Al-Ahram Hebdo : Deux semaines après l’entrée en vigueur du nouveau système de l’enseignement, comment l’évaluez-vous ?
Ahmed Khairi : Il a réussi à 85 % même s’il y a eu quelques difficultés. Il est normal qu’il y ait quelques problèmes étant donné que c’est un nouveau système. Mais, dans l’ensemble, le début a été assez satisfaisant d’autant que le ministère était bien préparé pour faire réussir le nouveau système. Tout est en ordre : l’accès des écoles à Internet, les manuels scolaires élaborés conformément aux standards internationaux, ainsi que la formation des enseignants. Ce n’est qu’un début, même s’il faut déployer davantage d’efforts à l’avenir.
— Vous dites qu’il est normal qu’il y ait des problèmes, lesquels ?
— Il y a bien sûr la densité des classes. Dans certaines classes, il y a entre 70 et 90 élèves, ce qui est contraire certes aux normes requises par le nouveau système. Il faut savoir que les écoles publiques comptent 2 millions et demi d’élèves. C’est un défi de taille, il faut l’avouer. Il faut construire de nouvelles écoles pour assimiler cette densité. Certains professeurs ne savaient pas qu’un nouveau système a été mis en place. Ce qui est normal, puisque nous avons un million et 350 000 professeurs, et seulement 128 000 ont été formés au nouveau système. Le retard dans la livraison des livres scolaires est un autre problème parce que les points de distribution ne travaillent pas efficacement. Raison pour laquelle le ministre de l’Education, Tareq Chawqi, a ordonné d’augmenter le nombre de réseaux de distribution.
— Comment cette réforme globale est-elle née et comment s’est-elle développée jusqu’à devenir une réalité tangible ?
— Lorsque le Dr Tareq Chawqi a pris en charge le portefeuille de l’enseignement en février 2017, il a travaillé sur deux axes. Le premier est le changement du système dans son ensemble depuis la maternelle et le cycle primaire. Il incombe d’apprendre aux élèves dès le plus jeune âge la pensée critique. Le deuxième axe portait sur la réhabilitation du bac. Cette réforme porte sur le changement de fond en comble des programmes et des méthodes d’enseignement et d’évaluation des élèves. Aujourd’hui, il est question d’évaluer les élèves sur leur créativité et leur compréhension.
— En quoi consistent les nouveaux programmes ?
— La langue arabe, la langue anglaise, les sciences sociales, les sciences appliquées, les mathématiques et les programmes de religion chrétienne ou musulmane. Les programmes sont enseignés en langue arabe dans les écoles gouvernementales qui représentent 86 % des écoles. Les écoles privées où l’enseignement est en langue anglaise ou française sont soumises au même système. Les écoles japonaises travailleront selon le même système en anglais, ainsi que les écoles expérimentales.
— Que pensez-vous des chances de réussite du nouveau système ?
— Il n’est pas question d’un échec, surtout que l’Etat a tout fait pour garantir sa réussite. Je suis donc optimiste. En 2030, nous aurons une génération d’enfants bien éduqués. Nous voulons des étudiants qui aiment le savoir et qui utilisent des médiums comme les vidéos, l’Internet et autres.
— Quels sont les changements au système du bac ?
— En ce qui a trait au bac, nous avons changé les spécialisations lettres et sciences. Nous avons trouvé que certaines matières sont inutiles. Par ailleurs, nous avons changé les méthodes d’évaluation. Il faut noter que l’ancien système du bac favorisait les cours particuliers. Le nouveau système met un terme au phénomène de la triche puisque chaque élève aura son examen sur sa tablette, et l’étudiant aura le droit d’améliorer ses notes une ou deux fois.
— Ce système est-il inspiré du système américain ?
— Oui. Les tablettes sont un outil permettant de limiter l’intervention de l’élément humain qui facilite la triche et la corruption.
— Qui va assurer l’entretien des tablettes ?
— Nous avons conclu un contrat avec la compagnie Samsung qui assurera l’entretien des tablettes dans 27 centres différents.
— Quel est le rôle et l’importance de la banque de la connaissance ?
— Cette banque est la plus grande bibliothèque numérique au service de la recherche scientifique. Nous nous y sommes connectés parce que nous pensons que cette bibliothèque sera utile pour les programmes scolaires. Nous voulons des outils pour attirer les étudiants.
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