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Oasis : Les terroristes décimés

Ahmed Eleiba, Mercredi, 08 novembre 2017

Les forces armées ont annoncé cette semaine la liquidation des éléments du groupe Ansar Al-Islam, responsable de l’attentat meurtrier du 20 octobre. L’objectif porte désormais sur la protection des frontières ouest.

Oasis : Les terroristes décimés
Le président Al-sissi a rendu visite à l'officier Al-Hayes après sa libération des mains des terroristes.

Les opérations de la police et de l’armée dans la zone de l’oasis de Bahariya dans le désert occidental marquent une phase décisive dans la lutte antiterroriste en Egypte. La liquidation d’une cellule du groupe Ansar Al-Islam qui se revendique d’Al-Qaëda et la libération de l’officier de police Mohamad Al-Hayes des mains des terroristes ouvrent un nouveau chapitre dans cette lutte. Des sources sécuritaires affirment que les opérations militaires ont débuté après l’attentat du 20 octobre. Ces opérations visent à endiguer le terrorisme qui a commencé à proliférer dans cette zone. Pour Khaled Okacha, membre du Conseil national de lutte antiterroriste, la libération d’Al-Hayes, la liquidation des éléments d’Ansar Al-Islam et la neutralisation des renforts provenant de Libye « ont permis de rétablir l’honneur de l’Etat, après la déception qui s’est emparée de beaucoup de citoyens suite à l’attentat ayant causé la mort de 16 conscrits et officiers de police ». Et d’ajouter : « Les opérations conjointes de l’armée et de la police dans le désert occidental se poursuivront jusqu’à l’éradication du terrorisme dans cette zone ».

Des sources militaires affirment que les opérations ont commencé à l’issue d’une réunion durant laquelle des remaniements ont été décidés dans les ministères de la Défense et de l’Intérieur. Ainsi, le général Mohamad Farid Hégazi a été nommé chef d’état-major des armées, remplaçant Mahmoud Hégazi, alors que plusieurs officiers de police de haut rang ont été limogés, notamment ceux responsables de la province de Guiza, dont dépend la zone où s’est produit l’attentat meurtrier.

Les affrontements avec la cellule d’Ansar Al-Islam ont commencé le 30 octobre par la destruction, près de la frontière avec la Libye, d’un convoi de 6 voitures chargées d’armes et d’explosifs. Plusieurs éléments terroristes ont été tués dans cette opération. Le lendemain, une nouvelle opération a réussi à libérer le capitaine de police Mohamad Al-Hayes, pris en otage lors de l’attentat, et à détruire un convoi de 3 voitures. Début novembre, une troisième opération a abouti à la liquidation de plusieurs éléments terroristes. Les éléments en fuite ont été localisés et cernés à l’ouest de la province du Fayoum.

Localisés par satellites

D’après les sources militaires, le capitaine Hayes a été localisé grâce aux satellites, notamment russes, qui ont guidé les forces égyptiennes dans leur recherche. L’officier se trouvait dans un convoi de voitures près de la frontière ouest, ses ravisseurs cherchant à le transporter en Libye pour l’utiliser à des fins de propagande. Deux autres convois se trouvaient de part et d’autre du convoi qui transportait l’officier, dans un diamètre de 30 km, et ont été localisés par satellites. Ils ont tous été détruits. D’après les images satellites, les terroristes portaient l’uniforme de l’armée pour leurrer les patrouilles aériennes. L’armée a renforcé le contrôle de la frontière ouest, source d’infiltrations terroristes à cause du chaos sécuritaire en Libye. Des groupes terroristes avaient proféré par le passé des menaces à l’intention de l’armée égyptienne. Il s’agit notamment du commandant des combattants d’Al-Bonyane Al-Marsous, qui dépendent du gouvernement d’union nationale. Celui-ci s’en était pris à l’Egypte à cause d’une série de réunions que l’armée égyptienne avait accueillies au Caire dans le but d’unifier les forces libyennes. Le porte-parole de l’Armée nationale libyenne, le colonel Ahmad Al-Mismari, a accusé le Qatar d’être derrière cette réaction.

D’autres menaces sont venues du groupe Al-Mourabétoune, fondé en 2013 par l’ex-officier de l’armée égyptienne Hicham Achmawi, qui a embrigadé d’autres anciens militaires, dont Emad Abdel-Hamid, alias Abou-Hatem, renvoyé de l’armée en raison de ses tendances islamistes. Commandant de la cellule de l’Oasis, celui-ci avait rallié le groupe Ansar Beit Al-Maqdès en 2011. Il a été tué lors des dernières opérations de l’armée. D’autres éléments ont été arrêtés, dont Hanafi Gamal, un ex-officier de police ayant travaillé dans la Sûreté nationale jusqu’en 2014. « A ce stade, on ne peut ni confirmer son appartenance structurelle à l’organisation mère des Mourabétoune établie en Afrique, ni exclure une certaine forme d’assistance », explique Ali Bakr, spécialiste des mouvements islamistes. « Il est tout aussi envisageable que des éléments aient déserté l’organisation Daech, qui perd de son lustre, et aient rejoint Al-Qaëda », ajoute-t-il.

D’après les sources sécuritaires, le foyer terroriste dans la zone de l’oasis de Bahariya comptait une centaine d’hommes qui recevaient un soutien à travers la Libye. Ils ont été liquidés pour la plupart et les quelques éléments ayant survécu aux frappes militaires sont pourchassés par les forces de sécurité. Les mêmes sources affirment que la prochaine phase de la lutte antiterroriste accordera un intérêt particulier aux frappes préventives et au renforcement du contrôle des frontières, notamment celle avec la Libye. La visite cette semaine du nouveau chef d’état-major des armées dans la zone ouest intervient dans ce contexte.

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