Le nouvel organisme sera chargé de superviser les prochaines élections. (Photo : Moustapha Emeira)
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi avait ratifié, en juillet dernier, la loi sur sa création de l’Organisme national des élections après son approbation par le parlement. L’organisme, chargé d’organiser les élections présidentielle, législatives et municipales, a été créé mi-août. Dix candidats ont déjà été choisis pour siéger au sein de cet organisme. Et les noms ont été envoyés au président de la République. L’organisme sera également chargé de remettre à jour les données électorales, de réglementer les campagnes électorales et leur financement, de garantir la transparence des élections et de faciliter le vote des Egyptiens à l’étranger. L’organisme sera aussi responsable du dépouillement des bulletins et de l’annonce des résultats.
Un mandat de 6 ans
D’après la loi, l’organisme sera géré par un conseil d’administration composé de 10 membres recrutés parmi les vice-présidents de la Cour de cassation, les présidents des Cours d’appel, les vice-présidents du Conseil d’Etat, du Service de contentieux de l’Etat et du Parquet administratif. Ils sont nommés par décret présidentiel pour un mandat de 6 ans. Un renouvellement partiel devrait avoir lieu tous les 3 ans. L’organisme sera présidé par le plus ancien membre de la Cour de cassation. Il pourra, selon la loi, faire appel à des personnalités indépendantes et des experts en matière d’élections. L’organisme dispose d’un appareil exécutif permanent, dont la composition, le fonctionnement et les prérogatives sont définis par la loi.
La création de cet organisme répond à une exigence constitutionnelle. Il remplace les trois commissions, qui géraient auparavant le processus électoral, à savoir celles des élections présidentielle, parlementaires et municipales. La loi souligne que « les fonds de ces commissions devront être transférés à l’Organisme national des élections, aussitôt qu’il est mis en place ». Il s’agit donc de la première instance permanente et indépendante chargée de la gestion intégrale des procédures électorales. Réfaat Qomsan, conseiller du premier ministre pour les affaires électorales, qualifie la création de cet organisme de « pas important sur le chemin de la démocratie » qui témoigne de « la volonté de l’Egypte d’emboîter le pas aux pays démocratiques ». Même son de cloche pour Hussein Abdel-Razeq, cadre éminent au parti du Rassemblement, qui voit en la création de cet organisme une véritable chance pour « remédier aux défaillances du système électoral et faire face à la fraude ». Il mentionne le changement répétitif des membres des commissions électorales et leur secrétariat technique, ainsi que l’absence d’une structure administrative permanente. « L’indépendance administrative et financière de cet organisme est censée rassurer sur l’honnêteté des futures élections.
Autrefois, la responsabilité de l’organisation et de la gestion des élections était répartie entre plusieurs instances et institutions de l’Etat, entre autres, les ministères de la Justice et de l’Intérieur ainsi que les municipalités. Cela favorisait les abus et les irrégularités. La création d’un nouvel organisme indépendant permettra de mieux organiser le processus électoral sans intervention de l’exécutif », pense Abdel-Razeq. Il ajoute que sous la Haute Commission électorale, qui gérait autrefois les élections, il existait beaucoup de problèmes. « Etant donné qu’il s’agissait d’une commission provisoire, les procédures n’étaient pas bien organisées. L’ouverture tardive des bureaux de vote, l’irrégularité des listes électorales, les infractions commises par les candidats lors des campagnes électorales ou le jour du vote étaient parmi les problèmes récurrents durant les précédentes élections. Désormais, la présence d’un organisme permanant gérant l’ensemble du processus électoral permettra d’éviter la répétition de tels problèmes », affirme encore Abdel-Razeq.
Des défis à relever
Amr Hashem Rabie, directeur-adjoint du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, pense qu’il faut commencer immédiatement les procédures de composition de l’organisme qui supervisera l'élection présidentielle de 2018. Rabie, malgré toutes les garanties prévues dans la loi, exprime certaines craintes. « Les premières craintes concernent la composition de l’organisme. Jusque-là, personne n’a évoqué comment l’organisme sera formé. C’est l’un des points les plus importants, car c’est sur la base de cette formation que la transparence et l’efficacité du processus électoral seront assurées. L’autre défi que cet organisme doit relever est de superviser le plafond des dépenses électorales. Ce plafond n’a jamais été respecté et les recours présentés à la Haute Commission électorale ont rarement été pris au sérieux. Enfin, le dernier défi sera le choix des fonctionnaires et du staff administratif civil. Quels seront les critères de leurs choix ? La réponse à ces questions déterminera la capacité de l’organisme à garantir l’honnêteté des futures élections », conclut le politologue.
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