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Un geste en faveur des femmes endettées

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mercredi, 20 juin 2018

Tandis que le président Abdel-Fattah Al-Sissi graciait les gharimate (femmes endettées condamnées à des peines de prison), le parlement annonçait un projet de loi qui remplace l’emprisonnement des personnes endettées par des peines de service civil.

Un geste en faveur des femmes endettées
960 prisonnières endettées ont été libérées et une somme de 30 millions de L.E. a été remboursée.

A l’occasion du Petit Baïram, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a ordonné la libération de toutes les femmes gharimate. Ce sont des femmes endettées qui ont échoué à rembourser leurs prêts contractés pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Sur sa page Twitter, le président Sissi a indiqué avoir ordonné au ministère de l’Intérieur de « prendre toutes les mesures nécessaires pour libérer les femmes endettées et détenues dans les prisons égyptiennes », indiquant que le fonds Tahiya Misr (vive l’Egypte) remboursera toutes leurs dettes.

Le chef de l’Etat a jugé impératif que toutes les femmes endettées passent le premier jour du Petit Baïram dans leurs familles. Ainsi avec cette décision, 960 prisonnières endettées ont été libérées et une somme de 30 millions de L.E. a été remboursée. « Nous chercherons à faire prévaloir la dimension humaine et à prendre les mesures nécessaires de protection sociale afin de mettre un terme à de tels phénomènes qui ont un impact négatif sur la stabilité de la société », a signalé le président.

Ce geste s’inscrit dans le cadre d’une initiative lancée par le président Sissi en 2015 intitulée « Misr bila Gharimate », ou « Une Egypte sans femmes endettées ».

L’opinion publique ne considère pas ces femmes endettées comme des hors-la-loi. Le geste du président a été largement salué par la présidente du Conseil national de la femme, Maya Morsi. « Le président est conscient de la souffrance de beaucoup de femmes égyptiennes qui sont soutien de famille », a déclaré Morsi. Et d’ajouter : « En prenant cette décision, le président répond à sa promesse de réduire les phénomènes qui affectent négativement la stabilité de la société, expliquant que le problème des gharimate est sérieux et a besoin d’une solution immédiate et radicale le plus rapidement possible ». Morsi a de même souligné que le Conseil national de la femme s’intéresse particulièrement à la question des femmes endettées et organise des séminaires de sensibilisation pour les femmes dans les provinces égyptiennes afin de les sensibiliser contre l’endettement.

Pour sa part, le député Salah Hassaballah, président du Parti de la liberté, salue le geste du président Sissi. « C’est la première fois de l’histoire de l’Egypte qu’un président de la République prête attention à ce dossier et ordonne la libération de toutes les femmes endettées ».

Le député affirme également que le geste du président a montré l’importance du fonds Vive l’Egypte pour consolider les principes de solidarité entre les Egyptiens.

Un avis partagé par Nawal Moustapha, fondatrice de l’Association pour le parrainage des enfants prisonniers et responsable du dossier des gharimate, qui considère que la décision du président est « un grand pas en avant ». Pour Moustapha, « il s’agit sûrement d’un pas positif, mais il ne faut pas s’arrêter là. On s’attend à ce que l’Etat place cette affaire à la tête de ses priorités et tente de trouver des solutions radicales pour mettre fin à ce phénomène ».

Nawal Moustapha a aussi décidé de lancer « le Fonds des femmes endettées » qui travaillera en coopération avec le fonds Vive l’Egypte pour sauver les femmes pauvres du risque de l’emprisonnement.

Vers une solution radicale

Il y a quelques mois, un projet d’amendement du code pénal, signé par 60 députés, a été présenté au parlement en vue d’alléger les sanctions contre les personnes endettées.

Pour la députée Elisabeth Chaker, « la seule solution radicale à ce phénomène est la promulgation d’une loi qui ne traite pas les citoyens incapables de rembourser leurs prêts obtenus pour subvenir aux besoins de leurs familles comme des criminels et qui en même temps préserve les droits des autres ».

Le député Sarwat Bakhit confirme que la majorité parlementaire Fi Daem Misr a préparé un projet de loi qui a été soumis à la commission des lois pour discussion. « Nous allons faire de notre mieux pour tenter d’achever cette loi avant la fin de cette session parlementaire », affirme le député.

Il s’agit de remplacer la peine de prison pour les personnes endettées et incapables de rembourser leurs dettes par un travail civil dans un domaine social notamment dans la santé, et ce, comme peine alternative qui préserve le droit de la société.

Le projet de loi prévoit que la peine maximale sera de 3 ans, au cours desquels la personne endettée travaillera dans le service civil de l’Etat et remboursera sa dette.

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