Le gouvernement décide la fermeture du centre médical de Derb Negm. (Photo : Site du ministère de la Santé)
Trois personnes sont mortes, samedi 15 septembre, alors qu’elles subissaient une séance d’hémodialyse au centre médical de Derb Negm au gouvernorat de Charqiya. 15 autres personnes sont entrées dans le coma et ont été transférées à des unités de soins intensifs à d’autres hôpitaux. 10 d’entres elles ont quitté dimanche l’hôpital après leur rétablissement. Suite à ces incidents, le premier ministre, Moustapha Madbouli, a ordonné l’ouverture d’urgence d’une enquête et s’est engagé à frapper d’une main de fer toute négligence ou corruption. « Des sanctions dissuasives seront prises contre toute personne dont les enquêtes prouveront la responsabilité, la négligence ou l’implication à cette affaire », a réagi Madbouli. Le gouverneur de Charqiya, Mamdouh Ghorab, a pour sa part déclaré, dimanche 16 septembre, que des indemnisations seraient versées aux familles des victimes.
Quelques heures à peine après le drame qui a soulevé l’indignation des familles des victimes, le procureur général, Nabil Sadeq, a ordonné une enquête urgente sur l’affaire. Une équipe du Parquet général accompagnée d’experts a inspecté le centre et les appareils d’hémodialyse, et a interrogé les familles des victimes. De même, la médecine légiste a effectué une autopsie sur les cadavres des victimes pour déterminer les raisons du décès, un rapport détaillé doit être rendu au plus cours délai, comme l’a indiqué le procureur général. Par ailleurs, le directeur du centre de Derb Negm, qui venait de prendre ses fonctions deux jours avant l’incident, a été suspendu et est soumis à une enquête devant le Parquet général, lui et toute l’équipe médicale et les fonctionnaires du centre qui a été inauguré au mois de mai dernier.
La ministre de la Santé, Dr Hala Zayed, qui s’est rendue sur les lieux le jour même, a ordonné la fermeture du centre jusqu’à nouvel ordre. Elle a de même formé des comités d’enquêtes médicales et administratives pour vérifier la conformité des appareils utilisés aux normes techniques et hygiéniques reconnues, ainsi que les procédures administratives prises par le département concerné au ministère. Par ailleurs, Khaled Mégahed, porte-parole du ministère de la Santé, a révélé que le ministère avait dépêché des équipes d’inspection pour vérifier le respect des normes techniques et des mesures sanitaires et administratives dans toutes les unités d’hémodialyse dans tout le pays. Rassurant les malades, Mégahed a affirmé que les unités et les appareils d’hémodialyse ne représentent aucun danger pour la vie des malades et que le cas de Derb Negm est un cas à part.
Manque de moyens
En attendant les résultats de l’enquête, c’est l’hypothèse d’une défaillance de l’appareil d’hémodialyse ou des filtres non conformes aux normes qui prévalent. Pourtant, les éléments préliminaires de l’enquête ont dévoilé que l’appareil avait été soumis à des travaux d’entretien la veille du drame. Khaled Samir, membre du conseil de l’ordre des Médecins, explique que deux raisons peuvent expliquer ce qui s’est passé au dispensaire de Derb Negm, la première serait une erreur au niveau de la préparation des solutions injectées aux patients, dans ce cas, ce serait une grave faute médicale. « Mais l’explication la plus probable est que les filtres de l’appareil n’aient pas été pas conformes aux normes, ce qui peut causer une coagulation du sang et provoquer la mort. Si cela est prouvé, l’administration du dispensaire et la compagnie qui a effectué les travaux d’entretien en assumeront la responsabilité », indique Samir, selon lequel environ 120 000 personnes souffrent d’insuffisance rénale et nécessite une dialyse en Egypte.
« Avant d’accuser le ministère de la Santé, il faut savoir que le fardeau est déjà lourd. Ni le budget ni le nombre d’unités d’hémodialyse suffisent. Chaque malade subit trois dialyses par semaine, et chaque séance coûte à l’Etat 400 L.E. Il est donc normal qu’il y ait un déficit budgétaire entravant la maintenance ou le rachat de nouveaux appareils d’hémodialyse, dont la durée de vie est de cinq ans au maximum », explique Samir, qui dit ne pas défendre ni défaillance ni négligence médicale, mais juste présenter la réalité des choses. Des arguments qui ne tiennent pas pour des députés qui ont présenté des interpellations à la ministre de la Santé. « L’affaire est grave et il faut en déterminer les raisons », s’insurge Mohamad Al-Omari, président de la commission de la santé au parlement, qui révèle que des contacts sont en cours avec le président du parlement pour interpeller la ministre de la Santé. Il ajoute que cet incident doit être une sonnette d’alarme pour revoir l’état des équipements et des services sanitaires dans l’ensemble des hôpitaux publics.
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