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Sinaï 2018 poursuit son avancée

Ahmed Eleiba, Mardi, 03 avril 2018

L'opération Sinaï 2018 se poursuit avec succès. Al-Ahram Hebdo était présent sur le champ de bataille. Reportage.

Sinaï 2018 poursuit son avancée

Les précédentes opérations militaires antiterroristes, comme Nesr ou Haq Al-Chahid, ont certainement réalisé leurs objectifs en empêchant l’expansion des groupes terroristes dans le Sinaï. Elles ont surtout permis aux forces qui luttent contre le terrorisme dans le Sinaï d’acquérir encore plus d’expertise et d’accumuler une expérience exceptionnelle qui rend la guerre antiterroriste plus réussie.

A cet effet, l’opération globale Sinaï 2018 a témoigné d’un revirement sur le terrain. On est passé de la réaction à l’action. Elle a amené les groupes terroristes à se recroqueviller et à s’isoler dans leurs gouffres et leurs refuges qui se sont resserrés un jour après l’autre. Ce resserrement requiert la poursuite de cet embargo logistique. Il s’agit de stopper tout approvisionnement en armes et de rompre tout contact entre les différents groupuscules terroristes. Et ce, parallèlement à la destruction de leur infrastructure, qu’il s’agisse de caches, de tunnels souterrains, de réseaux de contacts ou de communications.

Dans sa couverture du théâtre de l’opération globale Sinaï 2018, Al-Ahram Hebdo a accompagné les forces spéciales dans la prise d’assaut de l’un des repères se situant dans la ceinture de la ville d’Al-Arich. Les forces spéciales ont encerclé le repère paralysant tout mouvement des éléments terroristes. Sur un autre plan, les différentes forces engagées dans l’opération, forces spéciales, celles d’intervention rapide et les parachutistes ont encerclé le repère terroriste.

Avec les forces spéciales, nous nous sommes arrêtés à un poste de soutien aux forces qui participent à l’opération. Ce poste est en soi un acquis stratégique; en effet, les terroristes s’en servaient avant que l’armée ne le libère et n’en reprenne le contrôle. Le terrain dans ce poste d’arrêt était un emplacement idéal pour le refuge des groupuscules terroristes vu l’intensité des cultures d’oliviers en plus d’une typographie faite de vallées, de monts et de couloirs.

Selon l’un des dirigeants de l’opération, « le choix d’un tel emplacement par les terroristes comme base pour lancer leurs attaques, leur mode d’action, leurs tactiques, leurs équipements coûteux, tout cela prouve que ces groupes ont été formés à l’étranger avec le financement de services de renseignement ». La même source ajoute que « les terroristes tentent sans doute d’innover dans leurs tactiques et dans leurs moyens d’échapper aux frappes, et ce, en raison de nos frappes continuelles contre eux, des frappes auxquelles ils ne peuvent pas faire face. Contrairement à ce qui se passe en Syrie et en Iraq par exemple, où les groupes terroristes contrôlaient et occupaient certaines régions, ici, ils se cachent dans des refuges et des repères qu’il nous faut détruire ».

Des terroristes qui craignent le face-à-face

Certaines sources nous ont affirmé que les forces armées contrôlent aujourd’hui les monts qui surplombent la région et que les terroristes utilisaient comme points d’attaque. Il est très important de contrôler les hauteurs, mais plus globalement, la stratégie consiste à resserrer l’étau autour des terroristes. Et d’ajouter: « Toute avancée en direction du sud représente un acquis. Tout refuge détruit en est un aussi. En effet, la nature montagneuse de la terre était largement exploitée par les takfiriyine qui croyaient avoir eu leur mainmise sur les plantations d’oliviers ».

La source explique également que « le choix des plantations d’oliviers comme théâtre de confrontations est une stratégie que les terroristes ont exportée de l’étranger pour se protéger des feux des artilleries et de l’aviation. Cependant, cette tactique ne les a pas mis à l’abri des chars. Ils tentent d’échapper à nos frappes en se réfugiant dans des gouffres ou des caches, on les poursuit quand même, même à pied. Et pourtant, ils continuent à éviter le face-à-face, parce que l’ennemi est lâche, il n’affronte pas directement, il frappe de loin. Aujourd’hui, nous connaissons toutes leurs manoeuvres ».

Une autre source a déclaré que les tactiques d’affrontement évoluent jour après jour. « Grâce à notre expérience, nous faisons une évaluation continuelle de la situation, presque seconde par seconde. Il n’existe pas d’unique stratégie de confrontation. Par exemple, avant toute attaque, il faut déterminer avec précision tout ce qui concerne le site qui doit être ciblé, ce qu’il renferme, armes ou denrées alimentaires, prévoir quel sera le pas suivant des terroristes, anticiper leur prochaine attaque, etc. Le tout en gardant notre objectif premier : les éloigner des civils et les attaquer dans leurs refuges ».

Durant notre présence sur le théâtre des opérations, des chars sont venus stationner sur le terrain des attaques. Le commandant est venu nous parler de la nature de la mission. L’on aperçoit un professionnalisme dans les actions. Les entraînements sont perfectionnés et les décisions sont exécutées rapidement. Les expertises sur le terrain contrôlé par les forces spéciales sont nombreuses, depuis leur tentative d’éviter les explosifs, du rôle des ingénieurs militaires qui inspectent le site avant de foncer et de mener l’offensive jusqu’à la sécurisation du site et l’implantation de nouveaux d’autres explosifs.

« Le terrorisme finira par être vaincu au Sinaï. Et au-delà de l’opération Sinaï 2018, plusieurs mesures sont planifiées pour éviter toute éventuelle attaque. Car des terroristes tenteront de perpétrer des attentats, notamment suicide, pour dire qu’ils sont toujours là. Telle est l’idéologie de gangs. Or, ce n’est qu’une preuve de l’ampleur de leurs pertes». Et d’ajouter: « Mais il y aura sans doute encore un nombre limité d’attaques terroristes, et ce, pour 3 raisons. D’abord, parce qu’il y a des traîtres qui coopèrent avec les troupes terroristes. Ensuite, parce que le terrorisme persiste dans certains pays voisins. Enfin, parce que l’Egypte a de nombreux ennemis qui la guettent. Cependant, nous combattons tous leurs outils et nous les vaincrons certainement ».

Les attaques ne cessent ni jour ni nuit. Les forces oeuvrent en entière coopération, adoptant des tactiques de pointe avec un esprit héroïque indescriptible. En quittant les lieux et au cours du chemin de retour, il était clair que cette volonté de fer était le mot-clé et le véritable moteur défiant toutes les difficultés. Le lendemain, les informations qui nous sont parvenues nous ont appris qu’une voiture piégée avait tenté d’attaquer le poste d’arrêt, mais dès son apparition, nos forces ont réussi à l’anéantir et elle a explosé avec tous ceux qui étaient à son bord. Ce qui confirme que les forces spéciales sont alertes.

Il s’agit seulement d’une question de temps pour chasser ces rats et saper leurs abris. Mais jusqu’à ce que la chasse des rats soit terminée, nombreux sont les actes héroïques qui seront accomplis ici ou dans des sites similaires sans qu’ils ne soient rendus publics. Tous sont prêts à payer de leur sang et de leur vie sans rien en contrepartie.

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