Le président Sadate lors de la signature de l’accord de paix de Camp David en 1978.
Le Congrès américain a approuvé à l’unanimité, jeudi 23 août, un texte sur l’octroi de la médaille d’or, à titre posthume, à l’ancien président Anouar Al-Sadate, qui avait signé avec Israël, en septembre 1978, l’accord de paix de Camp David. Le président Sadate sera le premier titulaire arabe de la médaille du Congrès depuis sa déclaration en 1776. La médaille d’or du Congrès, la plus haute distinction civile de l’institution, est accordée à tout individu qui réalise une action ou un service pour la sécurité, la prospérité, ou l’intérêt national des Etats-Unis.
Un hommage, qui coïncide avec le 100e anniversaire de la naissance du président Sadate et le 40e anniversaire de la signature du traité de paix entre l’Egypte et Israël. Pour rappel, Sadate avait reçu, la même année de la signature de l’accord de paix avec Israël, le Prix Nobel de la paix avec le premier ministre israélien, Menahem Begin. Selon un communiqué de l’ambassade d’Egypte à Washington, publié jeudi, la médaille d’or du Congrès américain sera décernée à l’ancien leader « en appréciation à sa contribution audacieuse et historique à l’instauration de la paix au Moyen-Orient ». Ce projet de loi a été présenté au Congrès en 2017 par les sénateurs Ben Cardin, démocrate du Maryland, et Orrin Grant Hatch, républicain de Utah. Ben Cardin a déclaré : « Le président Sadate a provoqué un changement fondamental bénéfique dans l’histoire du Moyen-Orient ».
La médaille d’or du Congrès américain sera remise à sa famille au cours de l’année 2018. « Cet hommage rendu au président Sadate est une reconnaissance de courage et de vision d’un leader qui a conclu un accord de paix avec Israël, pendant l’un des moments les plus difficiles dans la région. Cet hommage vient prouver une fois de plus la droiture de la position du président Sadate, un politicien chevronné, qui a évité par cet accord des guerres et du sang », a réagi Gihane Al-Sadate, épouse de l’ancien président, ajoutant qu’aujourd’hui beaucoup parmi ceux qui se sont opposés au traité de paix avec Israël ont changé de position.
Selon l’ancien diplomate Mohamad Al-Orabi, président de la commission des affaires étrangères au parlement, le traité de paix signé en 1978, la visite du président Sadate à Tel-Aviv et son discours devant la Knesset en faveur de la paix sont des événements qui resteront gravés dans la mémoire de l’histoire. Orabi estime que l’ancien président Sadate, « héros de la guerre et de la paix », qui n’a pas hésité à négocier la paix avec Israël après la victoire de l’Egypte à la guerre de 1973, mérite par excellence cet hommage pour ses initiatives audacieuses. Des initiatives, qui ont d’ailleurs coûté la vie au président Sadate. Il a été assassiné le 6 octobre 1981 par des islamistes hostiles à cet accord avec Israël. L’opposition à ces accords a commencé dès leur signature et se poursuit toujours aujourd’hui, 40 ans après. Il s’agit notamment de la gauche nassérienne nationaliste et du courant islamiste qui rejettent Israël en tant que projet sioniste colonialiste et qui s’opposent à une rupture de l’unanimité nationaliste arabe. Or, l’échec de l’opposition à proposer une alternative a fait de ces accords une réalité politique respectée par les régimes successifs. « Après des décennies de paix entre Israël et l’Egypte, cette dernière n’a jamais renoncé à son rôle en tant que principal médiateur au processus de paix israélo-palestinien. L’Egypte plaide toujours pour le droit du peuple palestinien inhérent et inaliénable à ses territoires ainsi que pour un Etat palestinien dont Jérusalem est la capitale. Cela dément les prétentions de certains courants que les accords de Camp David étaient une trahison à la cause arabe. Et là, il ne faut pas omettre que les circonstances lors de la conclusion de Camp David étaient complètement différentes », souligne Al-Orabi, rappelant que cet accord a permis à l’Egypte de récupérer le Sinaï et sa souveraineté sur l’ensemble de ses territoires.
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