Les trois dirigeants lors de leur sommet mardi.
(Photo : AP)
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi est arrivé, lundi 20 novembre, à Chypre, pour une première visite officielle de deux jours. Mardi, il a participé à un sommet tripartite réunissant l’Egypte, Chypre et la Grèce. Depuis 2014, les trois pays cherchent à consolider leur coopération dans tous les domaines, notamment le domaine énergétique. La gestion des gisements de gaz naturel découverts récemment dans l’Est de la Méditerranée a été au centre des discussions.
Lundi, au palais présidentiel à Nicosie, le président a été reçu par son homologue chypriote, Nicos Anastasiades, qui lui a décerné la médaille Makarios III, pour ses efforts visant à préserver la sécurité dans la région. A son tour, le président Sissi a décerné au président chypriote la médaille du Nil, la plus haute décoration égyptienne, qui récompense les services exceptionnels, militaires ou civils, rendus au pays. Les deux présidents ont aussi inauguré le Forum des affaires égypto-chypriote, qui vise à stimuler les relations économiques et commerciales entre les deux pays. « Je mets en relief les horizons de coopération prometteurs qu’ouvrent les découvertes de gaz en Méditerranée orientale. Ces découvertes devront être un facteur important pour établir la paix, la sécurité et la prospérité en vue de servir les intérêts des peuples », a estimé le président Sissi, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue chypriote. Il a de même souligné l’importance de la coopération bilatérale, notamment militaire, mais aussi dans d’autres domaines dont le commerce, le tourisme, la lutte contre le terrorisme et l’émigration illégale.
De son côté, le président Anastasiades a affirmé que l’Egypte est « un partenaire-clé dans l’UE ». Il a réaffirmé l’importance de la coopération bilatérale dans le domaine de la sécurité et de la défense en vue de « préserver la sécurité et la stabilité de la région méditerranéenne ».
Outre le renforcement des relations bilatérales, les discussions ont porté sur des questions régionales et internationales d’intérêt commun, dont la crise libanaise et la situation en Libye et en Syrie. Trois nouveaux mémorandums de coopération ont été conclus dans les domaines de la santé, de la sécurité et de la communication. Des accords qui s’ajoutent aux 35 accords déjà signés entre les deux pays depuis 2014. Devant le parlement chypriote, le président Sissi a prononcé une allocution exprimant la position de l’Egypte en faveur de la réunification de Chypre.
Nouveaux horizons de coopération
Mardi, un sommet tripartite a réuni, à Nicosie, le président Sissi, son homologue chypriote et le premier ministre grec, Alexis Tsipras, dans le cadre des rencontres périodiques entamées, depuis 2014, entre les trois pays. Les discussions ont notamment évoqué la coopération énergétique, la préservation de l’écosystème en Méditerranée et le transport maritime entre les trois pays. Les trois leaders ont aussi échangé les vues sur un nombre de questions régionales, dont la coopération en matière de lutte contre le terrorisme et l’émigration illégale.
Il s’agit du cinquième sommet tripartite réunissant les trois pays. Le premier s’est tenu au Caire en novembre 2014, le deuxième à Nicosie en avril 2015, le troisième à Athènes en décembre 2015, alors que le quatrième sommet s’est tenu au Caire en 2016.
Selon le politologue Tarek Fahmi, la participation du président Sissi à ce sommet reflète la volonté de l’Egypte de multiplier ses alliances régionales. « Plusieurs facteurs ont favorisé la consolidation des relations entre les trois pays, dont le terrorisme et l’émigration illégale. L’axe économique a été l’un des plus importants de ce sommet. Il y a une croissance des échanges commerciaux entre l’Egypte, la Grèce et Chypre depuis 2015 », indique Fahmi. Il estime que la participation de l’Egypte à ce sommet et son alliance solide avec Chypre et la Grèce sont un message à l’Iran et à la Turquie. « L’Egypte a des intérêts en Méditerranée orientale et elle les défendra. C’est le message envoyé par l’Egypte à travers ces sommets avec la Grèce et Chypre », indique Fahmi.
Le gaz, motif de rapprochement
Norhane Al-Cheikh, professeure des relations internationales à l’Université du Caire, estime que les découvertes égyptiennes de gaz sont au coeur de ce rapprochement entre les trois pays. L’année 2015 a témoigné de la plus grande découverte de gaz en Méditerranée. 850 milliards de m3 de gaz (d’une valeur d’environ 106 milliards de dollars) ont été trouvés, ce qui promet de faire de l’Egypte une plaque tournante énergétique dans la région. 70% du gaz produit par l’Egypte est utilisé par le secteur de l’énergie électrique, l’Egypte importait entre 35% et 40% de ses besoins en gaz liquéfié. Selon la politologue, ces réserves doivent être protégées, et les trois dirigeants coordonnent pour assurer la sécurité en Méditerranée. « Le partenariat économique entre l’Egypte, Chypre et la Grèce vise à protéger les droits des trois pays dans les gisements de gaz, surtout que des pays comme Israël et la Turquie exploitent des gisements gaziers en mer Méditerranée dans des zones contestées. Lors des sommets précédents, les trois pays avaient réaffirmé le droit de l’Egypte à exploiter les richesses de sa zone maritime. Ils avaient de même signé en 2015 un accord sur la démarcation des frontières maritimes. Cette coordination vise à dissuader des pays comme Israël et la Turquie », estime Al-Cheikh. Et de conclure: « Au lieu d’en faire un conflit, l’Egypte, Chypre et la Grèce ont réussi à faire de ces découvertes un moyen de coopération fructueuse ».
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