
La coopération avec l’Italie s’étend à des domaines comme les échanges commerciaux, le gaz et l’énergie.
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu, dimanche 5 août, au palais d’Ittihadiya, le ministre italien des Affaires étrangères, Enzo Moavero Milanesi, en présence du ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, le chef des renseignements, Abbas Kamel, et l’ambassadeur d’Italie au Caire. Le président Sissi a souligné la profondeur des relations égypto-italiennes, tout en soulignant que les deux pays ont « des intérêts à développer ».
Pour sa part, le ministre italien a estimé que sa visite en Egypte était « un message de solidité, étant donné les relations historiques entre les deux pays ». Les deux pays ont souligné la nécessité de poursuivre les efforts visant à parvenir à un règlement politique en Libye. Le président Sissi et le ministre italien ont de même souligné l’importance d’oeuvrer en vue d’assurer la réussite des prochaines élections en Libye de façon à ce qu’elles soient représentatives de la volonté du peuple libyen et par la suite de contribuer à rétablir la stabilité en Libye. Le ministre italien a loué les efforts de l’Egypte pour unifier l’institution militaire libyenne. Un pas jugé indispensable pour renforcer les pouvoirs de l’Etat libyen et ses institutions sécuritaires. Pour sa part, le président Sissi a exprimé la position fixe de l’Egypte vis-à-vis du dossier libyen, qui consiste à « préserver l’intégrité territoriale de la Libye, à soutenir l’armée nationale libyenne et à respecter la volonté du peuple libyen ».
L’immigration clandestine a été aussi évoquée lors de la rencontre. Les deux parties ont convenu de la nécessité d’adopter une stratégie globale visant à lutter contre ce phénomène. « Les mesures efficaces prises par l’Egypte aux niveaux législatif et économique ainsi que la sécurisation des frontières ont arrêté le flux migratoire à partir des côtes égyptiennes, depuis septembre 2016 », a affirmé le président Sissi. Pour sa part, le ministre italien a jugé évident que l’Italie « coordonne avec l’Egypte comme avec les pays méditerranéens sur les moyens de lutte contre l’immigration illégale ». Idem pour la lutte antiterroriste. « Il est évident d’intensifier la coopération avec l’Egypte en matière de lutte contre le terrorisme, un phénomène qui menace la sécurité de tous les pays de la Méditerranée », a déclaré Milanesi, lors d’une conférence de presse tenue dimanche avec son homologue Sameh Choukri.
Au niveau bilatéral, le président Sissi a discuté avec son hôte italien le renforcement des relations bilatérales, notamment les échanges commerciaux, l’investissement, le gaz et l’énergie. A noter que l’Italie est le premier partenaire commercial de l’Egypte dans l’Union Européenne (UE) et le troisième après les Etats-Unis et la Chine. Le volume des investissements italiens en Egypte s’élève à 7 milliards d’euros, alors que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s’élève à 4,75 milliards d’euros. « Nous avons discuté des plans visant à augmenter les échanges commerciaux avec l’Egypte », a affirmé Milanesi.
La ministre de la Santé et de la Population, Hala Zayed, a salué le projet de construction d’un hôpital italien sur une superficie de 4 000 m2 dans le gouvernorat de Port-Saïd avec un financement italien. Elle a tenu une conférence de presse, samedi à l’Hôpital italien au Caire, à l’occasion de l’inauguration des travaux de modernisation des services cliniques, en présence du ministre des Affaires étrangères italien, de l’ambassadeur d’Italie au Caire et du petit-fils du fondateur de l’Hôpital italien. De son côté, le ministre italien a estimé que l’Hôpital italien « incarne les liens historiques entre les deux pays ».
Relations solides
L’assassinat de l’étudiant italien Julio Regeni a été abordé par le président Sissi et le ministre italien. A cet égard, le président Sissi a affirmé à son hôte que l’Egypte n’économise pas d’efforts pour dévoiler les circonstances de la mort de Regeni et que « les instances sécuritaires et judiciaires poursuivent l’enquête en coopération avec l’Italie et ce, en toute transparence ». Pour rappel, l’étudiant italien Julio Regeni, âgé de 28 ans, qui faisait une thèse sur les syndicats égyptiens, a été retrouvé mort, le 3 février 2016, dans un fossé en bordure d’une autoroute dans la banlieue du Caire. L’affaire Regeni avait pesé pendant un certain temps sur les relations égypto-italiennes au point que l’Italie avait rappelé son ambassadeur au Caire, en avril 2016. Or, en septembre 2017, l’Italie a décidé de rétablir son ambassadeur.
Le politologue Tareq Fahmi trouve que le rapprochement égypto-italien est principalement motivé par les intérêts communs. « L’Egypte constitue un partenaire extrêmement important pour l’Italie, notamment en ce qui concerne la stabilité de la Libye, la lutte antiterroriste et la coopération dans les domaines du gaz et de l’énergie. Confrontée à la menace d’une infiltration d’éléments terroristes à travers ses frontières maritimes avec la Libye et aussi au phénomène de l’immigration illégale, l’Italie a besoin de l’Egypte, acteur principal dans le dossier libyen. Pour l’Egypte, l’Italie reste un partenaire européen important au niveau politique et économique. Raisons pour lesquelles, les deux pays cherchent à consolider leurs relations », décrypte Fahmi. Il ajoute que l’Egypte et l’Italie sont d’accord sur la sécurité de la Méditerranée. « Les contractions qu’ont connues les relations égypto-italiennes sur fond du meurtre de Regeni ne pouvaient pas durer », affirme Fahmi.
En marge de sa visite, le ministre italien s’est rendu au Musée du Caire où il a visité la salle des momies royales, la collection de Toutankhamon, ainsi que les monuments rendus récemment par l’Italie à l’Egypte. « Le ministre a exprimé son admiration face aux monuments égyptiens », a déclaré le ministre égyptien des Antiquités, Khaled Al-Anani, ajoutant que 21 missions italiennes travaillent en Egypte.
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