Dans le cadre de l’intérêt accordé par l’Etat au développement de la Haute-Egypte, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a donné, dimanche 12 août, le coup d’envoi à un certain nombre de projets hydroélectriques. Le chef de l’Etat a assisté à l’inauguration du nouveau barrage d’Assiout et à celle du grand musée de Sohag (voir page
Patrimoine). Il a également inauguré plusieurs puits fonctionnant à l’énergie solaire au gouvernorat d’Al-Wadi Al-Guédid.
En présence d’un grand nombre de ministres (Irrigation, Electricité, Planification, Investissement et Coopération internationale) et du président de l’Organisme de contrôle administratif, le président Sissi a donné le coup d’envoi à l’un des plus importants projets hydrauliques établis depuis une décennie, à savoir le nouveau barrage hydroélectrique d’Assiout qui a coûté 6,5 milliards de L.E. et dont les travaux ont duré 6 ans.
Ce méga-projet est principalement destiné à assurer l’irrigation, en retenant 10 milliards de mètres cubes d’eau autrefois gaspillés, mais aussi à produire l’électricité propre grâce à une centrale électrique produisant 32 MW. A cet égard, le ministre de l’Electricité, Mohamad Chaker, a indiqué que la centrale électrique fournira environ 50 000 tonnes de carburant d’une valeur de 100 millions de L.E. par an et contribuera à réduire les émissions de CO2. Aussi, la production de la station hydroélectrique d’Assiout a-t-elle été reliée au réseau national pour faire face aux pannes d’électricité au gouvernorat d’Assiout.
Pour sa part, le ministre de l’Irrigation et des Ressources hydriques, Mohamad Abdel-Ati, a qualifié le nouveau barrage d’Assiout et sa centrale hydroélectrique du « plus grand projet hydraulique établi sur le Nil en Egypte après le Haut-Barrage d’Assouan ». « Ce grand projet permettra de développer les villages de la Haute-Egypte en y améliorant l’agriculture, en alimentant les villages privés d’électricité et en facilitant la navigation fluviale », a affirmé le ministre lors de la cérémonie d’inauguration.
Le nouveau barrage permettra d’irriguer près de 1,6 million de feddans dans 5 gouvernorats de la Haute-Egypte, qui représentent environ 20 % de la superficie cultivée de l’Egypte, a affirmé Abdel-Ati. D’ailleurs, ce qui caractérise le nouveau barrage, comme l’affirme Magdi Abbas, directeur de l’Administration centrale du nouveau barrage d’Assiout, c’est le système de contrôle strict assuré par les portails hydromécaniques et automatiques. Ce système de contrôle moderne permet de mieux gérer l’évacuation de l’eau, de mieux la stocker et la conduire vers sa destination finale, que celle-ci soit l’alimentation d’un canal de navigation, d’un système hydroélectrique, d’une ville.
« Le barrage est doté d’un système automatique de contrôle permettant de contrôler minutieusement chaque goutte d’eau, ce qui permet d’éviter le gaspillage de l’eau », explique Abbas. Quant à la navigation sur le Nil, elle est assurée grâce à deux grandes écluses. Chacune des deux écluses a une largeur de 17 mètres, une longueur de 156 mètres et possède un submersible de navigation d’au moins 3 mètres, permettant la navigation de tous types de bateaux. Le projet a aussi inclus la construction d’un pont reliant les rives est et ouest du Nil à Assiout pour faciliter le trafic et le commerce. « Les nouvelles écluses diminueront le temps de passage d’une rive à l’autre de 45 minutes à 11 minutes », indique le ministre de l’Irrigation.
3 000 ouvriers et 39 420 heures de travail
3 000 ingénieurs et ouvriers ont travaillé d’arrache-pied pendant 39 420 heures pour achever ce méga-projet. Situé sur le Nil, à environ 250 kilomètres au nord de Louqsor, le nouveau barrage hydroélectrique d’Assiout fonctionnera en parallèle avec le barrage existant, construit au début du XXe siècle et situé à 400 mètres en amont. Pour rappel, l’ancien barrage a été construit entre 1889 et 1901 sur le Nil d’Assiout et se trouve à mi-chemin entre Le Caire et Louqsor. La conception de l’ancien barrage est l’oeuvre du célèbre ingénieur britannique William Will Kocks, qui a conçu aussi le Haut-Barrage d’Assouan. Mais l’ancienneté de ce barrage a réduit sa capacité.
Il a été donc décidé, en 2008, d’édifier un nouveau barrage, à 400 mètres en aval. C’est en 2008 que les études de faisabilité pour le nouveau projet d’Assiout ont été effectuées. La pierre angulaire du projet a été posée en 2012. Le financement de ce projet colossal dont le coût s’élève à 6,5 milliards de L.E. a été assuré par le gouvernement et par la Banque allemande du développement qui a fourni 311 millions d’euros. Les travaux de construction du barrage, qui ont débuté en 2012, ont été réalisés par le groupe français BTP Vinci, Arab Contractors et Orascom, qui ont travaillé en coopération avec le ministère de l’Irrigation et des Ressources hydriques, le ministère d’Electricité ainsi que le secteur de coopération et du développement allemand.
Le projet a fourni 3 000 emplois. Selon Magdi Abbas, le périmètre des travaux a dû être ceinturé par un batardeau composé d’un remblai de terre, de sable et de graviers de 1 600 mètres de circonférence. Il est doté d’un écran étanche, qui coupe le Nil sur une largeur de 400 mètres. Le fleuve, large de 800 mètres à cet endroit, s’écoule donc sur les 400 mètres restants qui ont été approfondis par dragage.
« Un système de pompage a été utilisé pour capter l’eau à 35 mètres sous le Nil. Ce système a été conçu pour faire face aux crues du Nil », explique Sobhi. Afin que les travaux puissent se poursuivre sans interruption, nous avons évacué jusqu’à 300 000 m3 d’eau par jour. Enfin, le chantier a nécessité 370 000 m3 de béton (l’équivalent d’une centrale nucléaire de dernière génération) et 65 000 tonnes d’armatures.
Bénéfices multiples
Selon l’expert hydrique Nader Noureddine, ce barrage présente plusieurs bénéfices. Il permettra notamment d’améliorer le système d’irrigation dans les gouvernorats de la Haute-Egypte. « La centrale électrique construite pour produire de l’énergie propre moins coûteuse va satisfaire les besoins du gouvernorat d’Assiout qui souffre d’une pénurie d’électricité, surtout que l’ancien barrage d’Assiout ne possédait pas de centrale électrique », indique Noureddine.
Toujours dans le cadre de la stratégie de l’Etat visant à améliorer les ressources hydriques, le président Sissi a donné le coup d’envoi à l’inauguration de 25 nouveaux puits d’eau dans la région de Dakhla, au gouvernorat d’Al-Wadi Al-Guédid, fonctionnant à l’énergie solaire. Mohamad Salah, président de la Compagnie de l’eau potable et du drainage à Assiout et à Al-Wadi Al-Guédid, a déclaré que « les travaux de substitution et de rénovation des stations d’eau potable et de drainage à Assiout ont coûté 54 millions de L.E. ».
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