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Vers une nouvelle ère urbaine

May Al-Maghrabi, Mardi, 06 mars 2018

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a inauguré la nouvelle ville d'Al-Alamein et 4 autres villes nouvelles. Des méga-projets marquant le passage à la 4e génération d’agglomérations urbaines.

Vers une nouvelle ère urbaine

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a donné le coup d’envoi, jeudi 1er mars, à la première phase de la nouvelle ville d’Al-Alamein, située au gouvernorat de Matrouh à la Côte-Nord. Via vidéo conférence, le président a parallèlement lancé les travaux de l’installation de 4 nouvelles villes, à savoir la nouvelle ville de Rafah, celle de Salam Misr au Nord-Sinaï, la nouvelle ville d’Al-Obour ainsi que la nouvelle ville d’Al-Mansoura, au Delta. Des inaugurations qui s’inscrivent dans le cadre d’un vaste plan du développement urbain axé sur l’installation des villes de la 4e génération, des villes durables. Comme l’affirme le gouvernement, la nouvelle ville d’Al-Alamein est l’une des plus importantes villes de la 4e génération, qui sera construite conformément aux normes architecturales modernes respectueuses de l’environnement. S’étendant sur une superficie de 48 000 feddans et située à 104 km d’Alexandrie et à 240 km au nord-ouest du Caire, la nouvelle ville d’Al-Alamein s’inscrit aussi dans le cadre d’un vaste plan du développement de la Côte-Nord. Un littoral qui, selon les experts, possède tous les atouts à même d’en faire une destination idéale pour les investisseurs comme pour les touristes (voir sous-encadré). D’ailleurs, certaines de ces nouvelles villes font partie « du plan du développement de la péninsule de la Sinaï qui s’inscrit dans la stratégie de lutte contre le terrorisme », comme l’a déjà indiqué le président.

Lors de la cérémonie de la pose de la pierre angulaire de la nouvelle ville d’Al-Alamein, le président Sissi a énuméré les objectifs de l’orientation du gouvernement vers l’installation des villes de la quatrième génération. « L’installation des villes de la 4e génération vise en premier lieu à offrir de meilleures conditions de vie aux Egyptiens. D’autant plus qu’il était évident de créer de nouvelles agglomérations urbaines pour absorber le taux de croissance démographique accru et non planifié que connaît l’Egypte », a affirmé le président Sissi. Et d’ajouter : « L’Egypte dispose d’importantes ressources naturelles et humaines. J’ai refusé la proposition de certaines entreprises d’amener de la main-d’oeuvre étrangère pour travailler dans ce projet national ». Sur un autre volet, le président a loué le patriotisme et la coopération du peuple du gouvernorat de Matrouh avec l’Etat. « Les citoyens de Matrouh ont cédé les terrains sur lesquels devront être installés des projets nationaux ; tel était le cas des terrains du centre nucléaire d’Al-Dabaa. Je vous promets que le développement en cours ne se fera pas au détriment de vos intérêts, vous êtes les gardiens des frontières ouest », a apprécié le président en présence des chefs des tribus de Matrouh qui ont participé à la cérémonie.

Le général Kamel Al-Wazir, chef de l’Organisme du génie militaire, principal exécuteur du projet d’Al-Alamein, a exposé au président, lors de la cérémonie, les progrès des travaux de construction de la nouvelle ville d’Al-Alamein ainsi que les efforts de déminage que mène l’armée. A noter que les mines à la région d’Al-Alamein, séquelles de la Deuxième Guerre mondiale, présentaient toujours un danger pour les populations et un obstacle au développement.

Pour sa part, le ministre du Logement, Moustapha Madbouli, a passé en revue le plan du développement urbain pour 2030 qui présente une vision définie et des objectifs de développement durable. Le ministre a indiqué que depuis 2014, les projets urbains sont au centre des plans du développement avec une multitude des nouvelles villes créées et des infrastructures rénovées. Il a mis en relief l’intérêt qu’accorde le gouvernement à la mise en place d’une série de nouvelles villes durables conformes aux normes mondiales de la construction en ce qui concerne leur emplacement, leur planification et la disponibilité des services. « La nouvelle ville d’Al-Alamein sera la première ville de la 4e génération dans la mesure où elle sera respectueuse de l’environnement avec des bâtiments produisant une partie de leur consommation électrique et de nombreux espaces verts », a détaillé le ministre.

Parmi les 13 nouvelles villes de la 4e génération lancées figurent aussi la nouvelle capitale administrative, la ville du Nord de Port-Saïd et celle de la nouvelle Ismaïliya sur le Canal de Suez, celle de l’est d’Assiout en Haute-Egypte et la nouvelle ville de Tochka. « La création des nouvelles villes contribue à établir une justice dans les plans de développement, relier les diverses régions, et par suite faciliter le mouvement commercial, relier les centres de production à ceux de commerce, encourager les investissements et améliorer la croissance économique », a expliqué Madbouli.

L’avenir est aux villes durables

Sous les changements démographiques et climatiques que connaît l’Egypte comme toute la planète, l’avenir est aux villes de la 4e génération (villes durables), comme l’affirment gouvernement et experts. Mais que désigne exactement une ville de la 4e génération ? Et pourquoi l’Egypte s’y tourne ? Seif Farag, professeur de planification urbaine à l’Université du Caire, explique que ce sont tout simplement les villes durables. Si on parle de 4e génération, c’est que l’Egypte a déjà une longue expérience avec 3 précédentes expériences de création de villes nouvelles. La première a eu lieu à la fin des années 1960 et pendant les années 1970, avec la création des villes du 6 Octobre, du 15 Mai et de Sadate.

La seconde génération a été construite au début des années 1990, entre autres, la ville de Badr et celle d’Al-Obour, alors que la 3e génération est celle des années 2000, avec l’exemple du Nouveau-Caire. « Toutes les villes de ces trois générations, malgré la différence de leur niveau, de la qualité des services et des infrastructures, ont été planifiées selon des normes urbaines traditionnelles. Aujourd’hui, c’est un essor important pour l’Egypte de se tourner vers les villes durables respectueuses de l’environnement, des principes du développement durable et de l’urbanisme écologique, qui cherche à prendre en compte simultanément les enjeux sociaux, économiques, environnementaux et culturels de l’urbanisme pour et avec les habitants », explique Farag. Il affirme que l’avenir est à ce genre de ville qui offre une multitude d’opportunités économiques et une qualité de vie exceptionnelle. « En Egypte, avec l’explosion démographique et la pollution due à plusieurs facteurs dont l’usage de l’énergie non renouvelable, il était nécessaire de chercher des solutions inédites aptes à surmonter ces défis et garantir un avenir plus sûr, puisqu’il s’agit de villes capables de se maintenir dans le temps », affirme l’expert.

Ce dernier estime que ces mégaprojets devront changer l’aspect de la vie urbaine en Egypte, encourager les investissements, favoriser la croissance économique, créer des offres d’emploi, diversifier les exportations tout en contribuant à réduire la densité de la population dans la vallée du Nil et le Delta.

Un développement multidimensionnel

Créer une nouvelle agglomération urbaine pour alléger la densité des villes surpeuplées, mettre la Côte-Nord sur la carte touristique internationale et attirer les investissements. Tels sont les objectifs déclarés de l’installation de la nouvelle ville d’Al-Alamein. A l’encontre de la majorité des villes de la Côte-Nord, celle nouvelle d'Al-Alamein ne sera pas une simple station estivale. Elle devra comprendre un quartier résidentiel, un site touristique et archéologique, des universités, des terrains agricoles et une zone industrielle. Une nouvelle route de longueur de 38 km est créée au sud de la ville d’Al-Alamein pour devenir une alternative à celle de la Côte-Nord. Selon le ministre du Logement, Moustapha Madbouli, la nouvelle ville est planifiée pour assimiler, dans une première phase, de 3 à 4 millions d’habitants.

Le ministre ajoute aussi que le développement du littoral de la Côte-Nord est une priorité pour le gouvernement. Ainsi, la première phase exécutée avec un budget de 4 milliards de L.E. est installée sur 8 000 feddans. Elle comprend l’installation du site touristique et de celui industriel, ainsi qu’un quartier résidentiel de 5 000 logements sociaux. Elle renferme aussi des unités de logement social, une zone de divertissement et une station d’épuration d’eau.

Le député Moataz Mahmoud, membre du comité du logement au parlement, affirme que l’installation de la nouvelle ville d’Al-Alamein devra insuffler la vie à la Côte-Nord et contribuera à son développement. « La position géographique de la région d’Al-Alamein est propice à un développement économique, agricole, urbain et touristique prometteur. Les investisseurs qui ont affiché leur volonté d’investir à la Côte-Nord y voient une région prometteuse pour de grands projets. Elle dispose des possibilités intéressantes d’investissement dans plusieurs domaines », affirme Mahmoud, qui trouve qu’il s’agit d’une fierté pour l’Egypte de transformer les déserts à des centres urbains mondiaux.

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