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Fête du travail : En Egypte, à chacun ses comptes

Sherif Tarek, Mardi, 30 avril 2013

Le président Mohamad Morsi marquera la première Fête du travail de son mandat par des célébrations et déplacements. Mais diverses grèves et protestations viendront rappeler ses manquements.

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Les chemins de fer, un secteur où la grève dérange les autorités.

Des partis et mouvements de gauche sont déterminés à faire monter d’un cran la pression sur le président Mohamad Morsi, déjà affaibli, à l’occasion de la première Fête du travail sous son mandat.

Dans leur soutien au mouvement ouvrier, ces opposants prévoient de descendre dans la rue le 1er mai non seulement pour relayer les demandes des travailleurs, mais aussi pour exprimer un mécontentement plus large face à une situation économique et politique en déliquescence.

Une semaine avant le jour J, le mouvement ouvrier égyptien s’est trouvé renforcé par le lancement officiel du Congrès Egyptien Démocratique du Travail (CEDT), une structure qui regroupe quelque 300 syndicats indépendants à travers l’Egypte.

Lors d’une conférence le 24 avril au syndicat des Journalistes pour célébrer son lancement, Kamal Abou-Eïta, président de la Fédération Egyptienne des Syndicats Indépendants (FESI), a déclaré : « Les deux unions (la FESI et le CEDT) représentent le mouvement ouvrier démocratique », ajoutant que « notre objectif est d’atteindre la liberté de former des syndicats ».

Les principales demandes des travailleurs égyptiens, insiste Abou-Eïta, sont « une loi garantissant les libertés syndicales, la réintégration de milliers de travailleurs licenciés, la renationalisation des entreprises privatisées et un salaire minimum et maximum ».

Outre des revendications d’ordre financier, il est prévu que l’accréditation des syndicats indépendants par les autorités de l’Etat soit à nouveau au coeur des demandes de cette Journée 2013 du travail, comme cela fut le cas l’année dernière.

Le gouvernement actuel est accusé de poursuivre les mêmes politiques, pour mater tout mécontentement, et les mêmes positions hostiles à la liberté syndicale que sous le régime de Moubarak.

Depuis qu’il a pris ses fonctions, un nombre croissant d’attaques visant les militants syndicaux a eu lieu, soit à travers le limogeage des activistes, soit par le biais de campagnes d’accusation, ou même des peines d’emprisonnement contre les organisateurs de grèves. En septembre 2012, par exemple, des dirigeants syndicaux de la Compagnie de conteneurs d’Alexandrie ont été condamnés à trois ans de prison pour avoir mené une grève en octobre 2011.

Féliciter les travailleurs

De son côté, Morsi cherche à apaiser les mouvements syndicaux en tenant la célébration annuelle de la Journée du travail au palais présidentiel au Caire, en présence de 1 000 travailleurs. Gebaly El-Maraghy, président de la Fédération officielle des syndicats égyptiens, a dit avoir été informé du lieu prestigieux de la célébration. « Le président Morsi veut que cette célébration soit spéciale », ajoute-t-il. Le président a, en outre, annoncé qu’il allait visiter un certain nombre d’entreprises et d’usines pour féliciter les travailleurs chez eux.

Lors de sa rencontre dimanche avec les membres de la Fédération officielle des syndicats, le premier ministre Hicham Qandil a, de son côté, promis d’alléger les conditions de travail, d’améliorer le statut économique des travailleurs et de trouver une solution à la crise endémique du chômage.

Les festivités et les promesses ne devraient cependant pas dissuader les grévistes et les manifestants qui ont décidé, avec les syndicats indépendants, de boycotter les célébrations officielles. Ils se sont donné rendez-vous sur la place Tahrir pour marquer l’occasion à leur manière.

Les syndicats indépendants ont, en effet, toujours accusé la Fédération officielle d’être fidèle au régime, de ne ni représenter les travailleurs de l’Egypte ni refléter leur réalité.

La nomination en fin d’année dernière d’El-Maraghy à la tête de la Fédération des syndicats a été accueillie par de vives critiques de la part de syndicalistes et d’opposants qui accusaient le président Morsi de chercher à contrôler la Fédération.

Certaines formations politiques comme le parti libéral Al-Dostour, fondé par le Prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, et le parti socialiste Al-Tagammoe ont affirmé leur intention de participer aux manifestations prévues sur Tahrir, mais aussi à d’autres gouvernorats en dehors du Caire.

Les socialistes révolutionnaires, par ailleurs, ont annoncé que de nombreux travailleurs marqueraient la Fête du travail en organisant une série de grèves à travers le pays .

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