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Egypte-Riyad : Des liens encore plus solides

May Al-Maghrabi, Mardi, 27 novembre 2018

En visite de deux jours au Caire, le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohamad bin Salman, a été reçu par le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Au centre des discussions : les relations bilatérales et la situation dans la région.

Egypte-Riyad : Des liens encore plus solides
Le Caire et Riyad entretiennent des relations hautement stratégiques.

Le Prince héritier saoudien, Mohamad bin Salman, est arrivé lundi soir en Egypte. Le prince a été accueilli à l’aé­roport du Caire par le président Abdel-Fattah Al-Sissi. A cette occasion, l’ambassade d’Arabie saoudite au Caire a créé un hashtag en arabe sur Twitter : « Le prince héritier dans son deuxième pays ». L’ambassade a aussi publié un communiqué affirmant que la visite du prince héritier en Egypte souligne « le partenariat straté­gique entre les deux pays ». Et d’ajouter que les relations bilatérales ont connu un grand essor sur tous les volets sous le règne du roi Salman.

Les deux leaders ont tenu une séance de négo­ciations. Les entretiens avec le président Sissi ont porté sur le renforcement des relations bilatérales et les questions régionales d’intérêt commun dans le cadre du partenariat stratégique entre Le Caire et Riyad, a déclaré le porte-parole de la prési­dence, Bassam Radi. En tête des dossiers régio­naux d’intérêt commun figurent, certes, la cause palestinienne et la guerre au Yémen.

Soutien égyptien

Il s’agit de la première tournée à l’étranger du prince héritier depuis l’agitation provoquée par le meurtre, le 2 octobre au consulat d’Arabie saou­dite à Istanbul, du journaliste saoudien Gamal Khashoggi. Jeudi, Bin Salman s’est rendu aux Emirats arabes unis pour une visite de trois jours, dimanche, il s’est rendu à Bahreïn avant de se rendre en Egypte.

Il doit ensuite se rendre en Tunisie, en Algérie et en Mauritanie avant sa participation au sommet du G20 en Argentine. « Cette tournée arabe du prince héritier inter­vient sur instruction de son père, le roi Salman, afin de renforcer les relations du Royaume sur les scènes régionale et internationale », indique le communiqué du palais royal cité par l’agence de presse officielle saoudienne SPA. Selon le polito­logue Tareq Fahmi, professeur de sciences poli­tiques à l’Université du Caire, la tournée du prince héritier est un message fort sur la solidité des relations de l’Arabie saoudite avec les pays arabes, notamment l’Egypte, alliée régionale stra­tégique.

« Plus grand pays du Moyen-Orient, l’Egypte est un partenaire-clé pour l’Arabie saoudite, visée récemment par une campagne de défiguration sur fond d’assassinat de Gamal Khashoggi. Une campagne que le Royaume a réussi à avorter en effectuant une enquête trans­parente et en présentant les auteurs du crime à la justice. Une position appréciée par l’Egypte qui a soutenu l’Arabie saoudite depuis le début de la crise », explique le politologue. Il ajoute que la tournée de Bin Salman met aussi l’accent sur la solidité de la coalition regroupant l’Egypte, les Emirats, Bahreïn et l’Arabie saoudite.

Au niveau bilatéral, Fahmi affirme que les rela­tions stratégiques entre les deux pays sont loin d’avoir été affectées par cette crise. « Bien au contraire. Les deux pays sont conscients des com­plots visant la stabilité de la région, notamment les tentatives d’intervention des puissances non arabes — Turquie, Israël et Iran — dans les affaires de la région. C’est pourquoi les deux pays sont d’accord sur l’importance d’unir leurs efforts pour faire face aux tentatives visant à diviser la région », estime Fahmi. Il rappelle que le président Sissi a affirmé à maintes reprises que « la sécurité dans le Golfe est une composante intégrale de la sécurité égyptienne et que toute atteinte à la sécurité du Golfe ne serait pas tolé­rée ».

Du côté de l’Arabie saoudite, elle continue à soutenir l’Egypte sur tous les volets. Pour rappel, l’Egypte fait partie de la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite au Yémen depuis mars 2015 pour soutenir les forces progouvernemen­tales contre les rebelles houthis, qui contrôlent une partie du pays, dont la capitale Sanaa. Le Caire et Riyad font par ailleurs partie des quatre capitales arabes qui ont décrété, en juin 2017, un blocus sur le Qatar, qu’elles accusent de se rap­procher de l’Iran et de soutenir le terrorisme. L’Egypte et l’Arabie saoudite ont aussi une même approche quant aux dangers qui menacent la région, dont le terrorisme.

Au niveau économique, la visite du prince héri­tier d’Arabie saoudite a vu la signature de plu­sieurs accords de coopération économique, notamment dans les secteurs de l’exploitation minière et de l’agriculture, comme l’a déclaré Abdallah Mahfouz, président du Conseil égypto-saoudien des affaires. Celui-ci s’est tenu mardi au Caire. A noter que l’Arabie saoudite est le plus grand investisseur en Egypte avec 2 900 projets d’une valeur de 27 milliards de dollars, alors que les investissements égyptiens en Arabie saoudite s’élèvent à 2,5 milliards de dollars. Par ailleurs, les échanges commerciaux entre les deux pays ont dépassé les 7 milliards de dollars. Le tourisme saoudien représente 20 % du mouvement touris­tique en Egypte.

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