Le Caire fournira à Amman, au cours de l’année 2019, 50 % du gaz nécessaire à sa production d’électricité.
Le président abdel-fattah al-sissi s’est rendu, dimanche 13 janvier, en Jordanie pour une visite éclair d’un jour au cours de laquelle il s’est entretenu avec le roi Abdallah II du renforcement des relations bilatérales ainsi que des derniers développements sur la scène régionale. A son arrivée, le président a été accueilli par le monarque hachémite ainsi qu’un nombre de ministres et hauts responsables jordaniens. Les deux présidents ont ensuite tenu une séance de négociations à huis clos suivie d’une autre séance à laquelle ont participé les délégations des deux pays.
« La visite du président Sissi à Amman s’inscrit dans le cadre des consultations régulières entre les deux pays », a déclaré Bassem Radi, porte-parole de la présidence, dans un communiqué. Le roi Abdallah II a mis l’accent sur le rôle primordial de l’Egypte dans la région. « Le monarque jordanien a salué le rôle axial de l’Egypte dans la région ainsi que ses efforts pour consolider la stabilité et lutter contre le terrorisme à un moment où toute la région est confrontée à des défis affectant sa stabilité et sa sécurité », a rapporté Radi. De son côté, le président Sissi a réaffirmé la solidité des relations égypto-jordaniennes et l’importance de promouvoir une action arabe commune pour relever les défis auxquels la région est confrontée. Il s’agit du 14e sommet entre le président Sissi et le roi Abdallah depuis 2014, « ce qui reflète la qualité des relations entre les deux pays », a affirmé le porte-parole de la présidence.
Reprise des exportations de gaz
Les deux chefs d’Etat ont convenu de renforcer la coopération dans les domaines de l’énergie et du commerce. Un accord a été signé en vue d’amender les mémorandums d’entente conclus par les compagnies de gaz naturel des deux pays. En vertu de cet accord, l’exportation du gaz naturel égyptien à la Jordanie reprendra. Le Caire fournira à Amman, au cours de l’année 2019, 50% du gaz nécessaire à sa production d’électricité (contre 10% dans l’ancien accord). A noter que l’exportation du gaz égyptien à la Jordanie avait été suspendue en 2011 à cause de la destruction d’un gazoduc dans le Sinaï par Daech. En ce qui concerne la coopération économique, les deux parties ont discuté des perspectives d’augmenter le volume des échanges commerciaux, actuellement de 614 millions de dollars, alors que les investissements jordaniens en Egypte sont estimés à 2,27 milliards de dollars. Selon les experts, les horizons de coopération économique sont prometteurs, notamment dans les domaines de l’énergie, du transport et de l’industrie pharmaceutique.
Les dossiers régionaux
Le sommet égypto-jordanien a été dominé par les dossiers régionaux d’intérêts communs, notamment la cause palestinienne. Les deux dirigeants ont appelé à l’arrêt de l’escalade israélienne dans les Territoires occupés ainsi qu’à la reprise des négociations de paix palestino-israéliennes sur la base de la solution des deux Etats et de l’initiative de paix arabe. Le prédisent Sissi et le roi Abdallah II ont également évoqué la situation en Syrie dans la perspective du retrait américain. Ils ont souligné l’importance de parvenir à une solution politique de manière à conserver l’intégrité territoriale de la Syrie.
La lutte contre le terrorisme a également été évoquée. Les deux dirigeants ont souligné la nécessité d’une stratégie antiterroriste globale visant à éradiquer ce fléau qui menace tous les pays du monde, surtout avec le retrait américain de Syrie et l’appel du secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, qui, en visite au Caire les 3 et 4 janvier, a appelé à former une coalition de pays du Moyen-Orient pour lutter contre le terrorisme, mais aussi contre l’expansionnisme iranien dans la région.
C’est ce qu’affirme le politologue Tareq Fahmi. Il note que ce sommet égypto-jordanien intervient au moment où Pompeo poursuit sa tournée au Moyen-Orient et dans le Golfe pour expliquer la nouvelle stratégie régionale des Etats-Unis. « Je pense que ce sommet vise en premier lieu à formuler des positions arabes cohérentes sur les dossiers régionaux et internationaux. Avec le retrait américain attendu de Syrie et le spectre des interventions iraniennes et turques, les pays arabes doivent conjuguer leurs efforts pour jouer un rôle plus important dans le règlement du conflit syrien. Il faut mettre en place une stratégie unifiée pour la sécurité nationale arabe destinée à contrer les menaces existentielles auxquelles est confrontée la région », estime Fahmi, selon qui les résultats du sommet égypto-jordanien ont été positifs sur tous les volets.
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