« On ne permettra pas à quiconque d’utiliser les mosquées pour propager des idées extrémistes non conformes à la ligne modérée adoptée par Al-Azhar », a affirmé Mokhtar Gomaa, ministre des
Waqfs, en commentaire aux règles régissant les mosquées au cours du mois du Ramadan. Il a affirmé que toutes les mosquées seraient soumises au contrôle du ministère.
Pour les dix derniers jours du mois du Ramadan, le ministère a annoncé que les retraites spirituelles ne seraient autorisées que dans les grandes mosquées contrôlées par le ministère. Cette année, 3 453 mosquées accepteront les fidèles souhaitant faire une retraite spirituelle. Le ministère a publié une liste de grandes mosquées, ainsi que les noms des imams qui seront chargés de superviser ces retraites. Les années passées, les personnes qui souhaitaient observer une retraite spirituelle devaient présenter, au préalable, au ministère une copie de leur carte d’identité.
Mais étant donné que cette année la situation sécuritaire est plus stable dans le pays, cette condition a été modifiée. Il suffit de présenter à l’imam de la mosquée la carte d’identité prouvant qu’on est résident du quartier où se trouve la mosquée. En effet, les personnes qui souhaitent observer une retraite spirituelle doivent le faire dans la même zone géographique que leurs domiciles. Le nombre de personnes en retraite spirituelle doit être proportionnel à la superficie de la mosquée et aux services qui y sont présentés. Gaber Taye, responsable au ministère des Waqfs, défend les mesures prises par le ministère. Selon lui, ces mesures sont nécessaires pour empêcher les courants extrémistes d’utiliser les mosquées comme auparavant. « Les mosquées sont des lieux de culte et on ne permettra pas qu’elles soient manipulées à des fins politiques ou qu’elles se transforment en repaires pour les extrémistes », affirme Taye.
Instrumentalisées par les extrémistes
La retraite spirituelle est l’un des rituels les plus répandus du mois du Ramadan. Des fidèles restent dans les mosquées pendant les dix derniers jours du mois du Ramadan pour prier. Mais depuis quelques années, les autorités constataient que certaines mosquées ont été instrumentalisées par des courants extrémistes, soit pour diffuser un discours fanatique, soit pour tenir des réunions loin des yeux des services de sécurité. On en est arrivé même au stockage des armes. Ahmad Al-Bahaï, imam de la mosquée d’Al-Sayéda Zeinab, juge ces mesures « nécessaires » pour protéger la société du danger de l’extrémisme. Il indique que déjà les fidèles qui se rendent dans les mosquées sont conscients de l’importance de ces mesures prises. « Les fidèles du quartier se sont pliés aux instructions sans problème, parce qu’eux aussi viennent pour prier. Ils constatent le danger que représentait auparavant l’usage des minbars pour diffuser des idées incitant à la violence », affirme Al-Bahaï.
Depuis la chute des Frères musulmans en 2013, le ministère a soumis toutes les mosquées à son contrôle pour empêcher la propagande des salafistes et des Frères. En outre, 55 000 imams jugés extrémistes ont été évincés. En 2014, une loi a été promulguée limitant les prêches et les leçons de religion aux seuls diplômés d’Al-Azhar, qui détiennent un permis du ministère des Waqfs. Il a été aussi interdit aux imams de soulever des thèmes politiques lors du prêche du vendredi.
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