D’après les premiers éléments de l’enquête ordonnée par le procureur général sur la collision de deux trains au gouvernorat de Béheira, l’accident est dû à la collision de deux wagons d’un train de passagers qui provenait de Béheira en direction du Caire, qui avait déraillé et qui s’était détaché du reste du convoi puis heurté un train de marchandises dans la région de Kom Hamada.
Un nouvel accident meurtrier sur les rails met au grand jour les problèmes dont souffre ce secteur. « Nous avons besoin de 200 à 250 milliards de livres égyptiennes pour moderniser les chemins de fer, une somme dont ne dispose pas le gouvernement en ce moment », a déclaré jeudi le président Abdel-Fattah Al-Sissi, commentant la collision des deux trains dans le gouvernorat de Béheira, faisant 12 morts et 40 blessés. Le président a ordonné la formation d’un comité composé de professeurs de la faculté de technique militaire et du ministère des Transports pour examiner toutes les locomotives et les voies ferrées. Il a demandé de faire sortir du service celles dont le fonctionnement représente un danger. Il a aussi demandé de mettre en place un système de signalisation automatique.
Drame à répétition et solutions absentes
Pour sa part, le ministre des Transports, Hicham Arafat, a avoué que les infrastructures des réseaux ferroviaires ont vieilli, en particulier leurs systèmes de signalisation et leurs voies, et qu’elles doivent être modernisées. Il a aussi souligné qu’un plan de réforme du chemin de fer est mis en place depuis 2015 et devrait s’achever en 2022 avec un coût total de 55 milliards de L.E.
L’Egypte a connu de nombreux accidents de train ces dernières années qui ont fait des centaines de morts et de blessés. Un drame à répétition dû à plusieurs facteurs dont la détérioration des infrastructures ferroviaires. Le député Abdallah Zeineddine, membre de la commission du transport au parlement, estime qu’il est devenu urgent de se pencher sur les questions sécuritaires: « Si l’état de certains trains ne leur permet pas un voyage sécurisé, il vaut mieux annuler ces voyages afin de sauver la vie des citoyens. Tant que la négligence se poursuit, les accidents des trains ne prendront jamais fin ». Avis partagé par l’expert routier Samy Mokhtar, qui détaille que la plupart des accidents qui se produisent dans le secteur des chemins de fer sont dus à deux raisons principales, le facteur humain et l’état détérioré des wagons et des chemins de fer. « Il est évident qu’il faut doter les chemins de fer d’un système de signalisation automatique et organiser des stages de formation pour les conducteurs », dit Mokhtar. Selon l’expert, la nouvelle loi qui permet la participation du secteur privé au développement du secteur ferroviaire pour une période de 15 ans est une bouée de sauvetage. « Cela résoudra les problèmes de financement de l’entretien de ce secteur, des sommes énormes que l’Etat est incapable de fournir actuellement. Il était nécessaire d’associer le secteur privé, possédant les moyens financiers, à la réforme du secteur ferroviaire pour permettre d’améliorer la qualité des services et d’en assurer surtout la sécurité », dit-il.
Le parlement a en effet approuvé à l’unanimité cette semaine un projet de loi permettant pour la première fois d’associer le secteur privé à la gestion et au fonctionnement des chemins de fer. En vertu de cette loi, l’Organisme national des chemins de fer se charge de la gestion et de la maintenance des réseaux ferroviaires, avec la possibilité de conclure des contrats avec le secteur privé pour l’établissement, la gestion, l’exploitation et la maintenance de toutes les installations ferroviaires. Des charges qui, autrefois, revenaient à l’organisme lui-même. La loi a limité la durée des contrats pour une période de 15 ans. A la fin du contrat, tous les services et les installations reviendront à l’Organisme des chemins de fer.
Lors d’une séance houleuse tenue dimanche, à laquelle a assisté le ministre des Transports, les députés ont fait porter à l’Organisme des chemins de ferla responsabilité des accidents répétitifs. « Je suis responsable des chemins de fer, mais le gouvernement a besoin de temps et d’un budget pour rénover le réseau ferroviaire », a déclaré le ministre.
Les infrastructures ferroviaires, les wagons et le système de signalisation, qui fonctionne à 85% manuellement, ont besoin de rénovation urgente. Depuis 60 ans, aucune nouvelle ligne ferroviaire n’est entrée en service. Le recours au secteur privé peut-il résoudre le problème des chemins de fer en Egypte? Certains craignent que cette association du secteur privé ne soit qu’un prélude à une privatisation du secteur ferroviaire. Un secteur vital qui sert des millions d’Egyptiens.
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