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Des serres pour booster l’agriculture

May Atta, Mardi, 15 janvier 2019

100000 nouvelles serres sont actuellement en construction. Meilleure productivité, économie d’eau, création d’emplois... Les serres semblent être la réponse adéquate pour développer l’agriculture.

Le président Sissi a inauguré le plus grand projet de serres agricoles au Proche-Orient.
Le président Sissi a inauguré le plus grand projet de serres agricoles au Proche-Orient.

L’augmentation de la popu­lation de 2,5 millions d’ha­bitants par an et le risque de pénurie d’eau mettent l’Egypte face à un défi alimentaire majeur.

Le pays souffre d’une déficience hydrique de 21,5 milliards de m3, selon les chiffres du ministère de l’Ir­rigation et des Ressources hydriques. Et ce, car le quota de l’eau du Nil pour l’Egypte est de 55,5 milliards de m3, alors que le taux réel de la consommation est de 77 milliards de m3, dont 85% sont destinés à l’agri­culture.

L’une des solutions à ce problème est la culture sous serre. De même, l’installation de 100000 serres a été lancée. « Il s’agit du plus grand pro­jet de serres agricoles au Proche-Orient », a affirmé le président Abdel-Fattah Al-Sissi le 22 décembre 2018, lors de l’inauguration de la première phase du projet, comprenant 7100 serres installées sur 34000 feddans, dans la ville du 10 Ramadan.

Le président a souligné que les pro­duits issus des serres ne seraient pas exportés et ne seraient utilisés que pour répondre à la demande inté­rieure. Au terme de cette première phase, 20000 serres seront construites dans 4 gouvernorats, dans la région de Hammam, la ville du 10 du Ramadan, dans le gouvernorat de Charqiya, Abou-Sultan et le village d’Amal dans le gouvernorat d’Is­maïliya. Elles devraient permettre la culture de 1,5 million de tonnes de légumes par an et créer 75000 emplois.

Ce projet colossal porte sur l’instal­lation de 100000 serres sur 1,5 mil­lion de feddans dans différents gou­vernorats, dont Minya, le Sinaï ainsi que Halayeb et Chalatine à la fron­tière avec le Soudan.

L’objectif est d’atteindre une auto­suffisance agricole, de rationaliser l’usage de l’eau et de créer des emplois.

D’autre part, la production légu­mière et florale sera exclusivement bio. La « Compagnie nationale pour l’agriculture protégée », qui dépend de l’Autorité du service national des forces armées, en coopération avec des entreprises chinoises et espa­gnoles, est en charge d’exécuter ce projet. Par ailleurs, les forces armées dispenseront des stages de formation aux paysans pour les initier à la culture sous serre.

Le secteur agricole en Egypte a besoin de développement. Il constitue un secteur-clé de l’économie égyp­tienne, avec 30% des emplois et 15% des exportations. De même, la culture sous serre représente une solu­tion adaptée pour augmenter la pro­ductivité agricole de l’Egypte, esti­ment les experts.

Par ailleurs, cette option permet­trait de palier un autre problème: le recul de la superficie des terres culti­vables. En cause, la construction excessive sur les terrains agricoles. C’est pourquoi Refaat Khedr, ancien directeur du Centre des recherches agricoles, trouve en l’installation des serres une réponse idéale. « La serre n’occupe que 1/10 de la superficie du feddan, soit 400 m2, alors qu’elle donne dix fois plus qu’une culture ordinaire en ne consommant que 40% de la quantité d’eau consom­mée par un feddan. L’utilisation de systèmes d’irrigation économisant l’eau dans l’agriculture est extrê­mement importante », indique Khedr, ajoutant que les cultures pro­tégées ne nécessitent pas l’usage d’insecticides et protègent les cultures des aléas climatiques. « Avec cette technique agricole, l’Egypte pourra donc produire des fruits sans polluants. D’ailleurs, le gaz carbonique produit par le chauffage, réintroduit dans la serre, permettra d’améliorer la photosyn­thèse des plantes et favorisera la culture des légumes et des fruits durant toutes les saisons de l’an­née », souligne l’expert.

Raëf Temraz, vice-président du comité de l’agriculture au parlement, souligne, quant à lui, que la culture des légumes et des fruits sous serre permettra de dégager plus de superfi­cie de terrains pour la culture de den­rées de base comme le blé, le maïs et la canne à sucre. « Par exemple, la production du blé, dont l’Egypte est le deuxième importateur dans le monde, pourra augmenter de 30%, ce qui permettra de compter davantage sur la production locale », aspire Temraz.

Gérer la hausse des prix des semences

Autre avantage, les serres permet­tront aussi de remédier au coût élevé des semences, comme l’affirme Mohamad Farag, membre de l’Asso­ciation égyptienne des producteurs agricoles. Il rappelle que l’Egypte dépense un milliard de dollars par an dans l’achat de semences, dont 90 % sont importées. « Car les études ont prouvé que le contrôle des facteurs climatiques dans les serres permet­tait la production de semences. Dans ce domaine, l’Egypte pourra profiter de l’expérience de la compagnie espagnole des serres Méridien, tra­vaillant en Egypte, produire ainsi localement les semences et amélio­rer leur qualité », estime Farag. Il ajoute qu’ainsi, comme l’a affirmé le président de la compagnie espa­gnole, « l’Egypte pourra réaliser son autosuffisance en semences d’ici 10 ans ».

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