L'attaque d'Alexandrie n'a pas réussi à intimider les électeurs.
Samedi 24 mars, à deux jours de l'élection présidentielle du 26 mars, le convoi transportant le directeur de la sécurité d’Alexandrie, le général Moustafa Al-Nemr, a été la cible d’un attentat manqué. Le convoi du général Al-Nemr, qui est sorti indemne de l’attentat, a été visé par une bombe rudimentaire placée dans la rue peu fréquentée d’Al-Moascar Al-Romani dans le quartier résidentiel de Rouchdi à Alexandrie. Deux soldats ont été tués et 5 blessés dans cet attentat. Un acte lâche qui intervient alors que l’opération globale antiterroriste Sinaï 2018 est en cours.
En moins de 24 heures, les services de sécurité ont pu identifier et liquider les auteurs de l’attentat. « Six éléments terroristes impliqués dans la tentative d’assassinat du directeur de la sécurité d’Alexandrie ont été tués dimanche 25 mars », a rapporté le ministère de l’Intérieur. Dans un communiqué, le ministère affirme que la police a pourchassé les membres d’une cellule appartenant au mouvement islamiste Hasm dans la province de Béheira. Six membres de ce mouvement ont été tués dans un échange de tirs. Hasm est la branche armée de la confrérie des Frères musulmans, classée organisation terroriste en 2015. Le groupe Hasm a revendiqué depuis 2016 plusieurs attentats contre la police, des responsables et des juges au Caire. Il n’a cependant jamais évoqué une affiliation aux Frères musulmans.
Depuis 2013, les attaques terroristes contre l’armée et la police se sont multipliées, surtout au Nord-Sinaï, faisant des centaines de victimes. L’armée mène depuis cette date une vaste campagne militaire visant les fiefs terroristes. Au mois de novembre dernier, l’armée a lancé l’opération globale antiterroriste, Sinaï 2018, destinée à éradiquer le terrorisme.
L’expert militaire, Hamdi Békhit, pense que « l’opération militaire Sinaï 2018 a réussi à adresser des coups durs aux groupes terroristes, notamment au Nord-Sinaï. Les campagnes militaires menées en coopération avec la police ont certes fragilisé les capacités de ces groupes terroristes qui ne sont plus capables de commettre des opérations à grande échelle comme auparavant. Ainsi, ce dernier attentat n’est qu’une tentative désespérée de résistance aux coups durs adressés aux fiefs terroristes. Il porte l’empreinte des groupuscules terroristes issus des Frères musulmans, comme Hasm et Liwa Al-Sawra », indique Békhit, ajoutant que même ces groupuscules ont perdu le soutien qu’ils recevaient soit des groupes terroristes du Sinaï, des Frères musulmans ou de certains pays qui soutiennent le terrorisme.
Un objectif raté
D’après les observateurs, le timing de cet attentat à deux jours du scrutin présidentiel prouve qu’il visait surtout à intimider les électeurs et les empêcher de participer au scrutin présidentiel. C’est ce qu’affirme Khaled Okacha, membre du Comité national de lutte contre le terrorisme. « Cet attentat fait suite à l’échec de la campagne lancée par les Frères musulmans dans le but de dissuader les électeurs à l’étranger de participer au scrutin et de boycotter les élections. L’attentat d’Alexandrie a renforcé la détermination des Egyptiens de participer aux élections, et confirme leur volonté de combattre le terrorisme, de rétablir la stabilité et de poursuivre le développement », affirme Okacha.
Pour rassurer les Egyptiens, l’armée a publié, samedi sur sa page Facebook, une vidéo d’une dizaine de minutes témoignant de l’engagement des forces armées à assurer la sécurité des citoyens lors de l’élection présidentielle. Les gens, de leur côté, ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans antiterroristes et d’autres de soutien au président de la République. « On participera aux élections coûte que coûte et on protègera les bureaux de vote avec les forces de sécurité si besoin », ont scandé les manifestants à Alexandrie qui se trouvaient sur les lieux de l’attentat.
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