Al-Ahram Hebdo : Quelles différences y a-t-il entre le nouvel organisme et la Haute Commission électorale qui supervisait auparavant les élections ?
Rami Mohsen : Les deux instances sont catégoriquement différentes. C’est la première fois dans l’histoire de l’Egypte qu’il y a une institution indépendante chargée de gérer le processus électoral. Cet Organisme national des élections jouit d’un siège, d’un budget et d’un secrétariat général indépendants. Il est exclusivement formé pour gérer le processus électoral, il ne prend pas en charge d’autres fonctions et n’est pas dissous suite aux scrutins. C’est-à-dire, on parle d’une instance spécialisée et dont les membres et les fonctionnaires seront professionnellement formés, contrairement à l’ancien système sous lequel les fonctionnaires étaient occasionnellement convoqués pour cette mission. Et le plus important encore c’est que toute cette opération est menée sous la supervision des juges qui se chargeront exclusivement de cet organisme.
— L’article 34 de cette loi avait suscité un vif débat. Et, le parlement avait finalement décidé de maintenir le contrôle judiciaire sur les élections pour 10 ans. Que pensez-vous de cette décision ?
— C’est une décision choquante et injustifiable. A quoi cela sert-il d’annuler la supervision des élections par des juges et de livrer cette tâche à des fonctionnaires civils, que ce soit maintenant ou dans 10 ans ? Je ne trouve pas de raison logique expliquant le fait qu’après 10 ans de travail, on retire la supervision des scrutins par les juges. Certains disent qu’il faut suivre les modes électoraux internationaux et ne trouvent pas nécessaire d’impliquer les juges dans le processus électoral, d’autres craignent l’inconstitutionnalité puisque la Constitution a stipulé l’annulation, à terme, de la supervision de la justice sur les scrutins. Or, je reste convaincu que la supervision du scrutin par la justice garantit la transparence des élections. Il est indispensable de réviser cet article de loi.
— Le nouvel organisme est censé être une instance indépendante. D’après vous, quels sont les dispositifs garantissant cette neutralité ?
— Le fait que l’organisme se charge de toutes les procédures du processus électoral, du contrôle de l’impression des bulletins de vote, du dépouillement des voix, des propositions de redécoupage des circonscriptions, du contrôle des campagnes électorales, etc. diminuera, voire empêchera toute tentative de fraudes ou de violation. Autrefois, plusieurs instances différentes dépendant de plusieurs ministères étaient chargées de ces missions, ce qui donnait lieu à des irrégularités.
Cela dit, il faut attendre l’application de cette expérience pour pouvoir la juger.
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