Il a été toujours fidèle aux principes socialistes, à la justice sociale et à la répartition équitable des ressources. Des principes gauchistes que Mohamad Réfaat Al-Saïd a défendus tout au long de son parcours politique, même s’il a dû parfois le payer cher. En effet, il a été détenu à la fin des années 1940, alors qu’il n’avait que 16 ans, à cause de sa relation avec le mouvement communiste en Egypte et de sa lutte pour la défense des principes socialistes. Al-Saïd était l’un des fondateurs du Parti du Rassemblement (Al-Tagammoe), le seul parti socialiste autorisé en Egypte avant la révolution de 2011. Il a assisté avec l’un des célèbres Officiers libres de la Révolution de 1952 Khaled Mohiedddine, en 1977, à la création du parti qu’il a présidé jusqu’à l’an 2005. Après le décès de Mohiedddine, Al-Saïd a remporté les premières élections internes qu’a connues le parti et en est devenu président de 2005 jusqu’à l’an 2013.
Sa relation avec les différents régimes politiques s’est variée entre opposition et compromis, mais il est resté fidèle à refuser tous les mouvements islamistes, surtout la confrérie des Frères musulmans.
Né en octobre 1932, Al-Saïd était membre du Parti communiste et était contre les politiques du roi Farouq et l’occupation anglaise. Après la Révolution de 1952, Al-Saïd a salué les politiques socialistes du président Gamal Abdel-Nasser et a refusé l’absence de la démocratie durant cette période. Mais après la mort de Nasser, il est devenu l’un des grands opposants au président Anouar Al-Sadate qui s’est renversé sur les principes socialistes de Nasser adoptant plutôt une politique de libéralisation économique. Accusé d’avoir soutenu les émeutes de 1977 provoquées par une hausse du prix du pain, Al-Saïd a été détenu en 1978. Il s’est aussi opposé à l’accord de paix entre l’Egypte et Israël, Camp David. Après la mort de Sadate, Al-Saïd et le Parti du Rassemblement se sont opposés aux politiques du président Hosni Moubarak au début. Or, il a pu après quelques années conclure une sorte de compromis avec le régime de Moubarak. Résultat : en 1995, Al-Saïd a été nommé par Moubarak en tant que député au Conseil consultatif. Mais ce rapprochement entre Al-Saïd et le régime Moubarak lui a valu des critiques acerbes au sein de son Parti du Rassemblement.
Malgré les compromis avec le régime de Moubarak, Al-Saïd a soutenu la révolution de janvier en 2011. Mais avec l’arrivée des Frères musulmans au pouvoir en 2012, il a mené une guerre sans merci contre le régime de l’ancien président Mohamad Morsi, le qualifiant de « fascisme religieux ». C’est ce qui explique son soutien sans fard affiché à la révolution du 30 juin 2013 qui a fait chuter Morsi. Pour Al-Saïd, le règne des islamistes a été l’expérience la plus négative qu’a connue l’Egypte tout au long de son histoire. Et c’est pourquoi qu’il a, après, fort soutenu le régime du président Abdel-Fattah Al-Sissi et l’a défendu jusqu’aux derniers jours de sa vie. « Le président Al-Sissi a sauvé l’Egypte du poignet du groupe terroriste des Frères musulmans et il a avorté les complots visant le pays. Il travaille à reconstruire une armée forte à la défense du pays », telles sont les dernières déclarations faites par Al-Saïd, le 5 août en cours, lors d’un colloque au gouvernorat de Ménoufiya.
L’animosité affichée d’Al-Saïd aux Frères musulmans comme à tous les mouvements émanait principalement de sa conviction que l’apparition de l’islam politique était une cause essentielle du déclin du courant de gauche. Il s’est toujours opposé à l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques.
La présidence égyptienne a déploré la mort du politicien dans un communiqué jeudi dernier. « L’Egypte a perdu aujourd’hui un homme politique précieux qui a enrichi la gauche égyptienne et arabe avec ses écrits et ses analyses politiques. Il a joué un rôle vital dans l’enrichissement de la vie politique en Egypte », a souligné le communiqué.
Lien court: