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UNESCO: La candidate arabe de l'Afrique

Sabah Sabet, Samedi, 07 octobre 2017

Les élections pour la présidence de l'Unesco se débutent lundi 9 octobre. Huit candidats sont en lice, dont l’égyptienne Mouchira Khattab qui bénéficie d’un fort soutien africain.

Mouchira Khattab

Les élections auront lieu lundi 9 octobre. Le conseil exécutif de l’organisation de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), élira le successeur de la Bulgare Irina Bokova qui achève son second mandat. _L'Education a été le thème principal de la campagne cette année. Celle-ci est « un droit fondamental » pour le Chinois Qian Tang, « un ferment de développement et d'égalité entre les sexes » pour la Française Audrey Azoulay, et la « principale voie vers une culture de la paix » pour l'Egyptienne Moushira Khattab. _Ancienne ministre et ambassadrice, Mouchira Khattab est docteure en droit international spécialisée dans les droits de l'homme. Elle fut longtemps engagée en faveur de l'éducation des filles, de la protection des femmes et des enfants, et contre les mutilations génitales féminines. Son image est celle d'une activiste des droits de l'homme, et d'un exemple d'émancipation de la femme arabe. A la fois francophone et anglophone, Mme Khattab était ministre d'Etat à la famille et la population, sous l'ancien président Hosni Moubarak. Sa candidature est perçue par certains comme une volonté de l'Egypte de renforcer sa présence sur la scène internationale.

Mme Khattab est porteuse d'un programme ambitieux axé sur l'Afrique parmi d'autres priorités. « Il est difficile aujourd'hui d'imaginer ouvrir un bureau de l'Unesco dans chaque pays d'Afrique, mais les outils numériques permettent d'être ambitieux. Si nous marions réforme et modernisation de l'institution, d'un côté, et, de l'autre, avons la volonté d'accompagner les pays africains et de placer l'Afrique au coeur du programme. Nous pouvons par exemple imaginer des formations pour les fonctionnaires africains appelés à échaffauder les politiques culturelles, scientifiques et éducatiives », a insisté Mme Khattab lors d'un entretien au magazine Jeune Afrique.

Efforts diplomatiques

Des efforts ont été déployés par plusieurs instances pour soutenir Mme Khattab, à commencer par la présidence de la République et le président Abdel Fattah Al-Sissi, en personne, lequel, lors de sa participation à plusieurs forums internationaux, a appelé au soutien de la candidate égyptienne aux élections de l'UNESCO. Il l’a dernièrement fait lors de sa participation au mois de septembre à l'Assemblée générale des Nations unies._Un appel relayé par le ministère des Affaires étrangères et l’Organisme général de l’information. Le chef de la diplomatie, Sameh Choukri, a multiplié les contacts avec plusieurs pays, notamment arabes et africains, pour les convaincre de la compétence de la candidate égyptienne et obtenir leur soutien. « Nous avons bénéficié du soutien des dirigeants africains et d’un certain nombre de pays d'Asie et d'Europe. Malgré la présence de trois autres candidats arabes, nous avons obtenu l’appuie de la plupart des pays arabes, notamment l'Arabie saoudite, l'Algérie et les Émirats arabes unis », a affirmé, lors d’une conférence de presse la semaine dernière, l’ambassadeur Mohamed Al-Orabi, ancien ministre des Affaires étrangères et directeur de la campagne de Mouchira Khattab, soulignant que l’élection « ne sera pas facile ».

Trois candidats arabes se présentent cette année à la présidence de l'Unesco. Outre Mme Khattab, la Libanaise, Vera El-Khoury Lacoeuilhe, et le qatari Abdel-Aziz Al-Kawari, sont en lice, et ce après le retrait de l'irakien, Salah Al-Hasnawy qui s'est désisté en faveur de la candidate égyptienne.

L’Egypte compte surtout sur le soutien africain qui était très explicite lors des sommets de Kigali en juillet 2016 et d’Addis-Abeba en juillet 2017. Pour sa part, le président de l’Organisme général de l’information, Diaa Rachwan, note que l'Ambassadrice Moushira Khattab a un profil très distingué et que « son élection serait un succès pour la toute la région ». Et d’ajouter : « Dans cette période mouvementée de notre histoire, l’Egypte reste un pays de rayonnement pour toute la région »._La bataille s'annonce difficile. « La concurrence est très rude, mais la candidate égyptienne est sans aucun doute très forte. L'Etat est aux cotés de Mouchira Khattab et nous espérons qu'elle gagnera », affirme Ahmad Abou zeid, porte parole du ministère des Affaires étrangéres.

Aujourd’hui, c’est l'Union européenne et ses Etats-membres qui en sont le premier financier (40% du budget). « Un des enjeux est notamment de ramener les États-Unis dans les contributeurs », estime François Chaubet, professeur d'histoire contemporaine. « L'organisation a toujours été traversée par des luttes d'influence, notamment pendant la Guerre froide et les décolonisations. Les conflits sont moins aigüs depuis vingt ans », ajoute ce spécialiste de l'histoire culturelle. _Les pays arabes revendiquent le poste, faisant valoir que leur groupe ne l'a jamais occupé. Mais rien dans les textes n'impose une rotation. Les responsables de la campagne de soutien à Moushira Khattab regrettent cette « absence de consensus qui affaiblit le groupe arabe »._Le vote se déroulera en une ou plusieurs étapes à partir de lundi, à l'issue de la journée de travaux du conseil. Jusqu'à quatre tours de scrutin peuvent être organisés si aucun candidat n'atteint la majorité absolue. Si un cinquième vote devait être organisé, il porterait alors sur les deux candidats arrivés en tête au 4e tour.

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