Les forces armées ont lancé la quatrième phase de l’opération « Droit du martyr » dans le Sinaï. Cette opération a débuté le 16 juillet, soit dix jours après le dernier attentat terroriste à Rafah survenu le 7 juillet et où 26 soldats avaient été tués ou blessés. Durant ces dix jours, les forces armées avaient procédé à des ratissages et annoncé la liquidation d’une quarantaine de terroristes impliqués dans cet attentat.
Le 6 août, soit trois semaines après le lancement de cette opération, le bilan dressé par le porte-parole militaire, le colonel Tamer Al-Refaï, fait état de la liquidation de 48 terroristes, de l’arrestation de 20 personnes suspectées de collaboration avec des éléments terroristes, de la destruction de 50 véhicules 4x4, de 85 motos, d’un réservoir d’essence, de 8 camions-citernes chargés d’essence destinée au trafic, de 63 caches, de 148 engins explosifs, de 11 stocks d’armes et d’explosifs et de 11 fabriques. Le tout au cours de 4 opérations.
L’analyse de ces informations indique que l’opération militaire s’étend aux zones des deuxième et troisième corps d’armée. La plupart des opérations militaires précédentes se déroulaient dans la zone du deuxième corps d’armée qui couvre les villes de Rafah, Cheikh Zoueid et Al-Arich, alors que le troisième corps d’armée s’occupait d’opérations spécifiques au centre de la péninsule, comme celle du « nettoyage » de Gabal Al-Halal. Alors que pour l’opération « Droit du martyr », les deux corps d’armée sont souvent mobilisés en même temps.
Cette opération est confiée à des unités antiterroristes des forces armées, qui opèrent sous couverture aérienne assurée par l’armée de l’air. Aucune force policière ne participe à cette opération. Il est clair que l’objectif stratégique de cette opération est de poursuivre le nettoyage du nord de la péninsule de tout élément terroriste. Il s’agit d’abord de multiplier les frappes préventives en poursuivant l’arrestation des terroristes suspects et de leurs collaborateurs. Il s’agit également de détruire l’infrastructure logistique des groupuscules terroristes que ce soit des refuges, des caches d’armes, des voitures 4x4, des motos et autres moyens de transport et de communication. Et il s’agit enfin de renforcer le contrôle des axes routiers (principaux et secondaires) dans les villes de Rafah, Cheikh Zoueid et Al-Arich ainsi que dans les villages qui en dépendent.
Lors de cette quatrième phase du « Droit du martyr », les attaques préventives ont atteint un niveau de sophistication qui a permis d’intercepter les circuits de financement des réseaux terroristes et d’avorter de nombreux attentats en préparation. L’arrestation de plusieurs personnes à bord de motos en possession d’argent liquide indique que les modes de financement passent par plusieurs niveaux, des plus primitifs aux plus perfectionnés. Ces opérations préventives, qui ne sont plus limitées aux camps d’entraînement terroristes, ont également réussi à détruire un navire qui essayait de pénétrer dans les eaux territoriales égyptiennes.
Or, les informations indiquent que les groupes terroristes parviennent toujours à s’assurer des voitures 4x4 et des motos, malgré les mises en garde contre leur utilisation dans la péninsule et l’interdiction de leur importation. Probablement il s’agit de stocks qu’ils gardaient depuis une certaine période.
Le trafic d’armes et de drogues se poursuit à grande échelle dans le Sinaï, ce qui alimente le financement du terrorisme. Malgré le démantèlement de plusieurs cas, il est difficile de connaître l’importance réelle de ce genre de trafic qui se poursuit selon toute vraisemblance.
La première phase de l’opération « Droit du martyr » a été lancée en septembre 2015, sa deuxième phase a commencé en janvier 2016, sa troisième phase en avril 2016, alors que la phase actuelle a commencé le 16 juillet 2017. Ainsi, les trois premières phases sont séparées de périodes de trois mois, alors que la quatrième phase est survenue environ 15 mois après la troisième. « Ce qui réunit ces quatre phases c’est qu’elles ont toutes commencé en riposte à un important attentat terroriste dans le Sinaï. Et que chacune d’elles a réussi à éliminer des cadres de l’organisation Ansar Beit Al-Maqdès », note le chercheur Ahmad Kamel El-Beheiri, du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. « Alors que ce qui distingue la quatrième phase, c’est la participation de l’armée de l'air et un redéploiement plus efficace de l'armée qui assure la protection des soldats », poursuit le chercheur.
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