Ils sont déterminés à mener leur combat jusqu’au bout. Depuis trois semaines, les étudiants de l’Université d’Al-Nil, une université privée à but non lucratif, sont en sit-in. Ils refusent de céder leur campus que le gouvernement a attribué au Prix Nobel de chimie, Ahmad Zoweil, pour son grand projet de cité scientifique et technologique.
Par centaines, les forces de l’ordre bloquent l’accès de l’université située dans la ville du 6 Octobre, à l’ouest du Caire. A l’entrée, des banderoles proclament « Nous sommes en sit-in jusqu’à la récupération de notre campus », « Aucun nouveau projet sur les ruines de notre université ! ».
Evacués par la police, les étudiants ont installé des tentes à l’extérieur de l’enceinte. Sous l’une de celles-ci, un groupe d’étudiants passe le temps en jouant aux cartes et en discutant des mesures à prendre pour se faire entendre.
« Au lieu de nous proposer des solutions, on nous a chassés et agressés. Quelle logique peut justifier l’installation d’une nouvelle université à la place d’une autre qui est toujours en fonctionnement ? C’est du terrorisme ! », s’insurge Habiba Khaled, une étudiante en troisième année.
Son ami Charles Hani explique que, selon le premier ministre Hicham Qandil, ladite cité de Zoweiln’a pas encore de statut juridique. « Le projet de Zoweilne nous concerne pas. Notre problème concerne le gouvernement qui continue de gérer le pays comme une propriété privée », dit Hani.
Quelques parents sont là pour soutenir leurs enfants dans la défense de leur cause. La mère de Ziad, l’un des étudiants qui a été blessé lors des affrontements avec les forces de l’ordre, vient encourager les camarades de son fils. « Bon courage les héros, ne baissez pas les bras, vous n’êtes pas seuls », dit-elle en leur distribuant des jus de fruit. « C’est lamentable de constater que la révolution n’a pas changé les mentalités des responsables. Ces jeunes étudiants sont victimes de la mauvaise gestion des biens publics que le gouvernement attribue et retire à son gré », estime-t-elle.
L’histoire de cette crise remonte au début de l’année 2011, lorsque l’ancien premier ministre Ahmad Chafiq et Ahmad Zoweil s’entretenaient du projet de ce dernier de créer une « cité scientifique ». L’entretien s’était soldé par l’octroi à Zoweil du droit d’exploitation des locaux de l’Université d’Al-Nil pour la réalisation de son projet.
Cette décision avait été entérinée quelques mois plus tard par Essam Charaf, successeur de Chafiq. Face à la protestation des professeurs et des étudiants de l’université et aux critiques que cette décision a soulevées au Parlement, un comité ministériel a été formé pour régler l’affaire.
Celui-ci a décidé de transférer les étudiants d’Al-Nil à la cité scientifique Moubarak, un transfert que ces derniers ont refusé. L’échec des négociations a amené le gouvernement à opter pour l’usage de la force pour mettre un terme au sit-in que les étudiants avaient organisé à l’intérieur même du campus.
« Ce n’est pas une question d’obstination mais de logique et de droit : tout d’abord les locaux proposés de la cité Moubarak ne sont pas bien équipés et ne sont dotés d’aucun laboratoire, alors que notre université se distingue justement par la promotion de la recherche scientifique. En outre, si quelqu’un doit trouver un nouvel endroit, c’est Zoweilet son équipe, pas nous », insiste un étudiant.
Pour sa part, Ahmad Zoweil, qui a fait l’objet de nombreuses critiques de la part de personnalités publiques et politiques, s’est contenté, via Twitter, de se décharger de toute responsabilité concernant l’usage de la violence à l’encontre des étudiants.
Quant à Ragaï Attiya, conseiller juridique pour le projet de la cité de Zoweil, il affirme que leur position est légale, puisque l’Etat est propriétaire du terrain et que l’Université d’Al-Nil bénéficiait uniquement d’un droit d’exploitation. « Je ne vois pas de raison pour ce tollé, le nombre de ces étudiants ne dépasse pas les 80. Faut-il arrêter un projet scientifique aussi important pour quelques dizaines d’étudiants ? », demandait-il à la presse. Le président Mohamad Morsi a promis de trouver une solution à la crise. En attendant, les étudiants campent sur les lieux l
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