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Nasr Salem : L’Egypte avance dans le domaine de la production militaire avec des pas sûrs

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 11 décembre 2018

A l'occasion de l'exposition EDEX 2018, le général Nasr Salem, expert militaire et conseiller auprès de l’Académie militaire Nasser, revient sur l’avenir de la production militaire en Egypte.

Nasr Salem

Al-Ahram Hebdo : Avec l’organisation d’EDEX 2018 pour la première fois en Egypte, pensez-vous que l’Egypte ait pu se placer sur la carte mondiale de la production militaire ?

Nasr Salem : Bien sûr, l’Egypte a réussi à s’imposer sur la carte de la production des armes et des engins militaires. Bien qu’il s’agisse de sa première expérience, l’Egypte a réussi à présenter une image glorieuse de sa production. Ce salon international a été une occasion pour l’Egypte d’exposer la puissance de son industrie militaire devant quelque 10 000 participants, dont des ministres de la Défense, des chefs d’état-major et des ministres de la Production militaire venus de partout. C’est le meilleur moyen de commercialiser nos produits dans le monde entier et d’inciter les partenaires arabes et occidentaux à produire du matériel militaire en Egypte.

— Où en est la production militaire aujourd’hui en Egypte par rapport aux autres pays du monde ?

— Tout d’abord, il faut savoir que l’Egypte a commencé à produire localement ses armes depuis les années 1960, juste après la Révolution de Juillet 1952. Nous avons fabriqué les avions Al-Qahéra 200 et Al- Qahéra 300, ensuite la production a été suspendue après la défaite de1967. Mais après la guerre de 1973, on a repris la production des armes.

Aujourd’hui, nous avons vu que l’Egypte a exposé deux types de production, à savoir des armes 100 % égyptiennes, et les armes importées puis développées ici en coopération avec des pays étrangers. Pour ce qui est de la fabrication locale, ont été exposés notamment des appareils d’inspection des mines, le radar bidimensionnel ESR-32A, les blindés Temsah 1, 2 et 3 et d’autres qui sont des exemples de très bonne qualité. Ces engins ne sont peut-être pas aussi sophistiqués que ceux qui sont importés mais ils répondent aux mêmes besoins à des prix plus bas. Ce qui peut les rendre attractifs. EDEX 2018 est donc, dans tous les sens, un bon pas qui reflète le développement atteint par l’Egypte dans le domaine de la production militaire. L’Egypte avance dans le domaine de la production militaire avec des pas sûrs. La preuve, c’est que beaucoup de contrats de coopération ont été signés avec des pays arabes ou étrangers en marge de ce salon.

— Et qu’en est-il des armes importées puis développées en Egypte ?

— C’est une branche qui ne manque non plus pas d’importance. Il s’agit pour l’Egypte de commencer son industrie là où se sont arrêtés les autres. Il faut noter que même les grandes puissances importent des parties de leur armement de l’étranger pour les développer ou les utiliser dans leur fabrication, par exemple le Mistral que l’Egypte a importé de France était à la base fabriqué en Russie. Autre exemple, nous avons la corvette Gowind importée de France également. L’Egypte a réussi à construire localement trois unités du type Gowind, avec le soutien de l’industriel français, qui assiste Alexandria Shipyard dans la construction de ces bâtiments. La première a été mise à l’eau, et les deux autres sont en cours de production. Nous avons aussi le char américain M1A1, les avions français Gazelle ou les avions chinois K-8 que nous produisons sous licence. Et c’est ce qu’on entend par la coopération.

— Selon vous, dans quel type d’armes spécifiquement l’Egypte peut-elle avancer en termes de production ?

— La question n’est pas de se spécialiser dans un type d’armes précis. L’Egypte produit des avions, des corvettes, des armes et des munitions, des engins militaires comme les radars, des blindés, etc. Je veux dire par là que nous essayons de toucher à toutes les branches militaires possibles de manière équilibrée. Cette diversité est importante pour répondre à nos besoins.

— Et quand l’Egypte pourra-t-elle se placer sur le marché international ?

— On ne peut pas encore parler d’une concurrence internationale. La production militaire a besoin d’énormes sommes pour conquérir le marché. Mais on parle comme premier pas de répondre à nos besoins personnels en termes d’équipements. Ce qui est déjà un pas très important. A mon avis, il peut y avoir prochainement une coopération avec les pays arabes pour produire des armes avec des mains arabes.

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