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L’instrument des droits de l’homme

Ola Hamdi, Lundi, 10 juin 2013

Indignés face à la condamnation à des peines de prison d’activistes d’ONG, les Etats-Unis insistent toutefois

sur leur « intérêt stratégique » avec Le Caire.

Ngos

L’indignation occidentale, notamment américaine, suite au jugement d’activistes d’ONG établies en Egypte, ne s’est pas tra­duite par des mesures concrètes, de quoi s’interroger sur leur efficacité dans la lutte que mènent ces activistes contre un régime qu’ils jugent hostile aux droits de l’homme.

Accusés d’avoir travaillé dans l’illégalité et reçu des financements illicites, 43 employés égyptiens et étrangers d’organisations non gouvernementales, dont 16 Américains, ont été condamnés le 4 juin à des peines de prison par un tribunal du Caire. Le jugement ordonne également la fermeture des locaux de ces organisations relançant les craintes pour l’avenir des associations de la société civile en Egypte.

Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, n’a pas tardé à dénoncer un « procès politique incompatible avec une transition démocra­tique ».

Mais les condamnations outre-Atlantique n’ont jamais empêché les Etats-Unis de ména­ger le régime en place. Ainsi, la porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki, tout en répétant que l’Egypte devait « faire mieux en termes de transition démocratique », a rappelé que les Etats-Unis avaient un « intérêt straté­gique » avec Le Caire.

En effet, les diatribes de Kerry et de ses diplo­mates sont intervenues seulement quelques semaines après le déblocage de l’aide militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars destinée à l’Egypte.

En dépit de réserves sur le processus démo­cratique en Egypte, Kerry a tranché en faveur de l’intérêt national des Etats-Unis. Dans une note datée du 9 mai, le chef de la diplomatie américaine écrit : « Nous ne sommes pas satis­faits de l’étendue des progrès en Egypte », mais a toutefois préconisé le versement de l’aide qui permettra, selon lui, d’accroître la sécurité dans le désert du Sinaï, de contribuer à empêcher des attaques contre Israël en prove­nance de la bande de Gaza, de lutter contre le terrorisme et d’assurer la sécurité du transit sur le Canal de Suez.

« La question des droits de l’homme est un enjeu des relations politiques entre les pays. La relation entre les Etats-Unis et le régime isla­miste en Egypte passe actuellement par une phase de réévaluation. En ce qui concerne la position européenne, je pense que la réaction sera différente à cause de la pression en faveur des droits de l’homme exercée là-bas par les ONG et les partis de gauche. Je crois que les Frères musulmans vont payer un prix plus grand dans leur relation avec l’Europe s’ils poursuivent leur mépris des droits de l’homme », estime Gamal Abdel-Gawad, ancien directeur du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Il appelle les activistes à être plus présents dans les forums internationaux, « parce qu’ils ont un avantage sur les Frères musulmans du fait qu’ils maîtrisent le langage des droits de l’homme ».

En Allemagne, le chargé d’affaires égyptien à Berlin, Hicham Seifeddine, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, qui lui a fait part de la « préoccupation sérieuse du gouvernement allemand ». Se déclarant « indi­gné et profondément inquiet » devant les juge­ments sévères de la semaine dernière, le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, a estimé qu’ils auraient un « impact négatif sur les relations bilatérales ». Mais rien jusqu’ici ne permet de jauger cet impact .

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