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Ahmed Darwich : Le gouvernement a décidé d’en finir avec les zones informelles 

May Atta, Lundi, 23 avril 2018

Ahmed Darwich, ministre adjoint du Logement en charge du développement urbain, annonce à Al-Ahram Hebdo l’élimination, en 2018, de toutes les zones informelles « à risque ».

Ahmed Darwich : Le gouvernement a décidé d’en finir avec les zones informelles

Al-Ahram Hebdo : Le gou­vernement a lancé un vaste projet de réamé­nagement des zones informelles à haut risque. Où en sont les travaux ?

Ahmed Darwich : Ce plan de réa­ménagement des zones informelles, ordonné par le président Abdel-Fattah Al-Sissi en 2016, vise en pre­mier lieu à offrir aux habitants de ces zones de meilleures conditions de vie et d’établir une justice sociale. Les travaux vont bon train dans ce projet ambitieux auquel nous avons accordé la priorité dans les régions à grands risques. Ainsi, fin 2018 verra l’achèvement du réaménagement de 246 de ces zones dangereuses. Une réalisation importante, puisqu’en 2014, il existait 366 zones infor­melles dont les habitants, au nombre de 4 millions, étaient privés de tous les services élémentaires: électricité, eau potable et système d’égouts. Des conditions de vie inhumaines et inadmissibles pour un citoyen égyp­tien.

— Pourquoi le Fonds de déve­loppement urbain, créé en 2008, n’a commencé son travail qu’en 2014 ?

— Parce qu’il n’existait pas de budget suffisant. Ce n’est qu’en 2014, lorsque le président Sissi a annoncé que « l’Etat ne peut pas laisser les citoyens vivre dans les bidonvilles » que le dossier a été pris au sérieux. Le fonds a commencé par un budget de 870 millions de L.E. en 2015-2016 et qui est passé ensuite à un milliard et demi de L.E. en 2016-2017. Le budget de 2018 est celui qui consacrera la part la plus impor­tante au développement des zones informelles à haut risque avec le déblocage de 14 milliards de L.E.

— Mais que signifie exactement zone informelle à haut risque ?

— Il existe plusieurs formes de danger. A titre d’exemple, les zones informelles qui manquent d’infras­tructures et de services élémentaires (drainage sanitaire, eau potable, etc.) sont classées zones à risque dans la mesure où elles représentent un danger sanitaire extrême pour leurs habitants. Aussi, les zones construites aux pieds des mon­tagnes, ou dans des régions non adaptées au logement, constituent elles aussi un danger. Les habitants risquent, à titre d’exemple, d’être emportés par un glissement de ter­rain ou une inondation. Un bidon­ville dangereux est aussi celui construit à proximité d’une ligne d’électricité à haute tension, ce qui expose les habitants à certaines maladies comme le cancer. En revanche, il existe d’autres zones informelles disposant de services, mais qui ont été construites sans permis et sans planification. Ces genres de bidonvilles ne représen­tent pas de danger, mais déforment le paysage urbain, et les conditions de vie y sont précaires. Ces bidon­villes feront eux aussi l’objet d’un plan de développement après l’achè­vement de celui ayant trait aux zones à haut risque. Nous voulons éliminer définitivement les zones informelles et redonner à la capitale sa beauté architecturale.

— En quoi consiste exactement le plan de réaménagement des zones à haut risque ?

— Tout d’abord, il faut souligner que les efforts déployés pour régler le problème des zones sauvages ne sont plus basés sur des méthodes hasardeuses, mais sur un traitement scientifique organisé et planifié. Pour les zones sauvages qui ne com­portent pas de risque, les travaux ont pour objectifs essentiels de les planifier pour en faire des régions dotées de routes goudronnées avec une infrastructure complète (eau potable, drainage sanitaire, électri­cité, etc.).

Quant aux zones dangereuses construites dans des régions dange­reuses, le but est de reloger leurs habitants. Ainsi, tous les habitants de ces bidonvilles doivent être transfé­rés vers de nouvelles agglomérations urbaines. C’est pourquoi nous avons commencé avec les régions construites au pied de la montagne du Moqattam, dont les habitants ont été relogés à la ville d’Al-Asmarate, toujours au Moqattam, qui a été ins­tallé, spécifiquement, pour les accueillir. Une expérience réussie. Le plus grand obstacle dans ce genre de situation était le refus des habi­tants de ces bidonvilles de déména­ger dans de nouvelles villes comme la cité du 6 Octobre, situées loin de leur lieu de travail. D’après l’expé­rience, nous avons trouvé préférable que les habitants soient relogés près de leurs bidonvilles ou près du centre-ville, parce que leur mode de vie est lié à cette région.

— Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

— Nous avons entamé en 2017 le réaménagement de la région de Tell Al-Aqareb dans le quartier d’Al-Sayeda Zeinab, l’une des zones informelles les plus anarchiques dépourvues de tous les services, d’autant plus que ces bâtiments ont été tous menacés d’effondrement. Les habitants de ce bidonville ont affiché au début une résistance ardue à leur évacuation. Or, via les négo­ciations, on est parvenu à les convaincre de l’importance de réa­ménager la région qui représente un danger pour leur vie. On a donné à chaque famille 1200 L.E. par mois pour louer provisoirement un appar­tement jusqu’à ce que les travaux s’achèvent. Au cours de la première moitié de 2018, les habitants de cette région y reviendront après l’achève­ment des travaux de réaménagement. A Sohag, en Haute-Egypte, un projet similaire doit être achevé en 2018. Sans oublier l’un des plus importants projets de réaménagement des zones informelles, à savoir celui du triangle de Maspero. Un projet ajourné depuis des décennies et qui a été enfin entamé en 2017, après être arrivé à des compromis avec les habitants.

— A quoi revient, selon vous, l’extension des zones informelles au cours des dernières décennies, notamment au Caire et ses péri­phéries ?

— L’urbanisation non réglemen­taire est apparue en Egypte pour la première fois au début des années 1950, favorisée par l’exode rural et la surpopulation. Aujourd’hui, les zones informelles représentent envi­ron 38% du paysage urbain. C’est un lourd héritage et le gouvernement a décidé d’en finir avec ce fléau.

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