Le président Sissi a souligné l’importance de poursuivre la coordination avec la France en matière de lutte antiterroriste.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a effectué, dimanche 29 avril, une visite en Egypte durant laquelle il s’est entretenu avec le président Abdel-Fattah Al-Sissi, son homologue, Sameh Choukri, et le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul-Gheit. Le Drian a indiqué que sa visite visait à préparer celle du président français, Emmanuel Macron, sans préciser de date.
Les négociations entre le président Sissi et le chef de la Diplomatie française ont porté sur les relations bilatérales et les questions régionales, dont notamment les développements sur les scènes libyenne et syrienne, ainsi que la situation dans les Territoires palestiniens occupés.
Concernant le dossier libyen, le président Sissi et Le Drian se sont accordés sur le fait que Tripoli devait trouver davantage de stabilité et de sécurité. Le porte-parole de la présidence, Bassam Radi, a rapporté, à l’issue de la rencontre, que l’Egypte et la France constatent de « relatifs progrès » en Libye. Les deux pays souhaitent réunir les différents protagonistes libyens pour aboutir à un accord permettant la tenue des élections avant la fin 2018. « Il faut tenir des élections avant la fin de cette année, car la situation en Libye affecte la stabilité et la sécurité de la région méditerranéenne dans son ensemble », a affirmé le président Sissi à Le Drian. Quant au chef de la Diplomatie française, il a abordé avec le président Sissi les progrès de la médiation de Ghassan Salamé, représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies en Libye, qui vise à inclure tous les acteurs libyens à cette dynamique, afin de tenir des élections dans les meilleurs délais.
Concernant le processus de paix au Proche-Orient, les positions du Caire et de Paris ont été identiques. Le Drian a rappelé l’engagement de son pays en faveur d’une solution négociée, fondée sur les paramètres internationalement agréés, pour aboutir à la solution des deux Etats. Il a affiché son appui aux efforts égyptiens visant à faciliter la réconciliation interpalestinienne. Pour sa part, le président Sissi a réaffirmé que pour « L’Egypte, la solution des deux Etats reste la seule issue au conflit israélo-palestinien ». Au niveau bilatéral, Le Drian a abordé avec le président Sissi le renforcement du partenariat stratégique qui lie la France à l’Egypte. Il a réitéré le soutien de la France aux réformes économiques ambitieuses engagées par les autorités égyptiennes. Le président Sissi a, de son côté, souhaité une participation française plus importante aux grands projets d’infrastructures en Egypte.
Le Drian a rencontré les chefs des entreprises françaises qui opèrent en Egypte et a visité le chantier de la nouvelle ligne de métro du Caire, symbole de la coopération franco-égyptienne. A noter que l’Egypte accueille plus de 160 entreprises françaises qui emploient au total près de 30 000 personnes. La France était le 6e investisseur en Egypte en 2016. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 2,5 milliards d’euros en 2017. Sur un autre volet, le président Sissi a passé en revue les efforts déployés par l’Egypte, en vue d’éradiquer le terrorisme, soulignant l’importance de poursuivre la coordination avec la France en matière de la lutte antiterroriste. « La France soutient l’Egypte dans sa guerre contre le terrorisme », a réaffirmé Le Drian, louant le rôle de l’Egypte en matière de lutte antiterroriste. L’Egypte avait participé, le 26 avril à Paris, à la Conférence internationale de lutte contre le financement de Daech.
L’Egypte n’interviendra pas en Syrie
La guerre en Syrie a également été évoquée. Lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue français, le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a déclaré que la France « n’a pas demandé à l’Egypte d’envoyer des troupes en Syrie ». Certains médias avaient récemment rapporté que la visite de Le Drian en Egypte visait à examiner la possibilité d’envoyer des troupes arabes en Syrie.
Le 14 avril, Washington, Paris et Londres avaient lancé des frappes contre le régime syrien, une semaine après une attaque chimique présumée contre la ville de Douma. L’Egypte avait alors exprimé sa profonde préoccupation de l’escalade militaire en Syrie tout en réaffirmant son engagement en faveur d’une solution politique de la crise syrienne en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité. Le Drian a affirmé, pour sa part, que la France « n’a pas déclaré la guerre à la Syrie, mais à l’usage des armes chimiques ». « La France vise à défaire durablement Daech, à priver le régime syrien de son arsenal chimique, à répondre aux besoins humanitaires et à parvenir à une solution politique », a déclaré Le Drian lors de la conférence de presse avec son homologue égyptien.
Le politologue Tareq Fahmi affirme l’importance des concertations franco-égyptiennes au moment où la région est en ébullition. Il souligne le rôle actif joué par les deux pays, chacun dans sa sphère. « La France est forte au sein de l’Union européenne, et l’Egypte est un acteur-clé dans le règlement de plusieurs dossiers régionaux. Les deux pays affrontent actuellement des menaces sécuritaires communes représentées par les risques d’expansion de Daech après sa défaite en Iraq, en Syrie et dans l’est de la Libye. L’Egypte craint l’infiltration de combattants et d’armes sur son territoire, et la France craint l’infiltration des migrants clandestins sur le sol européen, d’où l’importance commune accordée à rétablir la stabilité régionale », affirme Fahmi. Le Drian a achevé sa visite dimanche soir, en se rendant sur le chantier du Grand Musée égyptien, au pied des pyramides du plateau de Guiza. Il a affirmé que son pays était prêt à « aider l’Egypte dans ce projet ambitieux ».
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