L’egypte a participé, le 14 juin, à la réunion du Conseil de sécurité sur les conséquences humanitaires désastreuses des mines et des restes des explosifs des guerres. Le délégué permanent de l’Egypte auprès des Nations-Unies, l’ambassadeur Amr Aboul-Atta, a déclaré, lors de sa participation à la séance, que « l’Egypte est à la tête des 9 pays touchés par les mines et par leurs conséquences. Prés de 22,7 millions de mines et d’explosifs avaient été implantés sur le sol égyptien pendant la Seconde Guerre mondiale. Or, cette affaire a été ignorée par la communauté internationale ». Il a exhorté surtout les Nations-Unies et les pays touchés par ce danger d’adopter un plan urgent pour l’élimination des mines et des explosifs des terrains égyptiens.
Les mines sont propagées sur de vastes superficies au Littoral Nord et dans le Sinaï. La localité d’Al-Alamein, située à une centaine de kilomètres à l’ouest d’Alexandrie, a été le théâtre de plusieurs batailles qui ont opposé les Alliés aux pays de l’Axe durant la Seconde Guerre mondiale en 1942. Cette guerre a laissé à Al-Alamein et ses environs, allant du sud du Littoral Nord jusqu’aux frontières ouest de l’Egypte, environ 17,5 millions de mines enfouies dans plus de 250 000 feddans (1 feddan = 0,62 ha) arables et qui ne peuvent être cultivés tant que toute cette région n’a pas été déminée. Les guerres égypto-israéliennes ont également laissé environ 5,5 millions de mines au Sinaï et dans le Désert oriental. Ces zones minées couvrent 22 % de la superficie de l’Egypte.
Ces mines représentent un réel danger pour les populations locales, principalement les bédouins et les bergers. Les accidents mortels sont quasi quotidiens. Le plus récent a eu lieu le 16 mars dernier à Suez (une ville du Canal), lorsqu’une mine terrestre a explosé blessant gravement 4 personnes. Selon le Journal of ERW and Mine Action, durant les 20 dernières années, 3 200 personnes ont été tuées dans des explosions de mines terrestres et 4 723 s’en sont sortis avec un handicap. L’Egypte déploie, depuis des années, des efforts pour déminer ses sols. Or, ces efforts locaux fournis par les équipes de l’armée demeurent insuffisants.
Une question désormais urgente
Selon les experts militaires, outre la question du danger pour les humains, ce nombre énorme de mines en Egypte entrave aussi les projets de développement dans les régions minées.
Selon les experts militaires, la région d’Al-Alamein est propice à un développement économique, agricole et touristique. Elle renferme 4,8 milliards de barils de pétrole, 13,5 milliards de pieds cubes de gaz naturel, elle inclut également 3 millions de feddans favorables à un développement agricole. Ils présagent que cette région peut assimiler 1,5 million d’habitants en 2022 avec des possibilités intéressantes d’investissements touristiques.
Le député Kamal Amer, président de la commission de la défense et de la sécurité nationale au parlement, déclare : « La question du déminage est devenue aujourd’hui une urgence pour bien exploiter la région et y attirer les investisseurs étrangers ». Il ajoute que même quand des projets d’investissement sont exécutés, leurs coûts sont élevés à cause du déminage préalable du sol.
Ils entravent aussi le processus de développement industriel et de l’installation de nouvelles communautés urbaines.
Un dossier complexe
Le déminage est une mission qui requiert beaucoup de moyens. C’est ce qu’explique le général Zakaria Hussein, président de l’Organisme des recherches militaires et ancien directeur de l’Académie militaire Nasser, qui affirme que « le déminage n’est pas facile. La sensibilité de ces mines à l’explosion est très forte à cause de la vétusté des facteurs atmosphériques. Ce qui signifie que le fait de s’approcher de ces zones sans équipements de haute qualité est considéré comme une sorte de suicide ».
A ces facteurs s’ajoutent la diversité des genres de mines et antichars, le mouvement des mines à cause des dunes et des changements climatiques pendant plus d’un demi-siècle, l’absence de cartes délimitant les zones minées, le manque de routes pour parvenir aux régions minées, le manque d’équipements sophistiqués et la hausse de déminage.
Malgré cela, les forces armées égyptiennes ont réussi, depuis 1981, à défricher de vastes superficies au Sahara occidental, dépassant les 50 000 feddans, et sont actuellement en train de travailler à déminer 150 000 feddans au Sahara occidental. Le ministère des Affaires étrangères a également déployé de grands efforts pour entrer en contact avec les Etats concernés, à leur tête la Bretagne et l’Allemagne, et leur demander d’offrir des aides, des équipements et des stages dans le but d’éliminer les mines.
« Les pays qui étaient directement impliqués dans l’implantation de ces mines, notamment la Bretagne et l’Allemagne, doivent assumer leur rôle et leur part de responsabilité. Ces pays doivent fournir à l’Egypte les équipements sophistiqués nécessaires pour le déminage de ces zones, notamment des avions-radars, ou même l'aider à découvrir ces explosifs par satellites », souligne le président de la commission de la défense et de la sécurité nationale au parlement.
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