Le président Sissi lors de son allocution devant l’Assemblée générale de l’Onu.
Au cours de son séjour à New York, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a participé à 19 rencontres bilatérales et multilatérales, et a prononcé plusieurs allocutions au Sommet sur les changements climatiques et à la réunion du groupe du G77+Chine que préside l’Egypte (voir encadrés).
Dans son discours mardi au cours de l’Assemblée générale de l’Onu, devant les représentants de 193 pays, le président a présenté la vision de l’Egypte sur les dossiers régionaux dont la cause palestinienne. Il a de même plaidé pour une action internationale commune contre le terrorisme et pour une réforme de l’Onu. Concernant le conflit israélo-palestinien, il a réaffirmé que la solution à deux Etats est une composante essentielle de tout plan de paix. « Les Palestiniens aspirent à retrouver leurs droits légitimes, c’est-à-dire un Etat avec Jérusalem-Est comme capitale », a déclaré le président Sissi. S’agissant de la Libye, il a appelé à une solution politique négociée permettant de reconstruire l’Etat libyen. « Les efforts internationaux doivent s’unir pour reconstruire l’Etat libyen pour qu’il puisse combattre efficacement le terrorisme. Et ceci, avant que la Libye ne devienne une base à partir de laquelle les forces extrémistes peuvent cibler les voisins de la Libye », a averti le président Sissi. Il a de même invité les parties syriennes à se réunir au Caire pour élaborer un plan prévoyant une période de transition conformément à ce qui a été décidé à Genève, ce qui leur permettra de se mettre d’accord sur une issue à la crise. Le chef de l’Etat a évoqué l’appui militaire et politique de l’Egypte au Yémen affirmant que cet appui « constitue une réponse aux demandes du Yémen lui-même ».
La vision de l’Egypte sur ces dossiers est d’une grande importance. « L’Egypte joue un rôle pionnier dans la région. Elle préside actuellement le G77 et présidera l’Union africaine en 2019 », indique Tareq Fahmi, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. Et d’ajouter qu’à travers sa représentation au sein des organisations internationales, l’Egypte « se fait mieux entendre dans les sphères internationales ».
Le monde en péril
Le président Sissi a mis en garde contre le danger de la prolifération du terrorisme appelant à une action internationale commune. « En Egypte, nous sommes convaincus que le Moyen-Orient et le monde entier sont en péril. Je me demande quand la communauté internationale se rendra compte qu’il n’y a pas d’autre solution que la solidarité entre les peuples pour vaincre ce mal partout où il existe », a affirmé le président. Expliquant la stratégie de l’Egypte dans son combat contre le terrorisme, le chef de l’Etat a passé en revue l’opération antiterroriste en cours, Sinaï 2018, qui est « une bataille militaire et idéologique pour éradiquer le terrorisme lancée parallèlement à un plan de développement », a détaillé le président, expliquant que la région est menacée d’effondrement en raison de la vague terroriste et des conflits sectaires. C’est pourquoi « la préservation de l’Etat national est une priorité fondamentale de la politique étrangère de l’Egypte dans la région arabe ».
Le général Hatem Saber, expert en matière de lutte contre le terroriste, affirme que pour cerner le terrorisme, il est indispensable d’engager une coopération internationale sur les plans juridique et sécuritaire. « Une cause que défend l’Egypte, qui est en première ligne dans la guerre contre le terrorisme, depuis quatre ans », indique Saber.
La réforme de l’Onu
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a renouvelé les appels de l’Egypte à réformer le système de l’Onu pour qu’il soit plus efficace et plus équilibré. « Il faut avouer qu’il existe une défaillance au niveau de l’ordre mondial et cette défaillance affecte sa crédibilité, notamment auprès des peuples africains et arabes. Comment peut-on blâmer un Arabe ou un Africain qui remet en cause la crédibilité de l’Onu, alors que son pays est menacé d’effondrement à cause des conflits sectaires ou des menaces terroristes ? L’incapacité de l’ordre international à trouver un règlement équitable à la cause palestinienne basé sur la légitimité internationale et les résolutions de l’Onu est également à souligner. D’ailleurs, peut-on dire qu’un citoyen africain exagère en remettant en doute l’efficacité de l’ordre mondial alors que son continent endure les répercussions de cet ordre mondial qui consacre la pauvreté et les inégalités ? », a affirmé le président.
Il a présenté ensuite la vision de l’Egypte sur la réforme de cette organisation qui repose sur trois axes. Le premier est le renforcement de « l’Etat national » basé sur la démocratie, l’égalité et la citoyenneté au Moyen-Orient, devenu un foyer d’instabilité. « L’effondrement des nations sous l’emprise des conflits sectaires et ethniques, au détriment de l’identité nationale, est la cause principale des phénomènes dangereux dont souffre le monde entier tels que les conflits armés, l’immigration clandestine, le crime organisé et d’autres », a expliqué le président. Le deuxième axe, c’est l’engagement de parvenir à des solutions onusiennes pacifiques durables aux conflits régionaux, tout en assurant les ressources nécessaires pour la construction des pays qui sortent des crises. Remédier au deux poids deux mesures dans le traitement par la communauté internationale des questions des droits de l’homme est le troisième axe évoqué par le président Sissi. « Des millions de citoyens dans le monde souffrent d’une pauvreté aiguë, vivent sous l’occupation étrangère ou tombent victimes du terrorisme et des conflits armés. La protection des droits de l’homme ne peut pas être atteinte à travers la politisation de ces droits. L’Egypte dispose de fondements constitutionnels solides pour la protection des droits de l’homme dans leur sens le plus global. Elle a notamment réalisé des avancées importantes en ce qui concerne l’autonomisation de la femme et des jeunes », a plaidé le président Sissi, devant l’Onu.
Selon le politologue Mokhtar Al-Ghobachi, la réforme de l’Onu doit porter sur la composition du Conseil de sécurité afin d’élargir la représentation de la communauté internationale dans son ensemble et l’Afrique en particulier. « La diplomatie égyptienne est plus que jamais convaincue qu’il est temps de réformer le système de vote de l’Onu pour rectifier le système actuel qui consacre la domination des grandes puissances. Le droit de veto n’est pas utilisé au profit des pays africains, arabes et ceux du Moyen-Orient », indique le politologue.
Selon les observateurs, la participation dynamique du président Sissi à l’Assemblée générale de l’Onu renforce le rôle de l’Egypte dont les efforts en faveur de la paix, de la stabilité, du développement et de la prospérité recueillent un soutien international.
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