
L’expérience sera appliquée dans 45 écoles, dont la superficie de chacune est de 6 000 m2, équipées de salles de gymnastique et d’activités.
45 nouvelles écoles égypto-japonaises ouvrent leurs portes aux étudiants pour l’année scolaire 2017-2018, dans 24 gouvernorats. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre d’un protocole de coopération signé entre l’Egypte et le Japon en février 2016. La décision de créer des écoles égypto-japonaises était prise lors de la visite du président Abdel-Fattah Al-Sissi au Japon en février 2016. Le président avait été surtout impressionné par la qualité et la discipline qui marquent l’enseignement au Japon. Un protocole de coopération a été signé entre les ministères de l’Education des deux pays. Le ministre de l’Education, Tareq Chawqi, a indiqué que cette coopération égypto-japonaise est une chance pour transmettre l’expérience japonaise « réussite » en Egypte. Dans des déclarations aux médias, il a souligné que le choix de l’application du système japonais revient à deux raisons : L’essor qu’a connu l’enseignement grâce à l’application d’un système baptisé « Toktasso ». Le classement mondial de ce pays en matière du niveau d’enseignement, il y a 50 ans, a été retardé et il a pu après peu de temps devenir l’un des pays les plus avancés en matière d’enseignement. D’autant pus que l’Egypte a trouvé que le système japonais est le plus compatible aux moyens et aux moeurs en Egypte.
C’est dans ce contexte que le ministère affirme que cette nouvelle expérience éducative vise en premier lieu à réformer le niveau et la qualité de l’enseignement. En première phase, l’expérience sera appliquée dans 45 écoles, dont la superficie de chacune est de 6 000 m2, équipées de salles de gymnastique et d’activités. Les responsables du ministère soulignent qu’il est envisagé d’augmenter le nombre à 100 écoles dès l’an prochain. Les nouvelles écoles vont appliquer le système du « Toktasso », un système d’enseignement japonais qui compte sur le développement des compétences des élèves via une méthode d’enseignement stimulant la créativité des élèves, mais aussi formant leur personnalité. Pour ce faire, ce système compte sur l’apprentissage à travers des activités collectives, des programmes qui mesurent la compréhension et l’interactivité des élèves. A titre d’exemple, des unions des étudiants et des professeurs se consultent sur la manière de la gestion des classes et des activités. De même, au système japonais, la cloche ne sonne pas pour les récréations ou le temps du début des cours. Elèves comme professeurs ont à suivre les horloges fixées partout à l’école pour savoir le temps des cours. Une manière d’apprendre aux élèves le respect du temps et l’engagement au travail. Les écoles égypto-japonaises sont des écoles publiques où seront enseignés les programmes officiaux du ministère de l’Education. Les frais de scolarité varient entre 2 000 L.E. et 4 000 L.E. par an. Le ministère a fixé l’âge d’admission à ces nouvelles écoles à 4 ans à 5 ans pour le jardin d’enfants, 6 à 7 ans pour la première primaire. Tout élève venant d’une école gouvernementale ou privée souhaitant s’inscrire dans les écoles japonaises sera admis s’il répond aux critères d’admission et après avoir passé une interview. Une autre obligation pour les parents pour admettre leurs enfants à ces écoles, c’est que l’un des parents doit travailler à l’école pour une durée de 20 heures durant l’année scolaire. Une condition visant à permettre une coopération entre les parents et l’école et la formation des élèves. Les parents signeront un agrément que leurs enfants ne prennent pas de leçons particulières et le professeur de la classe signera aussi qu’il ne va pas donner des leçons particulières.
Un pas vers la réforme
Beaucoup de parents comptent sur les écoles égypto-japonaises, vu la détérioration de la qualité de l’éducation dans les écoles nationales et la hausse excessive des frais scolaires des écoles privées et internationales. Le député Fayez Barakat, membre de la commission de l’enseignement au parlement, appelle le gouvernement à généraliser cette expérience au niveau de tous le pays. « Ces écoles offriront un enseignement de qualité avec des frais convenables à la plupart des familles. Il faut rendre ce genre d’enseignement disponible à tout le monde », appelle Barakat qui note qu’il s’agit de la première fois que le Japon applique cette expérience à l’étranger. « Certes l’Egypte profitera de cette expérience japonaise réussie qui lui permettra d’améliorer le système éducatif en se basant sur de nouvelles méthodes d’enseignement. Et là, il faut rappeler que le Japon est devenu l’un des meilleurs pays sur le plan scientifique avec un taux de 100 % de scolarisation et un 0 % d’analphabétisme. Cela témoigne que ce système pourra aider l’Egypte à réformer son système éducatif », souhaitet- il. Pour sa part, Magda Nasr, membre de la commission de l’enseignement au parlement, ne cache pas son inquiétude que l’application du système japonais pourra influencer l’identité égyptienne. « C’est positif de profiter des expériences réussies aux pays du monde. Toutefois, il faut que les programmes soient en conformité avec les principes patriotiques et sociaux de l’Egypte », souligne-t-elle. Des craintes infondées comme l’affirme Racha Charaf, directrice du projet des écoles égyptojaponaises au ministère de l’Education. Elle explique que les programmes sont ceux du ministère de l’Education. « La différence réside en la méthode d’enseignement qui donne plus d’espace à la communication, au travail collectif, à la gestion, à la prise de décision, etc. Des moyens permettant d’accroître les compétences et la créativité des élèves », éclaircit Charaf. En fait, ce système a été appliqué à titre expérimental en septembre 2016 dans 12 écoles publiques, sous la surveillance des experts japonais. Ces derniers ont constaté qu’étudiants, comme enseignants, se sont plus focalisés sur la forme que sur le fond. Autrement dit, ils se sont intéressés à exercer les activités mais sans vraiment chercher à en tirer les leçons. Des remarques qui riment avec l’avis de l’expert pédagogique Kamal Mogheith, qui ne nie pas que l’application de l’expérience japonaise soit un pas positif pour la réforme de l’enseignement.
Or, il ne suffit pas en lui seul pour améliorer le niveau de l’enseignement. « La réforme d’enseignement doit toucher l’ensemble du système et des éléments du processus de l’enseignement qui souffrent de maints problèmes, dont le contenu des programmes, le niveau faible d’une grande partie des enseignants, les écoles non équipées ainsi que les méthodes obsolètes d’enseignement », pense Mogheith. Selon lui, si le changement ne touche pas le fond du système d’enseignement, l’expérience des écoles égypto-japonaises ne sera que de la poudre aux yeux. Déjà 28 écoles ont été construites et équipées pour appliquer le nouveau système. En outre, 550 enseignants sont partis au Japon pour s’entraîner sur ce système japonais et acquérir les compétences nécessaires pour son application en Egypte. « Le ministère de l’Education est déterminé à réformer le système d’enseignement et à remédier aux défaillances dont ils souffrent. Or, rien ne pourra changer du jour au lendemain. Cette réforme nécessite du temps et des moyens financiers et humains, il ne faut pas se hâter à faire des préjugés », défend Charaf.
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