Al-ahram hebdo : Comment évaluez-vous les relations égypto-mexicaines ?
Jose Octavio Tripp : Les relations égypto-mexicaines sont positives et fructueuses dans différents domaines. L’ambassade mexicaine au Caire coopère notamment avec le ministère égyptien de la Culture pour organiser des événements, des rencontres et des concerts au Caire et à Alexandrie. En ce qui concerne la coopération économique, nous y accordons un intérêt particulier, surtout au niveau des investissements et de l’échange d’expertises technologiques. Des entreprises mexicaines investissent en Egypte et il y a également des compagnies égyptiennes qui investissent au Mexique. Il existe par ailleurs une coordination efficace entre les deux pays au niveau de l’environnement et de l’habitat.
Il est important de signaler qu’il existe une grande ressemblance entre les deux pays, notamment pour ce qui est du nombre d’habitants. Et il y a 8 millions d’Egyptiens et 11 millions de Mexicains qui vivent à l’étranger. Chacun des deux pays possède de nombreux domaines d’expertise qu’il peut échanger avec l’autre, afin que chacun en profite. L’Egypte et le Mexique se ressemblent aussi au niveau de leur patrimoine : tous deux possèdent des pyramides grandioses qui ont quasiment la même forme et le même style architectural.
— L’Egypte et le Mexique entretiennent des relations historiques. Comment peuvent-ils les utiliser pour élargir leur coopération, et la crise relative à l’attaque perpétrée contre des touristes mexicains dans le désert égyptien a-t-elle été dépassée ?
— Vous avez tout à fait raison de décrire les relations entre les deux pays comme étant historiques. Quant à la crise que vous évoquez, quelques problèmes persistent, mais nous tentons de les régler le plus rapidement possible. En même temps, nous tentons de fixer un agenda commun, dont l’objectif est de renforcer nos relations tout en prenant en compte que les deux pays possèdent une économie émergente dynamique et en état de croissance et qu’il existe une ressemblance entre les sociétés mexicaines et égyptiennes, qui affrontent toutes les deux des défis importants en ce qui concerne le processus de développement dans de nombreux domaines. De plus, les deux pays possèdent chacun une capitale de grande superficie avec un nombre énorme d’habitants par rapport au total de la population, ce qui implique beaucoup de problèmes relatifs à la circulation, à la pollution, au traitement de l’eau potable et au drainage sanitaire. Aussi bien l’Egypte que le Mexique jouent un rôle important dans leur région. Enfin, les défis qu’affrontent les autorités des deux pays sont les mêmes au niveau de la nécessité de procurer des services à toute la population. A mon avis, cette forte ressemblance entre les deux pays favorise le renforcement de la coopération.
— Au cours d’une rencontre avec la ministre égyptienne de l’Investissement, Sahar Nasr, vous avez exprimé la volonté du Mexique d’augmenter ses investissements en Egypte. Quelles sont les démarches entreprises à ce niveau ?
— C’est une question très importante, car les investissements constituent le principal volet de coopération entre les deux pays, et il existe une évolution continue dans les investissements de part et d’autre. La réalité est que le Mexique est l’Etat d’Amérique latine qui investit le plus en Egypte. Par ailleurs, un certain nombre d’entreprises égyptiennes ont dernièrement commencé à investir au Mexique, alors que d’autres opèrent sur le marché mexicain depuis quelque temps. Les investissements du Mexique en Egypte atteignent environ 1 milliard de dollars, et les entreprises égyptiennes qui travaillent dans le domaine de l’électricité sont très actives dans le secteur de l’énergie au Mexique. A cette occasion, je voudrais annoncer qu’une entreprise égyptienne a récemment remporté une adjudication mondiale. Il ne s’agit pas seulement de la première entreprise à conclure un partenariat avec une compagnie pétrolière mexicaine, mais c’est aussi la première société arabe spécialisée dans ce domaine à s’engager dans la fabrication de produits pétroliers au Mexique. Le gouvernement mexicain tient donc à encourager l’investissement mutuel et à permettre l’intégration des entreprises égyptiennes dans le marché mexicain. C’est ce dont j’ai parlé avec la ministre égyptienne de l’Investissement. Permettez-moi d’annoncer que l’année prochaine, nous allons fêter le 60e anniversaire de nos relations diplomatiques avec l’Egypte, que nous tenons sérieusement à renforcer.
— A votre avis, est-ce que l’avenir des investissements du Mexique en Egypte et inversement sera plutôt basé sur les efforts des hommes d’affaires que sur les efforts gouvernementaux ?
— Nous encourageons les initiatives des hommes d’affaires et du secteur privé, car elles jouent un rôle important dans le renforcement des relations entre les deux pays. Comme nous l’avons déjà dit, les deux pays jouissent d’une large base de coopération, en particulier dans le domaine du développement. Quant aux ressources gouvernementales de financement, elles restent limitées, si nous prenons en considération le fait que l’économie de notre pays est en voie de développement. Nous comptons donc sur les efforts du secteur privé.
— Est-ce que le dynamisme des hommes d’affaires égyptiens peut encourager leurs homologues arabes à investir au Mexique en cas de climat favorable ?
— Cela est évidemment le cas, et à ce propos, je peux vous assurer que les hommes d’affaires mexicains, eux aussi, s’intéressent aux chances d’investissements où qu’elles soient. C’est peut-être la position du pays par rapport à l’Europe et à l’Afrique, en plus du grand marché local, qui les a encouragés à investir en Egypte. Et oui, le rôle pionnier des hommes d’affaires égyptiens sur le marché mexicain peut encourager et rassurer leurs confrères arabes.
— Et en ce qui concerne la région arabe, le Mexique possède-t-il une vision pour le règlement des crises régionales, comme celles de la Syrie et du Yémen ?
— Le Mexique n’a pas de vision particulière, mais possède une conception claire, basée sur la solution politique comme solution unique à toutes ces crises. Tout conflit politique doit donc être réglé à travers le dialogue politique pour la réalisation de la paix et de la stabilité. Je pense que la position égyptienne est la même face à n’importe quelle crise, non pas uniquement en ce qui concerne les Etats arabes, mais pour n’importe quel pays du monde.
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