités présidentiels tenus en octobre dernier à Khartoum en matière d’énergie, d’électricité, de transports routier, aérien et maritime, de sécurité alimentaire, d’infrastructures et d’investissements. « Nous avons abordé la promotion de la coopération bilatérale, en particulier dans le domaine économique », a déclaré le président Sissi. Pour sa part, le président Al-Béchir a souligné que « depuis l’élection du président Sissi, les relations entre les deux pays ont connu un grand essor ».
D’ailleurs, les discussions ont abordé les recommandations de la Commission permanente égypto-soudanaise pour l’eau du Nil qui a eu lieu au Caire en décembre. Un dossier qui a une importance particulière pour l’Egypte qui souffre d’un déficit hydraulique et qui craint que l’achèvement du barrage éthiopien de la Renaissance n’affecte son quota d’eau. « Le Soudan ne permettra aucune atteinte à la sécurité hydraulique de l’Egypte », a déclaré Al-Béchir. Sur la répartition des eaux du Nil, il s’est engagé à intervenir auprès de l’Ethiopie pour assurer à l’Egypte, comme au Soudan, sa juste part des eaux du Nil. Les deux présidents ont notamment affirmé l’importance de parvenir à un accord sur le barrage de la Renaissance dans le plus bref délai. Sur un autre volet, le président Al-Béchir a exprimé son plein soutien à la présidence égyptienne de l’Union Africaine (UA) en 2019, affirmant qu’elle permettra de renforcer l’unité africaine et les mécanismes de travail de l’UA.
Selon Hamdi Abdel-Rahman, directeur du Centre des études africaines, le résultat le plus important de ce sommet a été l’annonce de la position du Soudan vis-à-vis du dossier du barrage éthiopien. « Il était très positif que le président Béchir annonce qu’il n’admettrait pas que le barrage de la Renaissance affecte les droits de l’Egypte ou du Soudan dans les eaux du Nil. Une position rassurante pour l’Egypte parce que la position floue adoptée autrefois par le Soudan laissait craindre qu’il penchait plutôt du côté de l’Ethiopie, surtout que le barrage éthiopien affecte beaucoup moins le Soudan qui a d’autres sources d’eau », estime Abdel-Rahman. Il ajoute que l’entente entre l’Egypte et le Soudan sur le dossier du partage de l’eau sur la base de l’accord de 1959 devrait permettre de parvenir à un consensus avec l’Ethiopie sur le dossier du barrage de la Renaissance. Il conclut que les déclarations des deux présidents reflètent un consensus sur les dossiers bilatéraux dont ceux hydraulique, politique, sécuritaire et économique. « Ce rapprochement est indispensable non seulement pour protéger les droits hydrauliques des deux pays et leurs intérêts mutuels, mais aussi pour assurer la sécurité de la mer Rouge et celle de la Corne de l’Afrique, une zone stratégique pour la sécurité de l’Egypte », conclut le spécialiste.
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