![Gel des écoles égypto-japonaises](https://french.ahram.org.eg/Media/News/2017/10/31/2017-636450842483333090-333.jpg)
Les écoles japonaises étaient censées remédier aux défaillances du système éducatif conventionnel.
Les écoles égypto-japonaises, qui devaient ouvrir leurs portes le 15 octobre dernier, vont rester portes closes jusqu’à nouvel ordre. C’est le président Abdel-Fattah Al-Sissi lui-même qui en a décidé ainsi. Cette décision vient mettre terme à la confusion qui a accompagné les procédures de sélection des élèves et des enseignants. Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Education, Tareq Chawqi, a indiqué que cette suspension vise à
« donner le temps nécessaire pour la mise en place de tous les dispositifs matériels et éducatifs à même de garantir la réussite de l’expérience de l’enseignement japonais ». Le ministre a également avoué que son ministère n’etait pas encore prêt à appliquer ce projet. «
De nouveaux critères pour l’admission des élèves aux écoles égypto-japonaises et pour le recrutement des enseignants seront fixés », a déclaré le ministre, ajoutant que toutes les procédures précédentes ont été annulées. Ainsi, les élèves qui ont été admis aux écoles égypto-japonaises resteront dans leurs écoles où ils étudiaient, alors que les nouveaux élèves de la maternelle seront dirigés vers des écoles expérimentales selon la zone géographique. A cet effet, le président Al-Sissi a ordonné la formation d’un comité spécialisé composé de sociologues, de pédagogues et d’enseignants pour déterminer de nouveaux critères pour la sélection des étudiants et des enseignants.
C’est dans le cadre d’un protocole de coopération signé entre les ministères de l’Education de l’Egypte et du Japon en février 2016 que 45 nouvelles écoles égypto-japonaises devaient accueillir les élèves dès l’année scolaire 2017-2018. Les frais de scolarité annoncés devaient être entre 2 000 et 4 000 L.E. par an. L’expérience consiste à appliquer dans ces nouvelles écoles les programmes officiels égyptiens, mais via le système d’éducation japonais « Toktasso ». Ce dernier repose sur le développement des compétences des élèves à travers une méthode d’enseignement qui stimule la créativité des élèves et développe leur personnalité.
L’application d’un tel système nécessite des écoles équipées de salles d’activités et d’ordinateurs, et surtout d'une formation adéquate des enseignants. Or, la confusion qui a régné lors de la sélection des élèves et le retard dans l’installation des équipements dans les écoles et dans la formation des enseignants ont entravé la rentrée scolaire dans ces écoles. Les responsables affirment que la remise sine die de l’ouverture des écoles japonaises est dans l’intérêt des élèves et vise en premier lieu à leur offrir un enseignement de qualité.
L’heure est à la déception
Cela n’a cependant pas empêché parents et élèves d’afficher leur déception. Beaucoup d’entre eux misaient sur ces nouvelles écoles pour fuir l’éducation dans les écoles nationales et la hausse excessive des frais scolaires des écoles privées et internationales. Dès l’ouverture de la porte de l’inscription aux écoles japonaises, le 27 septembre dernier, plus de 20 000 élèves se sont pressés pour s’inscrire et seuls 9 000 ont été retenus. Fatma Sabet, mère de deux filles, regrette que le flou administratif et la mauvaise organisation de la part du ministère de l’Education aient causé le report des études dans ces écoles. « Mes deux filles se sont inscrites à l’école japonaise et elles remplissaient toutes les conditions fixées par le ministère concernant l’âge et le lieu de résidence. Mais l’une a été admise et l’autre non. Cela prouve qu’il existe une ambiguïté et un manque de transparence en ce qui concerne les critères d’admission », accuse Fatma, qui ne cache pas son désarroi. « J’ai trouvé en l’ouverture des écoles égypto-japonaises une chance pour mes filles de recevoir un enseignement de qualité avec des frais convenables. Hélas, ce sont les parents et les élèves qui paient les frais de la bureaucratie et de l’anarchie qui ont mené à cette suspension », regrette-t-elle.
La députée Anissa Hassouna, membre de la commission de l’éducation au sein du parlement, critique pour sa part une mauvaise gestion du dossier des écoles japonaises. « Il s’agissait d’une initiative ambitieuse qui devait améliorer la qualité et le niveau de l’enseignement en Egypte. Or, l’absence d’un plan pour les préparatifs nécessaires à l’application de cette expérience l’ont tuée dans l’oeuf », regrette Hassouna, appelant à ouvrir une enquête au sein du ministère de l’Education pour savoir qui est responsable de ces défaillances. Elle ajoute que les critères d’admission manquaient de précision et de transparence et il ne fallait pas fixer une date pour l’ouverture des nouvelles écoles avant d’achever les équipements nécessaires. « Les responsables devront rendre des comptes », lance Hassouna. Sur ce point, Farida Méguahed, responsable du secteur de l’enseignement technique au ministère de l’Education, fait savoir que le ministère a formé des comités pour réviser le système d’admission et enquêter sur les erreurs qui l’ont entaché. Ces comités se pencheront aussi sur l’étude des plaintes présentées par les parents des élèves non admis.
Or, pour la pédagogue Maha Rachwane, le vrai débat ne doit pas porter sur la date de l’application de l’expérience de l’éducation japonaise, mais plutôt sur l’aptitude du ministère de l’Education à chapoter un tel projet. « C’est vrai que cette décision a indigné les parents et a perturbé les élèves. Or, ce n’était pas non plus dans leur intérêt de commencer l’année scolaire, alors que les écoles et les enseignants ne sont pas prêts », estime Rachwane, qui appelle à revoir les défaillances de l’ensemble du système éducatif en Egypte.
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