Al-Ahram Hebdo : Comment l’idée de cette campagne a-t-elle été accueillie par les jeunes contestataires ?
Mohamad Abdel-Aziz : L’idée a été formulée fin avril, lorsque des membres du mouvement Kéfaya se sont réunis pour trouver une issue à l’impasse politique. Il nous fallait une solution conforme aux normes démocratiques. Nous sommes tombés d’accord sur le fait que la solution était de retirer notre confiance à Mohamad Morsi.
L’objectif est de rassembler les signatures d’un nombre de citoyens supérieur à celui qui a voté pour lui. Dans un premier temps, nous avons lancé notre campagne sur Facebook. La page Tamarrod n’a pas tardé à attirer 7 000 membres actifs qui se concertent quotidiennement pour organiser la collecte des signatures.
Nous avons des volontaires dans presque toutes les villes et tous les villages d’Egypte. Des milliers d’internautes impriment le formulaire et le signent, puis appellent les numéros de téléphone disponibles en ligne pour qu’un membre de la campagne vienne les récupérer chez eux.
— Comment évaluez-vous l’accueil réservé à cette campagne ?
— C’est un accueil très positif. Au niveau politique, presque tous les partis de l’opposition nous ont rejoints et nous ont proposé leur soutien. Nous allons publier l’adresse des bureaux des partis politiques dans chaque gouvernorat où les gens pourront se rendre pour signer la pétition.
La grogne contre le président, le gouvernement et la confrérie s’amplifie de jour en jour, ce qui se reflète dans le nombre de signatures. Nous avons l’ambition d’aller au-delà des 15 millions de signatures avant l’anniversaire de l’élection de Morsi, le 30 juin.
— Le mouvement Tagarrod, né en réaction à votre campagne, prétend avoir rassemblé plusieurs millions de signatures soutenant le président. Qu’en pensez-vous ?
— A mon avis, c’est une campagne fallacieuse et presque inexistante. Aucune information n’a été divulguée ni sur les organisateurs de ce mouvement, ni sur leur plan d’action. D’ailleurs, personne n’a vu les formulaires censés contenir ces signatures.
Nous, dans le cadre de notre campagne, nous avons organisé une conférence de presse pour donner des informations précises et annoncer le nombre de formulaires signés dans chaque gouvernorat.
— Pensez-vous que la collecte de signatures soit un moyen légal pour renverser le président ?
— Absolument. Le peuple est la source du pouvoir. A la fin de notre campagne, nous avons l’intention d’intenter un procès contre Mohamad Morsi pour usurpation de pouvoir. Nous sommes convaincus qu’il y a 2 moyens de pression : l’une populaire et l’autre juridique. Nous allons centrer notre action sur ces deux voies.
— Votre position vis-à-vis d’Ahmad Chafiq est pour le moins confuse. Ce dernier a été tour à tour salué et dénigré dans des déclarations émanant de votre campagne …
— Ahmad Chafiq a déclaré qu’il allait signer notre pétition. Sa relation avec notre campagne s’arrête là. Nous le refusons bien entendu en tant que figure de l’ancien régime, mais nous ne pouvons pas interdire à ses supporters de signer notre pétition. Les affiliations politiques ne doivent pas priver les citoyens de leur droit de contester le régime actuel .
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