1 545 candidats se sont présentés, dimanche 10 décembre, pour occuper les 180 sièges des 20 Unions des étudiants.
Les élections des Unionsdes étudiants se sonttenues cette semainedans 24 universitéspubliques. 1 545 candidats se sontprésentés, dimanche 10 décembre,pour occuper les 180 sièges des 20Unions des étudiants, selon le recteurde l’Université du Caire. Selon lecalendrier électoral, ces électionsprennent fin le 14 décembre. « Lesuniversités témoignent d’uneexpérience démocratique qu’incarnela concurrence électorale entre lesétudiants », a déclaré le ministrede l’Enseignement supérieur,Khaled Abdel-Ghaffar, appelant lesétudiants à élire objectivement leursreprésentants, sans être leurrés parde faux slogans qui ne correspondentpas à l’enjeu des Unions desétudiants, voire à l’exercice desactivités culturelles, artistiques etsociales.
Il s’agit des premières électionsestudiantines tenues depuis trois ans.Les dernières remontent à l’année2014, elles avaient été suspendues àcause d’une erreur procédurale qui adévoilé des failles dans le règlementrégissant les Unions des étudiants.L’ancien ministre de l’Enseignement,Achraf Chiha, s’était alors engagé àle modifier et à tenir de nouvellesélections. Or, des différends entreles étudiants et le ministère surdes modifications proposées ontempêché la tenue des électionspendant les trois dernières années.La divergence sur le règlement enquestion portait surtout sur la marged’intervention qu’il octroyait auxadministrations des universités dansles affaires des Unions des étudiants,dont le budget et les activités.Ce n’est qu’à la fin du mois denovembre 2017 que le ministrede l’Enseignement supérieur aapprouvé un nouveau règlement envertu duquel se tiennent les nouvellesélections dans les universitéspubliques.
Le nouveau règlement régitnotamment les activités des Unionsdes étudiants et réglemente lesprocédures des élections des Unionsdes étudiants. Ainsi, en vertu dece règlement, l’administration del’université se charge de la supervisiondes élections. En ce qui concerneles conditions de la candidature,le règlement exige que le candidatsoit de nationalité égyptienne, qu’iln’ait pas fait objet de sanctionsdisciplinaires ou pénales pendant sesannées universitaires et surtout qu’ilne soit pas membre d’un groupeou d’un mouvement criminalisépar la loi. Le règlement exige, pourla première fois, l’élection ou lanomination d’un représentant desétudiants ayant un handicap à chaqueUnion des étudiants. Le nouveau textea aussi annulé l’Union des étudiantsd’Egypte (Union générale regroupantdes représentants de toutes les Unionsdes étudiants). Désormais, chaqueunion travaillera indépendamment.
Plus de politique dans les universités
Le président de l’Universitédu Caire, Mohamad Osman Al-Khocht, a affirmé que les électionsse déroulaient conformémentaux règles fixées par la nouvellecharte adoptée, sans la moindreintervention de l’administration del’université. Il a appelé les étudiantsà former leurs propres unions « d’unemanière civilisée, et de respecter lesrèglements imposés par la commissionélectorale ». Al-Khocht a surtout misen garde contre l’exploitation de cesélections à des fins politiques. « Il n’ya pas de place pour le travail politiqueaux universités. Il existe des canauxlégitimes pour exercer la politiquehors du campus universitaire », a-t-ilsouligné.
Des messages qui semblentavoir été bien reçus au cours de cesélections. Les campagnes électorales,qui ont duré trois jours, étaientstrictement réglementées par lacommission électorale. Pas questiond’utilisation des slogans religieuxou qui confirment l’appartenance àun quelconque parti politique. Lacommission électorale a aussi exclutoute personne violant la disciplineuniversitaire.
En outre, les présidents desUniversités du Caire, de Aïn-Chams et de Hélouan ont interditl’affichage des publicités électoralessur les murs du campus, afin demaintenir la propreté de l’université.La propagande électorale s’estdonc limitée à la distributiondes programmes électoraux sousforme de dépliants aux étudiants.Par ailleurs, les étudiants ont biengéré toutes les étapes du processusélectoral, à commencer par laprésentation de leurs candidatures,l’établissement des listes descandidats, certains étudiants qui ontété exclus des listes ont présentédes recours, pour qu’enfin leslistes finales des candidats soientannoncées le 6 décembre dernier.La majorité des étudiants ont salué lapromulgation du nouveau règlementsur les Unions estudiantines. Un paspermettant la tenue des élections etla relance des activités estudiantinesgelées depuis trois ans. Ce quin’empêche pas que ce règlement nefasse pas l’unanimité des étudiantsdont certains affichent des réservessur certains de ses dispositifs. Septunions et mouvements estudiantinsont publié un communiqué critiquantcertains points figurant dans cerèglement. Entre autres, le calendrierdes élections qui intervient à deuxsemaines des examens du premiersemestre. Un timing que l’Union desétudiants d’Egypte juge inadéquat etqui ne favorise pas la participation desétudiants au vote aux élections (voirReportage). Des étudiants contestentaussi le quorum de vote que fixele règlement. A noter que selon lenouveau règlement, le candidat estélu s’il obtient la majorité absolue lepremier jour de vote. Si ce n’est pasle cas, au second tour, il doit obtenirau moins 20 % des voix ou 1 000voix. Si ce taux n’est pas atteint, c’estl’administration de l’université quidésigne les membres de l’Union desétudiants.
Apprendre l’exercice de la démocratie
Hassan Seida, directeur desaffaires des étudiants à l’Universitédu Caire, indique que la compétitiona été surtout acharnée aux facultésde sciences, de droit, du commerce,d’économie et de sciences politiques.Sur un autre volet, Seida trouvequ’au-delà du taux de participation,l’enjeu des élections estudiantinesc’est d’apprendre pratiquement auxétudiants l’exercice de la politique etla démocratie. « Le but essentiel desUnions des étudiants est de formerdes cadres capables d’assumer desresponsabilités, ancrer les principespatriotiques et démocrates. Desatouts qui préparent ces jeunes à selancer plus tard dans la vie politiqueet professionnelle », estime-t-il.Pour Ahmad Samir, professeurde médecine à l’Université deAïn-Chams, il est nécessairede permettre aux étudiants des’exprimer librement sur diverssujets politiques, économiqueset sociaux aux universités. « Ledialogue au sein des universitéspermet d’apprendre aux étudiantsd’accepter l’Autre, d’échanger et dedébattre les idées et les convictionsd’une manière civilisée. Une telleformation se révèle importante pouravoir une génération consciente,apte de se lancer prochainement à lavie politique », insiste Samir.
Lien court: