Misr tastatie be Abnaa Al-Nil (l’Egypte peut avec les fils du Nil) était le thème-titre d’une conférence tenue les 25 et 26 février à Louxor, à l’initiative du ministère d’Etat pour l’Immigration et les Affaires des Egyptiens à l’étranger, en partenariat avec la Banque Centrale égyptienne. Responsables politiques, diplomates, militaires et experts se sont ainsi retrouvés pour discuter de plusieurs thèmes, dont la gestion responsable de l’eau. Débats en séances plénières, entretiens en marge de la conférence et discussions de couloirs, les occasions d’échange n’ont pas manqué lors de ce troisième rendez-vous regroupant les scientifiques et les experts égyptiens en provenance du monde entier sous la devise
Misr Tastatie (l’Egypte peut).
Consacrée aux problèmes de l’agriculture et de l’irrigation, la conférence, tenue sous les auspices du président égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi, a été clôturée par la ministre d’Etat pour l’Immigration, l’ambassadrice Nabila Makram. Makram a déclaré que l’organisation de cette conférence avec la participation de nombreux ministres confirme la volonté de l’Egypte de surmonter ses problèmes hydriques et de développer les systèmes d’agriculture et des communautés agricoles. « Les conférences intitulées Misr Tastatie s’inscrivent dans le cadre des directives du président Al-Sissi au gouvernement de faire participer les savants et les personnalités éminentes égyptiennes au règlement des problèmes de leur patrie, et ce, conformément aux objectifs de la stratégie de développement durable Egypte 2030 », a souligné la ministre. Et d’ajouter: « Le fait de rassembler en une seule conférence ce grand nombre de savants et d’experts égyptiens, qui ont réalisé de grands acquis dans les domaines de l’agriculture, de l’irrigation, de la gestion des ressources hydriques et du règlement des problèmes de manque d’eau, cela prouve l’intérêt qu’accorde l’Etat et sa direction au développement et à la bonification des terres égyptiennes et aux grands projets nationaux ainsi qu’aux divers dossiers relatifs à l’eau et au fleuve du Nil comme source de vie pour les Egyptiens».
La conférence s’appuyait surtout sur les expertises de savants et d’experts égyptiens résidant à l’étranger et en Egypte, en vue de donner des sortes de prescriptions relatives aux défis de la gestion de l’eau et à l’avenir du développement en Egypte. Au nombre de 23, les scientifiques et experts égyptiens résidant à l’étranger ont tous souligné l’importance croissante de la maîtrise de l’eau sur un plan national, régional et continental. Et ce, en vue d’en exploiter pleinement le potentiel pour l’agriculture et l’énergie, afin que ces deux secteurs puissent assurer la sécurité alimentaire et les besoins croissants de l’Egypte en aliments, énergie et développement durable.
Lutte contre le gaspillage
Ayant pour titre « Le dessalement de l’eau. Une exigence et des défis », le rapport préparé par l’expert égyptien Mohamad Daoud, professeur au Centre national des recherches de l’eau aux Emirats arabes unis, plante le décor alarmiste d’un monde en pénurie d’eau. Le document s’interroge sur la volonté des différentes entités à coopérer pour trouver des sources d’eau différentes de celles du Nil. « Les ressources hydriques de l’Egypte, à 92,5 % issues du Nil, sont insuffisantes pour répondre aux besoins croissants du pays, qui risque une pénurie d’eau », indique le rapport. L’expert égyptien dresse le tableau idyllique d’une Egypte dans laquelle « la gestion ferme des ressources et la lutte contre le gaspillage sont à l’ordre du jour ». La consommation d’eau annuelle de l’Egypte, dont plus de 85% va au secteur agricole, excède les ressources du pays. Un problème qui risque de s’accroître vu la forte croissance démographique.
Quant au scientifique Assem Abou-Hatab, il a lui aussi déclaré lors de sa présentation que « le manque d’eau est l'une des menaces les plus sérieuses qui pèsent sur l’agriculture et l’environnement de plusieurs pays de la région, en particulier l’Egypte, étant donné que l’agriculture absorbe plus de 80% de la consommation des ressources d’eau et que son défi a toujours consisté à produire plus d’aliments pour satisfaire les besoins d’une population en expansion ». Selon l’expert, les prévisions en matière de croissance démographique indiquent que les besoins alimentaires doubleront au cours des prochaines années.
Pour sa part, Dr Salem Chohan, expert hydraulique travaillant en Somalie, souligne le fait que le défi est de taille pour l’agriculture mondiale. « Alors qu’il faudra doubler la production à l’horizon 2050 pour nourrir les futurs 9 milliards et demi d’humains, les scénarios climatiques annoncent tous une baisse des ressources en eau douce disponibles dans la plupart des régions ». Les techniques d’irrigation apparaissent comme l’une des solutions pour l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques et naturels, permettant de tripler la productivité des terres et d’assurer un certain pourcentage de la production alimentaire. Améliorées dans le souci de gérer durablement les ressources en eau et d’assurer un partage équitable avec tous les autres domaines d’utilisation, les techniques d’irrigation ont fait de nets progrès. Des progrès devenus indispensables pour l’Egypte: méthodes économes en eau, réutilisation des eaux usées et mise en place de nouveaux modes de gouvernance.
En résumé, la conférence Misr Tastatie be Abnaa Al-Nil a mis l’accent sur le renforcement de la productivité agricole en Egypte, en se fondant sur l’irrigation et le drainage. Presque toutes les présentations et études exposées ont abordé principalement le rôle indispensable de la science face aux changements climatiques, l’amélioration de la gestion de l’eau dans l’agriculture et les liens entre l’eau, l’alimentation et l’énergie. Tant d’approches et de recherches vraiment importantes en quête de solutions efficaces pour le bénéfice de tous.
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